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TURQUIE - Abdullah Gül va devoir se dévoiler

Le nouveau président turc Abdullah Gül a été élu hier sur fond de polémique. Sa femme, désormais first lady, porte le voile dans un pays qui l'interdit. Les relations avec l'armée et les partis laïcs s'annoncent orageuses

Son jour de gloire est arrivé. A 57 ans, Abdullah Gül a été élu hier nouveau président de la Turquie par le Parlement. L'ancien ministre des Affaires étrangères a recueilli 339 voix sur 550, la majorité absolue de 276 voix suffisant à une élection au deuxième tour. Ses deux opposants ont récolté 70 et 13 voix. Cette nomination intervient alors que l'armée et les partis laïcs craignent une islamisation rampante de la société turque. Car le personnage Gül les inquiète.
Après des études en économie à Londres, ce père de trois enfants a commencé en politique dans le mouvement de Necmettin Erbakan, père de l'islam politique turc. Il a suivi en parallèle des cours du Grand Orient qui prône l'union des pays musulmans et le retour du califat. Il a ensuite travaillé dans une banque islamique saoudienne avant de revenir dans son pays natal où il a rejoint les rangs du parti islamiste Refah. En 2001, il a co-fondé l'AKP, parti de la Justice et du Développement, dont l'actuel premier ministre, Recep Erdogan est issu.

"Cachez ce voile que je ne saurai voir"
Mais, si le nouveau président affirme qu'il s'emploiera à défendre la laïcité dans le pays, sa femme donne une mauvaise image de sa définition de la laïcité. En effet, Madame Hayrunnisa Gül est voilée. Et dans un pays qui l'interdit, cela ne lui pose aucun problème. Son président de mari assure que "c'est un choix personnel."
Seulement, ce "choix personnel"risque d'interférer dans sa vie politique. Car si le port du voile, ou du turban, comme l'appellent les Turcs, est prohibé dans les administrations et les universités, il l'est également pour les femmes d'officiers. Et il se trouve que le chef de l'Etat est aussi le chef suprême des armées.
Un problème crucial auquel va devoir rapidement se frotter Abdullah Gül, à qui l'opposition, chantre de la laïcité, ne fera pas de cadeau. Elle a d'ores et déjà assuré qu'elle boycotterait les activités et les cérémonies liées au sacre de leur ennemi juré. La présidence de Gül ne s'annonce pas sous les meilleurs auspices.
Marie VARNIEU. (
www.lepetitjournal.com) mercredi 29 août 2007

Lire dans nos archives : Abdullah Gül se représente
Le Figaro : Gül, nouveau président turc
Le Monde : Abdullah Gül a été élu président de la République turque

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