Catherine MARTEL – Bosnie – Fondatrice du projet collaboratif Expats Parents, site et communauté de 5700 parents expats.
Ma première expatriation fut pour rejoindre mon conjoint qui effectuait son service de coopération en Turquie ; cette expérience nous a donné envie de repartir vers d’autres destinations.
Roumanie - Il a fallu attendre quelques années avant de repartir, en famille cette fois, avec notre premier enfant qui avait 8 mois. C’est la Roumanie des années 90 qui nous a accueillis. J’ai proposé mes services à Handicap International et, dans ce cadre, ai participé à la création du premier Centre de jour pour enfants handicapés à Bucarest . Il fallait recruter le personnel (ça tombait bien, je venais de travailler 4 ans dans un cabinet de recrutement parisien), et l’accompagner dans cette aventure puisque cette approche était novatrice dans le pays. Pendant 2 ans, j’ai secondé la directrice roumaine du projet, participé aux réunions de synthèse de l’équipe et à la réflexion concernant les pratiques professionnelles.
Par ailleurs, constatant qu’il n’y avait pas de structure pour accueillir et socialiser les petits francophones de moins de 3 ans, j’ai créé, avec une amie roumaine, « La Petite Maison », qui a ouvert ses portes en 1996. Il fallait créer une association, trouver et aménager un local, recruter du personnel, et accueillir les enfants. Ce fut une belle expérience, qui se poursuit actuellement, puisque cette structure, qui a changé de lieu et de nom, mais est toujours dirigée par mon amie, vient de fêter ses 20 ans d’existence !
Chypre – c’est avec 2 filles de 2 et 5 ans que nous sommes arrivés à Chypre, et notre fils y est né.
Pendant les 4 années de notre séjour sur cette île, je me suis consacrée à la création de « Vivre à Chypre », association destinée à accueillir les francophones et à faciliter leur intégration. Créer une association et l’affilier à la FIAFE , mettre en place des activités , organiser des événements, réaliser et diffuser une gazette mensuelle et réaliser un site internet : tout démarrer de zéro avec 5 amies fut une expérience enthousiasmante !
Vietnam – L’Asie ! Quel changement ! Il ne m’a pas fallu longtemps pour voir où je pourrais m’investir dans ce pays où tant de personnes vivent dans des conditions difficiles…
C’est tout naturellement que j’ai rejoint l’association « Coup de Pouce Vietnam », qui monte des projets de développement pour les populations défavorisées de la région de Hanoi, et parraine des familles afin de permettre la scolarisation de leurs enfants. Une goutte d’eau dans ce pays, mais également une belle façon de le découvrir « de l’intérieur », et d’y apporter quelque chose. J’en ai gardé des amitiés pour la vie.
J’ai par ailleurs participé activement à la vie de l’association « Le Cercle des Francophones de Hanoi », que j’ai incitée à rejoindre le réseau de la FIAFE .
Entre temps, ayant préparé à distance un diplôme d’enseignement du Français Langue Etrangère, j’ai eu le plaisir d’enseigner le français à des classes de jeunes étudiants vietnamiens, à l’Institut français.
J’ai enfin eu la chance de pouvoir participer à la coordination des programmes de coopération entre deux universités de Hanoi qui mettaient en place leur cursus de psychologie, et deux universités françaises partenaires de ce projet (l’Université de Toulouse, et le CNAM de Paris) . J’ai également assuré quelques cours, et encadré des travaux d’étudiants ; ce fut une opportunité qui n’aurait pas été envisageable en France.
Autriche – C’est encore dans l’accueil que je me suis investie. La fin de mon séjour a vu la création de l’association « Vienne Accueil » (FIAFE), association conviviale et dynamique, qui propose de nombreuses activités, dont un « Espace Famille » et un « Espace Emploi », afin de répondre aux besoins de chacun.
J’ai par ailleurs assuré un cours d’enseignement du français auprès d’adultes, dans la Volkshochschule (sorte de maison de la culture) de mon quartier.
La dernière année de notre séjour, j’ai aussi ouvert un cabinet en tant que psychologue, dans la mesure où la demande était réelle, et les praticiens francophones très peu nombreux, dans le pays de Freud …
France- Partant du constat que les retours en France étaient souvent plus difficiles que les départs en poste, je me suis penchée pendant près d’un an sur la question du Retour en France, contribuant à la mise en place d’un portail numérique consacré à ce sujet. J’ai ensuite rejoint l’association France Retour Accueil qui se créait à Paris, pour faciliter le retour en France des expatriés, et leur proposer des possibilités de rencontres conviviales, comme celles qu’ils avaient connues dans les Accueils à l’étranger.
Petit à petit, a germé l’idée d’un projet collaboratif destiné à aider les familles expatriées à mieux vivre leurs vies de nomades : Expats Parents était né ! Il permettait de mettre à profit ma formation de psychologue, mon vécu de mère de famille, mon expérience de l’expatriation, et la mobilisation de mon réseau, constitué en grande partie par mon investissement associatif.
Bosnie-Herzégovine – depuis septembre 2017, je vis à Sarajevo. Ville attachante à l’histoire chargée.
Découvrant la petite communauté française ou francophone de la ville, je caresse déjà l’idée de la création d’un « Sarajevo Accueil », dans ce pays des Balkans mal connu des Français.
Mais je me consacre entièrement pour l’instant au pilotage du projet Expats Parents, activité nomade puisqu’une connexion internet me suffit. Fédérer les énergies, motiver les auteurs à partager bénévolement leurs ressources et leurs compétences, animer la communauté de plus de 5500 parents sur Facebook, réfléchir à de nouveaux développements du projet, créer des partenariats…
Comme tout parcours, le mien est unique ; toutes mes expériences m’ont permis d’arriver à ce projet que je pilote aujourd’hui. En effet, le projet Expats Parents est l’aboutissement de ma formation, mon histoire familiale, mon expérience professionnelle et mon engagement associatif.
Un parcours cohérent, en dépit de tous ces changements et déracinements que ma vie de « conjointe d’expat » m’a fait vivre au fil des affectations. La satisfaction de constater que toutes les compétences glanées ça et là, notamment dans le bénévolat, sont mises à profit. Le sentiment d’avoir créé quelque chose qui manquait, et qui est utile à de nombreuses familles. La joie de voir que d’autres sont prêts à répondre à mon appel et à partager leurs expériences ou leurs compétences. Le plaisir de voir des liens se tisser au-delà des frontières, dans un esprit d’entraide. Expats Parents, c’est tout cela au service des familles expatriées.
Alors, oui, finalement, on peut dire que c’est une expérience assez exceptionnelle !
Ce dont je suis le plus fière, c’est d’avoir plusieurs fois réussi à mobiliser, motiver et fédérer des personnes autour d’un projet utile. Rassembler des personnes avec des histoires, des compétences des profils différents, et les mobiliser vers un projet qui dépasse leur intérêt personnel, et qui est utile à d’autres également.
Dans le projet Expats Parents, je suis par ailleurs fière d'avoir mis en oeuvre les différentes composantes du projet :
- conception et réalisation du site de l'expatriation en famille
- création, animation et modération du groupe Facebook qui compte plus de 5700 membres au bout d'un an
- dialogue quasi quotidien avec l'un ou l'autres des 30 auteurs du site
- relecture et mise en forme des articles
- recherche et réalisation de partenariats
- réponse aux question des personnes me contactant en privé
- mobilisation de divers intervenants contribuant au projet
Tout cela m'a demandé pas mal de temps et d'énergie, notamment pour développer des compétences que je n'avais pas (community management, marketing, communication, web design, commercialisation, etc...), et je retire une certaine satisfaction d'avoir pu tout mener à bien.
Je suis consciente que le développement du projet va nécessiter la délégation de certaines de ces composantes ; ce sera un nouveau défi !
Le site internet : https://www.expatsparents.fr/