Découvrez les 3 finalistes du Trophée Entrepreneur des Trophées des Français du Canada, parrainé par EDHEC Business School.


Avant que les lauréats ne soient dévoilés lors de la cérémonie le 14 octobre prochain à la résidence de la Consule de France, découvrez les profils exceptionnels des 3 finalistes du Trophée Entrepreneur des Trophées des Français du Canada, parrainé par EDHEC Business School.
Clément Bouland, Fondateur de Bello (Montréal)
Originaire d’Annecy, Clément Bouland débute ses études par une classe préparatoire scientifique à Grenoble, puis intègre l’école d’ingénieurs UTT de Troyes. En 2016, il décide de poursuivre ses études à Montréal, à l’ÉTS, pour compléter son master en ingénierie. Il explique avoir été « attiré par le dynamisme nord-américain, la proximité avec les États-Unis, mais aussi par la nature omniprésente et le multiculturalisme québécois. » Ce séjour, initialement prévu pour deux ans, s’est « transformé en ancrage », illustrant sa capacité à s’investir profondément dans un nouvel environnement.
Après l’obtention de son diplôme, Clément Bouland a travaillé à l’ÉTS comme chef de projet en impression 3D, collaborant avec divers acteurs de l’aéronautique à Montréal. En 2019, il rejoint Juul Labs en tant que consultant produit, où « j’ai eu la chance de collaborer avec la Silicon Valley de près et de comprendre ce qu’est vraiment une entreprise qui passe à l’échelle. » Tout en étant basé à Montréal, il a mené des missions en Chine et à Taïwan, soutenant le développement de leurs équipes R&D, ingénierie, supply chain et fiabilité.
Simultanément, il s’engage avec Go Concept, une société française de conseil en innovation, dont il devient le directeur de la filiale canadienne. Pendant plus de trois ans, il y dirige la structuration des opérations, l’expansion de l’équipe, et le développement d’un portefeuille dans divers secteurs comme le biomédical, l’aérospatial, la robotique ou le transport. « Ce poste m’a permis de bâtir des ponts concrets entre deux cultures d’innovation, avec une vraie logique binationale, » témoigne-t-il. La croissance de plus de 10 % par an, l’ouverture d’un bureau à Toronto, le lancement de la marque Albert&Co et le développement d’offres IT témoignent de son succès dans cette mission.
L’idée de Bello naît en 2019, comme une réponse à ses expériences et à la nécessité de réinventer la consommation d’eau. Face à un rayon de supermarché nord-américain saturé de bouteilles plastifiées, il a « un déclic : comment est-ce possible qu’une industrie aussi présente dans notre quotidien ait aussi peu évolué depuis des décennies ? » Motivé par cette conviction, il conçoit une machine intelligente capable de transformer l’eau du robinet en boissons personnalisées à l’aide de capsules réutilisables, connectées et sans conservateurs. C’est « un produit pensé pour allier santé, durabilité, design et technologie, » qu’il développe en parallèle de ses responsabilités professionnelles. Son approche autodidacte est à la fois inventive et persévérante : il a « fabriqué des dizaines, puis des centaines de prototypes, » en intégrant progressivement des technologies d’infusion intelligentes.
Après une année en Chine pour industrialiser le produit, il a monté la chaîne d’assemblage, en collaboration avec des géants comme Philips et Sony, afin de passer du prototype à la production de masse. Son projet devient rapidement une success story : « Des dizaines de milliers de machines et capsules produites et livrées », une apparition dans l’émission Dans l’oeil du dragon une levée de plus de 2 millions de dollars, et une croissance continue. En 2023, il se consacre à plein temps à Bello. Pour Clément Bouland, son succès réside dans « la satisfaction de voir des clients utiliser Bello au quotidien, changer leurs habitudes, réduire leur plastique, » et dans la persévérance face aux nombreux défis. Il souligne que l’expatriation l’a « appris à oser, à créer sans permission, » et lui a permis d’accélérer sa détermination à devenir un entrepreneur engagé.
Eddy Dureuil, Fondateur d’Ecotime (Montréal)
Eddy Dureuil a commencé son parcours à Montréal en 2009, où son expérience à l’étranger a été une véritable école de vie, « façonnant son regard sur le monde » et renforçant ses convictions pour une innovation responsable. Selon lui, cette période « n’a pas été une parenthèse, mais un tournant décisif » dans son parcours entrepreneurial et humain. Il s’est installé à Montréal, au Québec, symbole d’un écosystème dynamique, bienveillant et inclusif, où « la diversité n’est pas un mot à la mode, mais une réalité vécue au quotidien ». Là, il a cofondé Ecotime, spécialisée dans la gestion intelligente de l’eau, avec pour objectif de « proposer des solutions concrètes, mesurables et accessibles face à l’urgence écologique et aux changements climatiques ». L’entreprise vise à rendre les villes plus résilientes par des innovations telles que capteurs intelligents et plateformes de suivi.
Ecotime : repenser la gestion de l’eau, un bâtiment à la fois
Son engagement communautaire est aussi notable : il a été « ambassadeur et porte-parole de la Jeune Chambre de commerce de Montréal », président d’honneur du Défi OSEntreprendre, et aujourd’hui, il est administrateur au Réseau Mentorat. Il souligne que dans ces rôles, « la place donnée à la transmission » crée un espace de confiance et stimule l’émergence des talents, expérience qu’il souhaite également transmettre dans ses projets d’innovation, pour « redonner à la société ».
Fortement lié à ses racines antillaises, notamment la Martinique et la Guyane, Eddy a créé une filiale d’Ecotime dans les Caraïbes, baptisée Ecotime Caraïbes. Il explique que sur ces territoires insulaires, « les défis liés à l’eau sont à la fois structurels et urgents » : sécheresses, coupures et vieillissement des infrastructures. La mission est d’y adapter « des solutions locales pour renforcer l’autonomie, préserver les ressources et améliorer la qualité de vie ».
Pour lui, son expérience internationale a permis de « connecter plusieurs mondes », allant de l’innovation technologique au Canada à l’engagement social en Amérique latine et dans les Caraïbes, tout en restant fidèle à ses valeurs de dignité, autonomie, justice et avenir. Il affirme que, « chaque territoire a ses forces, ses défis, mais aussi ses réponses propres », et que le rôle de l’entrepreneur engagé consiste à « faire émerger ces réponses et de les outiller avec rigueur, créativité et humilité ».
L’expérience à l’étranger lui a aussi appris à « agrandir sa zone de confort », naviguer dans l’inconnu, accepter l’échec comme une étape normale, et surtout, « ne jamais perdre de vue l’impact humain ». Il insiste sur l’écoute, la compréhension, et la co-construction, soulignant que sa « vision est de continuer à porter ces valeurs dans tous ses projets ». Pour lui, « le monde est vaste, mais les aspirations humaines se rejoignent : dignité, autonomie, justice, avenir ».
Ce qui rend son parcours exceptionnel, selon lui, n’est pas la quantité ou la taille des projets, mais « la constance à aligner ses valeurs avec ses actions », où « résilience, audace et impact » restent ses fils conducteurs. En tant que papa, il souligne que « depuis que je suis devenu père, tout a pris encore plus de sens ». Il est fier de « ce chemin parcouru, mais encore plus de ce qui reste à faire » : « L’aventure continue ».
Elisa Groslier, Co-fondatrice de CIVISION (Sainte-Agathe-des-Monts)
Elisa Groslier, accompagnée de son partenaire Nicolas Iglesias, a entrepris un parcours entrepreneurial exemplaire en quittant la France en pleine crise sanitaire pour s'installer à Montréal, Québec. Elle raconte : « Mon parcours à l'étranger a débuté lorsque, avec mon partenaire de vie et associé Nicolas Iglesias, nous avons décidé de quitter la France en pleine crise sanitaire pour réaliser notre rêve entrepreneurial. » Leur projet : créer une entreprise innovante dans un environnement inconnu, sans réseau préalable ni expérience dans l'entrepreneuriat.
Leur détermination les a conduits à participer et à remporter le concours d’admission du programme de la base entrepreneuriale d’HEC Montréal, une étape cruciale qui leur a permis d’immatriculer leur société, CIVISION, en janvier 2022, seulement quatre mois après leur arrivée. Confrontés à des restrictions liées à la pandémie, ils ont repris des études à HEC Montréal pour renforcer leurs compétences : Elisa a suivi un certificat en entrepreneuriat et innovation, tandis que Nicolas a étudié l’analytique d’affaires. Habitués à un rythme intensif, ils combinaient leur formation, leur emploi dans une centre communautaire, et le lancement de leur startup. « C’était un rythme intense, avec cinq cours du soir par semaine, en parallèle du lancement de notre startup », explique-t-elle.
Rapidement, CIVISION a connu ses premiers succès : après cinq mois d’existence, ils ont signé leurs deux premiers contrats, ce qui leur a permis d’investir dans leur équipe et de recruter neuf employés à ce jour. Leur vision a été reconnue lors du premier prix décerné par l’incubateur de La Base entrepreneuriale d’HEC Montréal en six mois seulement.
Ce parcours est exceptionnel selon Elisa, car ils ont relevé de nombreux défis « en partant de zéro, à tous les niveaux » : migrer sans connaître le Canada, s’installer seuls sans réseau, lancer une idée sans validation préalable ni expérience entrepreneuriale, tout en étant en couple — une double dynamique qui a été à la fois un défi et une force. Elle témoigne : « Ma plus grande fierté réside précisément dans le fait d’avoir transformé cet amas d’incertitudes en une réussite concrète. »
Elle insiste aussi sur la croissance rapide de CIVISION, qui emploie aujourd’hui neuf personnes, détient 40 % du marché gouvernemental et de MRC, et a été récompensée par 8 prix d’excellence en seulement trois ans. L’impact social et économique tangible de leur entreprise constitue une source de grande fierté.
En termes d’impact, Elisa souligne leur plateforme SaaS d’intelligence territoriale, qui analyse des données géolocalisées pour aider les collectivités et les entreprises à mieux comprendre et répondre aux besoins locaux. La société a notamment permis de réorienter 1,2 million de dollars de financement initial, d’éradiquer la précarité alimentaire dans une commune, et de favoriser les maillages industriels pour soutenir les circuits courts.
Ils sont suivis par plusieurs institutions prestigieuses telles que l’incubateur d’HEC Montréal, Desjardins, et la CCI Française au Canada, et envisagent une expansion en Europe. Leur équipe multinationale reflète leur engagement en faveur de la diversité. Parmi leurs collaborations : « Le programme Startup en Résidence de Desjardins nous accompagne dans l’optimisation de nos opérations. »
Enfin, Elisa Groslier a été honorée en 2025 avec le prix d’excellence EFE, témoignant de la reconnaissance internationale de leur parcours et de leur impact : « Notre expérience repose sur la somme des défis que nous avons relevés en partant de zéro, à tous les niveaux. »





































