

Pour ceux qui n'y sont pas habitués, la danse des joueurs néo-zélandais avant un match de rugby peut paraître insensée. Mais le haka, chargé de symboles, est indissociable de l'équipe des All Blacks et de la culture maorie
Les joueurs sont comme possédés pendant un haka
Ce n'est que depuis la première Coupe du monde, en 1987 dans leur propre pays, que les Néo-zélandais effectuent avant tous leurs matches le traditionnel haka. Avant, il n'était dansé que pendant les tournées, ajoutant un peu de folklore au passage des All Blacks en terre étrangère. Maintenant qu'il est systématique, il revêt une importance toute particulière pour les joueurs, puisqu'il se dit qu'un haka non synchronisé est un mauvais présage avant de partir au combat. D'où la hargne que mettent les joueurs à réaliser la chorégraphie : yeux exorbités fusillant l'adversaire, gestes secs et agressifs.
Cependant, le haka ne se pratique pas que dans le cadre d'un match de rugby. Pouvant exprimer diverses émotions (colère, joie, désir de vengeance ou sexuel), il est dansé dans les écoles, à l'armée, et sur les autres terrains de sport.
Littéralement la "danse", le haka provient de la culture maorie qui remonte à la nuit des temps. Les hakas devrait-on dire, car il en existe différentes sortes. La plupart du temps, les All Blacks effectuent le Ka Mate. Il aurait été composé en 1820 par un grand chef de tribu, Te Rauparaha, dans lequel il raconte une de ses mésaventures. Extrait :
Ka mate ka mate
C'est la mort ! C'est la mort !
Ka ora ka ora
C'est la vie ! C'est la vie !
Tenei te tangata puhuruhuru
Voici l'homme poilu
Nana i tiki mai whaka whiti te ra
Qui est allé chercher le soleil et l'a fait briller de nouveau
Les Fidji, les Samoa et les Tonga entrent dans la danse
Mais que signifient donc ces paroles ? Un jour, alors qu'il cherche à fuir des adversaires, Te Rauparaha se réfugie dans un puits sur les conseils d'un chef de tribu allié, Te Wharerangi, homme connu pour être très hirsute ("l'homme poilu"). Lorsque les ennemis débarquent, Te Rauparaha aurait murmuré : "C'est la mort ! C'est la mort !"Mais Te Wharerangi leur explique que Te Rauparaha est parti, au grand soulagement de ce dernier : "C'est la vie ! C'est la vie !"Il aurait ensuite dansé pour son sauveur afin de le remercier de l'avoir aidé à sortir du puits, à regagner la lumière du soleil.
Ce haka n'a donc pas, dans le fond, la signification violente qu'on lui prête. Souvent critiqué dans la forme pour son côté agressif, il vise surtout à impressionner les adversaires, les prévenir du défi physique qui les attend. Mais il existe un deuxième haka depuis août 2005. Peu pratiqué, le Kapa o Pango a été spécialement composé en l'honneur des All Blacks. Il a suscité la polémique car le dernier geste évoque l'égorgement de l'adversaire. La couleur noire de leur maillot parachève l'ambiance : elle symbolise le fait qu'ils portent le deuil de leurs opposants vaincus? Tout un programme.
Les Fidji, les Samoa et les Tonga ont eux aussi leurs hakas. Ils se réalisent en avançant, ce qui donne une touche encore plus menaçante à la gestuelle.
Nicolas MANGIN. (www.lepetitjournal.com) mercredi 19 septembre 2007
Haka de la Nouvelle-Zélande
Haka des Tonga
Haka des Samoa
Haka des Fidji




































