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Japan Rhapsody : récit d'une jeune parisienne au Japon

Adama, une jeune Parisienne, est lassée de stagner dans sa carrière en France. Elle décide de tout quitter pour le Japon, convaincue que c’est l’aventure dont elle a besoin pour secouer son quotidien. À travers son journal intime, elle raconte avec humour et honnêteté ses débuts dans un pays aux codes sociaux différents, ses rencontres surprenantes, et les défis qu’elle n’avait pas anticipés.

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Écrit par Steen
Publié le 23 janvier 2025, mis à jour le 29 janvier 2025

Votre livre évoque la quête de soi à travers l'expatriation au Japon. Pensez-vous que cette quête aurait pris une forme différente dans un autre pays ? 

Depuis toute petite, ma curiosité pour le monde m'a poussée à rêver d'ailleurs. En voyant mon premier globe, je me suis dit : « Le monde est immense, je ne peux pas rester au même endroit. » Mes précédentes expériences à l'étranger, notamment en Italie et aux États-Unis, ont façonné différents aspects de ma personnalité. Les États-Unis ont révélé mon côté extraverti et ambitieux, tandis que l'Italie a fait ressortir ma débrouillardise. Quant au Japon, il a adouci mon impulsivité.

Choisir le Japon pour cette quête était une décision réfléchie. Je voulais un pays qui me pousserait vraiment hors de ma zone de confort. J'avais initialement reçu une offre pour enseigner l'anglais en Thaïlande, mais ce n'était pas une destination dans laquelle je me projetais. Le Japon, en revanche, était un choix évident : une culture qui m'avait fascinée depuis l'enfance grâce aux mangas, aux animes du Club Dorothée, et mon intérêt pour l'histoire, notamment l'ère Edo. De plus, j'avais déjà voyagé au Japon quelques années auparavant et ce premier contact avait renforcé mon envie de tenter l'expérience.

Vous décrivez les défis de l'adaptation culturelle au Japon, mais aussi des moments de fascination. Y a-t-il une tradition ou un aspect culturel qui vous a particulièrement marqué ou changé ?

Le concept de tatemae m'a particulièrement marquée, surtout dans le quotidien. En tant que personne au tempérament franc et direct, cette manière de privilégier l'harmonie dans les interactions n'a pas été intuitive pour moi.

Bien sûr, le tatemae est bien plus complexe que cela ; ce n'est pas seulement une question de "faire attention à ce qu'on dit", mais plutôt une façon d'être en phase avec le collectif et de maintenir des relations fluides. Je ne pouvais pas effacer ma personnalité, mais j'ai dû trouver un équilibre : apprendre à "danser" avec mes mots, à transmettre mes idées sans brusquer, et à éviter certains sujets sensibles. Il y a eu des maladresses, forcément, mais on apprend avec le temps.

 

Adama et son livre


La famille Takizawa semble jouer un rôle central dans votre récit. Que vous ont-ils appris sur le Japon et, peut-être, sur vous-même, à travers cette relation ?

La famille Takizawa a joué un rôle crucial, presque salvateur, dans mon expérience. Leur soutien, à la fois moral et matériel, a été une véritable bouée dans des moments où tout semblait plus difficile. Leur générosité, profonde et désintéressée, m'a marqué comme je ne l'avais jamais vu ailleurs. Ils nous ont accueillis comme des membres de leur propre famille, sans aucune réserve.

Avec eux, j'ai aussi appris à naviguer des aspects plus subtils de la culture japonaise, comme les hiérarchies et les règles implicites. Beaucoup passait par l'observation : comprendre quand parler, quand se taire, ou comment se positionner dans certaines situations. Ils m'ont offert un espace où je pouvais m'adapter à mon rythme.

Mais ce qui m'a le plus marqué, c'est qu'ils m'ont montré qu'au-delà des barrières culturelles, de la langue, on peut se connecter profondément aux autres. Ces liens humains, sincères et désintéressés, sont quelque chose que je n'oublierai jamais.


Le livre traite également des réalités du marché du travail au Japon pour les étrangers. Avec le recul, auriez-vous abordé cette recherche différemment ?

Pour ma part, trouver un travail n'a pas été compliqué, mais naviguer entre les types d'emplois, les contrats, ou encore les avantages sociaux, c'était un vrai défi. Je pense que se renseigner avant de partir est toujours utile, mais chaque expérience est unique, et il faut aussi être prêt à s'adapter.

Mon conseil : adoptez une approche « go with the flow ». Venez avec un peu d'argent de côté, un esprit flexible, et, si possible, un petit niveau de japonais ; ça peut vraiment faire la différence.

Mon copain, qui est ingénieur, a mis presque un an à trouver un poste, et il s'est fait avoir au début par une entreprise « vitrine » qui proposait des conditions peu catholiques. C'était une période stressante, mais au final, ce genre de mésaventure peut arriver n'importe où. Ce n'est pas propre au Japon ; c'est simplement la réalité de la vie.


Votre humour et votre autodérision rendent le récit vivant et accessible. Est-ce une façon consciente de désamorcer des situations difficiles ?  

Oui, j'utilise souvent l'humour pour faire passer des messages en douceur. C'est aussi une façon de montrer que, malgré les défis, il est possible d'en tirer du positif. Mon but n'a jamais été de critiquer le Japon ; aucun pays n'est parfait. Je me contente de poser des faits, de les raconter avec un peu de recul, et de laisser au lecteur le soin de se faire sa propre opinion.

Certains lecteurs m'ont d'ailleurs confié que, d'après mon récit, le Japon semblait être un pays difficile à vivre. Mais pour moi, ce n'était pas "dur" au sens négatif du terme. C'était une expérience humaine extrêmement riche.

livre

Pensez-vous que l'expatriation à deux est un atout ou un handicap lorsque l'on cherche à s'intégrer dans un pays ?

Je dirais que cela dépend beaucoup des dynamiques du couple (fusionnel? Indépendant?) et de la façon dont chacun aborde l'expatriation. Être à deux permet de s'épauler dans les moments difficiles, de partager les découvertes, et d'avoir un cocon rassurant. Mais cela peut aussi devenir un frein si l'un des deux dépend trop de l'autre ou si le couple reste trop centré sur lui-même, au détriment des interactions avec la culture locale.

Dans mon cas, je dirais que ce n'était ni un atout, ni un inconvénient. Nous avions déjà vécu à l'étranger chacun de notre côté, donc nous n'avions pas vraiment "peur" de nous retrouver seuls dans certaines situations. Je pense qu'il faut que chacun vive ses propres expériences individuelles. Par exemple, les filles Takizawa me demandaient parfois de garder leurs enfants qui ne parlaient qu'en japonais. Finalement, tout dépend du contexte et des opportunités d'intégration que l'on accepte de saisir. 


Vous écrivez : "Chez moi, c'est mon moi intérieur." Que diriez-vous à ceux qui cherchent encore leur propre "chez soi" dans un contexte multiculturel ou d'expatriation ?

J'aime bien naviguer tel un électron libre, et quand ça connecte, c'est top. Sinon, tant pis, on passe à autre chose. Je pense que, tant qu'on est aligné avec soi-même, on peut trouver son "chez soi" dans n'importe quel coin de la planète. Peut-être que cela vient aussi de ma double culture franco-sénégalaise ; la question de l'identité s'est posée très tôt dans ma vie. Mais, avec le temps, je vois les choses de manière pragmatique : je ne cherche pas à appartenir, parce que je sais que j'ai déjà ma place sur cette planète.

Pour moi, le plus important, c'est d'aller à l'essentiel : chercher l'humain, se connecter à des valeurs simples, partager un bon moment... et peut-être aussi un bon saké !



Si vous deviez choisir un message ou une leçon clé que votre voyage et votre écriture ont apportés à vos lecteurs, quel serait-il ?

Je répète souvent que rêver, c'est gratuit. Alors, osez concrétiser vos envies, vos rêves. Le voyage, qu'il soit extérieur ou intérieur, nous apprend à être plus ouverts et plus adaptables. À travers Japan Rhapsody, j'espère transmettre l'idée que l'échec n'existe pas vraiment : ce ne sont que des étapes nécessaires sur le chemin de la découverte de soi.

Et surtout, ne subissez pas votre vie. Si rien ne va, changez. Il n'est jamais trop tard pour prendre un nouveau départ.

Merci à Adama d'avoir partagé son expérience avec nous !

Pour vous procurer son livre, c'est juste ICI.

I.Steen
Publié le 29 janvier 2025, mis à jour le 29 janvier 2025

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