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Vikings et parité : en Suède, l’égalité de genre est historique

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Sépulture viking. CC-BY 3.0
Écrit par Lou Cercy
Publié le 30 mars 2022, mis à jour le 30 mars 2022

Les pays scandinaves, et notamment la Suède, sont souvent cités en exemple dès qu’il s’agit d’égalité entre femmes et hommes. Bien qu’il soit impossible de donner une raison unique à leur avance sur d’autres pays européens, il peut être intéressant de chercher une réponse en remontant le temps jusqu’aux racines de la civilisation suédoise : les Vikings.

 

En 2021, le Global Gender Gap Report, publié par le World Economic Forum économique, a attribué à la Suède la 5e place du classement des pays les plus égalitaires. Le podium est, sans surprise, occupé par ses voisins scandinaves. La Suède se distingue notamment sur les critères économiques (0,810), d’instruction (0,996) et de santé (0,962), l’indice variant de 0 à 1, de l’absence de parité à la parité totale.

 

Le statut des femmes dans la société suédoise est bien entendu le produit de plusieurs facteurs, à la fois culturels, économiques, ou sociologiques, ainsi que de l’influence d’individus qui ont joué un rôle dans les transformations du pays. Cependant, l’histoire peut aussi avoir eu son importance dans la construction des rapports de genre en Suède.

 

Un mode de vie plus égalitaire

Historiquement, la Suède fut peuplée par des vikings, les Varègues. Dans l’imaginaire collectif, les Vikings sont un peuple guerrier, mené par des hommes puissants, musclés, courageux et intrépides, couverts de peaux de bêtes, qui conquièrent des contrées lointaines sur leurs drakkars. La réalité est bien différente : loin d’être un peuple où les hommes règnent en maîtres incontestés, les Vikings avaient construit une société bien plus paritaire que l’on ne le pense.

Des historien·ne·s et scientifiques se sont penché·e·s sur la question, et ont révélé, en analysant des squelettes vikings, que les femmes et les hommes avaient des modes de vie similaires. En particulier, ils ont comparé la longueur du fémur de plusieurs individus, et ont observé une taille similaire chez l’homme et la femme. Cette donnée, directement liée à l’alimentation, indique ainsi que les femmes avaient accès aux mêmes ressources alimentaires que les hommes, une conclusion corroborée par l’analyse de l’émail des dents. Aujourd’hui, l’une des principales explications de la différence de taille entre femmes et hommes se trouve en effet dans des siècles d’alimentation différenciée, qui ont permis au corps masculin de se développer au détriment du corps féminin.

Chez les Vikings, l’égalité s’observait aussi dans le travail : les hommes étaient principalement chargés des cultures, et les femmes de l’élevage. Les individus des deux sexes avaient donc une activité de production et participaient à part égale à la survie du groupe. Les femmes avaient également le droit de choisir leur époux et de demander le divorce. Sur certains points, les hommes étaient tout de même avantagés, mais les Vikings étaient en avance sur bien d’autres civilisations.

 

Guerriers et guerrières  

L’égalité de genre chez les Vikings ne se limitait pas à la vie quotidienne. Les femmes occupaient aussi une position importante dans le domaine guerrier, même si l’on pensait jusqu’à il y a peu que seuls les hommes participaient aux combats. En effet, en 2017, des scientifiques scandinaves ont étudié une dépouille viking, déterrée en 1878 par l’archéologue Suédois Hjalmar Stolpe. La tombe qu’il avait découverte contenait de nombreuses armes, ainsi que les squelettes de deux chevaux et un jeu de stratégie, ce qui l’avait à l’époque poussé à déclarer qu’il s’agissait d’une dépouille d’homme.

Pendant 139 ans, cette sépulture a été considérée comme l’une des principales tombes d’un chef viking. Cette conclusion a été remise en question dans les années 1970 par une équipe qui suggérait que les ossements puissent appartenir à une femme, sans pour autant réussir à convaincre la communauté scientifique. En 2014, une analyse osseuse a effectivement montré qu’il s’agit d’un bassin féminin, mais l’idée semblait tellement « absurde » qu’elle a été rejetée par les scientifiques. Ce n’est qu’en 2017, grâce à une analyse ADN, qu’une équipe scandinave a montré qu’il s’agissait en effet d’une guerrière, enterrée avec tous les honneurs.

 

Cette découverte a permis de remettre en question un certain nombre d’idées reçues sur les Vikings, et de montrer que ce peuple était tout aussi – voire plus – égalitaire que bien des sociétés d’aujourd’hui. Bien que le mérite revienne surtout à ses dirigeants et à la société civile, il est possible que la Suède ait atteint un tel niveau de parité en partie grâce à l’influence historique de ce peuple mythique.

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