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Égalité des genres : peut-on s’inspirer du modèle suédois ?

couple portant bébé suèdecouple portant bébé suède
Melker Dahlstrand/imagebank.sweden.se
Écrit par Hugo Messina
Publié le 10 mai 2022

Mercredi 4 mai 2022, Charlotte Minvielle et Mélanie Vogel étaient présentes au quartier général du parti écologique de Suède (Miljöpartiet). Au programme, comment s’inspirer de ce qui se fait de bien sur l’égalité entre femmes et hommes.

 

L’une est candidate EELV (Europe Écologie Les Verts) aux élections législatives pour la circonscription des pays du nord de l’Europe. L’autre est sénatrice sous la même bannière pour les Français de l’étranger. Elle est même une des plus jeunes dans l’assemblée. À leurs côtés, Petter Gustafsson, trésorier et représentant de l’association Fatta!, luttant contre les violences envers les femmes, notamment celles sexuelles.

 

La règle du consentement comme modèle contre les violences sexuelles ?

Ce dernier lance les débats en abordant la loi sur le consentement, adoptée fin mai 2018 en Suède. Cette mesure requiert désormais un consentement explicite entre adultes. « S’il y a un acte sexuel non consenti, cette loi permet de le considérer par principe comme un viol », explique Petter Gustafsson. Un point majeur pour les deux femmes politiques françaises présentes ce soir-là. Pour la sénatrice Mélanie Vogel : « La France ne respecte pas le traité d’Istanbul, comme beaucoup de pays en Europe. Quand une femme victime d’un acte non consenti se rend dans un commissariat, c’est la présomption d’innocence qui prévaut. Elle doit prouver qu’elle n’a pas voulu commettre l’acte. »

Magda Rasmusson, ancienne conseillère du Miljöpartiet au gouvernement, rebondit sur ce thème. Si elle aimerait que les juges soient mieux formés, elle reconnaît que le modèle suédois est un des plus avancés d’Europe. « Si je suis élue en France au Parlement, je compte pousser pour qu’un budget d’un milliard d’euros soit débloqué pour lutter contre les violences sexuelles », martèle Charlotte Minvielle qui a travaillé pendant plusieurs années dans le secteur humanitaire.

 

Écart salarial, congé parental et égalité au sein du couple

Magda, qui a aussi occupé le poste de co-dirigeante des Grön Ungdom (mouvement des jeunes écologistes de Suède) de 2013 à 2016, oriente ensuite les échanges vers la question des salaires. Tout en admettant que les écarts de salaire entre femmes et hommes se sont réduits en Suède, la jeune politicienne nuance le constat. Dans le pays scandinave, l’accès au capital est totalement déséquilibré selon le genre. D’après elle, les hommes possèdent en moyenne un patrimoine deux fois plus élevés que les femmes suédoises. Une situation jugée comme inadmissible par les intervenants. Charlotte, comme Mélanie, s’accordent sur le fait que les différences sont similaires en France, voire pires. « Il y a 16 % d’écart entre les salaires selon le genre en France. Cette répartition doit impérativement changer », souligne Charlotte Minvielle.

 

Autre sujet soulevé ce soir-là, la parité au sein du couple. Bien que n’étant pas mère, Magda Rasmusson a bien conscience que la Suède dispose d’un système développé : « notre pays met en place 480 jours (16 mois) de congés. Les deux parents peuvent se les répartir et continuent à être rémunérés sur cette période. » En plus d’avoir une durée plus étendue qu’en France, le modèle suédois réserve aussi 3 mois, que chaque parent doit prendre obligatoirement.

 

Cependant, cette question reste débattue. En effet, d’après des statistiques de l’ambassade de Suède en France, seuls 30 % des hommes utilisaient leurs congés en 2018, contre près de 70 % chez les femmes. « C’est sans hésitation une des raisons qui explique que les femmes aient un capital moins élevé. Les jours devraient être mieux répartis pour garantir à chacun de travailler équitablement », précise le trésorier de Fatta.

 

Chacun repart en fin de compte avec des pistes de réflexion. De quoi améliorer l’état des choses entre femmes et hommes en vue des prochaines élections législatives.

 

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