Édition internationale

SOLITUDE – Un sentiment partagé

Abandonnés, exclus, isolés. Dure réalité pour 4 millions de Français qui avouent souffrir d'une extrême solitude. A l'ère des réseaux sociaux et loin des clichés, les jeunes et les citadins sont aussi concernés par l'absence de liens sociaux


Un Français sur dix avoue vivre seul et n'avoir que deux à trois conversations personnelles par an. C'est ce que révèle une étude publiée par la Fondation de France, menée sur 4.006 Français de plus de 18 ans, et diffusée par Le Parisien. L'été de la canicule a démontré une triste réalité pour les personnes âgées coupées de tout lien familial, professionnel ou associatif. Mais contrairement aux idées reçus, l'étude met en évidence bien d'autres critères d'isolement que la vieillesse. Tous les âges, en ville comme à la campagne, mais principalement les personnes au revenu modeste, sont touchées par la solitude. (AFP)

Pas d'argent, pas d'amis
Selon la Fondation de France, plus de la moitié des personnes isolées ont moins de 60 ans. Et pour la majorité des concernés, la solitude apparaît brusquement, à la suite d'un événement tel qu'une rupture familiale. Elle touche 9 % des quarantenaires, une période particulièrement à risque, où l'on peut se retrouver confronter à un divorce, une perte d'emploi, ou de ses parents. Mais un tiers des moins de 25 ans se disent aussi touchés par la solitude, un sentiment qui ne fait qu'augmenter avec les années : les seniors sont 28 % à s'estimer seuls. Pour les quinquagénaires, la perte de l'emploi ou la mise en retraite anticipée subie sont vécues comme une véritable mise de côté : rupture de contact avec les voisins et les amis afin de ne pas avoir à leur révéler leur inactivité. Mais contrairement à ce que l'on peut croire, l'argent est un facteur bien plus déterminant que la vieillesse : l'étude montre que les personnes vivant avec 1.000 euros par mois ont quatre fois plus de chance de tomber dans la solitude que celles dont le salaire peut atteindre les 4.000 euros par mois.

Facebook et mes centaines d'amis virtuels
Selon 78 % des Français, le sentiment de solitude progresse. Pourtant sur Internet, les sites de réseaux sociaux, les logiciels de discussions et les forums se multiplient. L'amitié virtuelle aurait-elle donc pris le pas sur les véritables relations sociales ? L'étude révèle que 12 % des sondés n'ont aucun contact avec leurs voisins. Les relations familiales de certains se résument à quelques rencontres annuelles. Un phénomène commun aux personnes isolées est qu'elles-mêmes ne vont pas forcément à la recherche du contact et se rendent victimes de leur abandon. Dans le domaine du travail, les collègues sont parfois des rivaux avec qui les discussions s'avèrent impossibles. Les open-spaces ont d'ailleurs favorisé les courts dialogues par intranet plutôt qu'à vive-voix pour ne pas déranger ses voisins de bureau. Quant aux relations amoureuses, les femmes seraient de plus en plus exigeantes, ce qui est loin de faciliter la rencontre de l'homme qui partagera leur vie. Ainsi, elles sont 40 % à souffrir d'isolement entre 35 et 49 ans, contre 28 % des hommes du même âge, selon un sondage TMS Sofres réalisé pour le journal La Croix.


Serait-ce là le résultat d'une société toujours plus individualiste ? Il s'agit en tout cas de s'y adapter afin de ne pas sombrer dans la déréliction. Outre les séjours pour célibataires organisés par les agences de voyages, plus innovante, la colocation entre seniors, une idée tout droit venue des pays du nord de l'Europe, pourrait donc bien connaître son petit succès en France.
Lauriane Rialhe (www.lepetitjournal.com) lundi 5 juillet 2010


En savoir plus :

Le Figaro, Le fléau de la solitude s'empare des Français

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