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SOCIETE - Touche pas à ma zebella !

En avril 2002, les autorités municipales ont décidé de confier le ramassage des ordures à des entreprises étrangères. Six ans plus tard, la communauté organisée, que forment les chiffonniers du Caire, n'a pas pour autant délaissé l'activité qui la fait survivre

Impossible de distinguer une quelconque silhouette à travers le nuage de poussière qui recouvre les ruelles de Manchiyet Nasser. Principalement installés en haut du mont Moqattam, au sud du Caire, les zabbalin, "peuple des ordures"collectent et trient les déchets ménagers de la ville. Une récupération qui est la base de toute économie de recyclage. Alors que les hommes ramènent les poubelles tôt le matin, les femmes sont chargées du tri. Les déchets organiques sont donnés aux cochons et les autres sont séparés en différents matériaux pour être revendus. Pieds nus ou en claquette, le corps couvert de poussière, les enfants aident leurs pères ou leurs mères. Mains blessés ou ?il percé, ils en gardent de sérieuses séquelles. Photo Sara Haba "Les enfants trieurs de déchets"

"Ici, on travaille au jour le jour"
Dans la ville poussière des chiffonniers du Caire, travail et action ne riment pas toujours avec rémunération. "Je trie les ordures et mon mari récupère les cartons pour les vendre, raconte Catherine. Nos familles n'ont pas de revenu fixe, ça dépend de la récolte".
Quelques mètres plus loin, Sarah dissimulée derrière une colline de cannettes, coupe l'aluminium. "On vend l'aluminium une livre [0,15 euro] le kilo, explique-t-elle. Je coupe environ 20 kilos d'aluminium par jour. Ici, on travaille au jour le jour, sans savoir si demain sera meilleur". Travailler l'aluminium est l'activité qui exige le moins d'investissement : deux paires de cisailles, achetées 70 livres, suffisent. "Ma s?ur a plus de chance, murmure Sarah, son fils a un camion et lui ramène du tissu des poubelles. Elle le trie par couleur et le revend. C'est propre, moins fatiguant et ça rapporte beaucoup", poursuit Catherine.

Accords de sous-traitance
"Son fils Botroz est surtout un traître, lance Andrew. Pour plus de stabilité, il travaille avec les firmes étrangères qui récoltent les ordures à notre place". Des accords de sous-traitance entre certains zabbalin et les firmes permettent à Botroz de percevoir un revenu fixe à chaque fin de mois. "Je gagne 420 livres. Quand je travaillais seul, j'avais environ 600 livres par mois", explique Botroz. Les salaires étant largement inférieurs aux sommes que les chiffonniers obtenaient et ne permettant pas de faire vivre une famille de huit personnes, Botroz a mis en place un trafic d?ordures. "Pendant que les habitants jettent leurs poubelles dans les containers, mon frère et ma s?ur commencent à les trier et nous récupérons toutes les matières recyclables", explique Botroz.
Quoi que fasse le gouvernement pour les en empêcher, les chiffonniers continuent de travailler car cette activité est leur seul moyen de subsister. Et, ce n'est pas en confisquant leurs voitures que les chiffonniers vont se résigner.
Photos et texte Sara HABA. (www.lepetitjournal.com - Le Caire - Alexandrie) mercredi 21 mai 2008