Le gouvernement singapourien a annoncé en octobre dernier qu’il n’y aurait aucune augmentation du nombre de voitures et motos privées (véhicules catégories A, B et D) à Singapour à partir de 2018. Explications.
Le taux de croissance des immatriculations est réévalué annuellement en février de chaque année. Il est très limité depuis déjà longtemps à Singapour et était tombé à 0,25% par an depuis février 2015. Le gouvernement franchit une nouvelle étape pour libérer la ville des voitures en passant à zéro en février prochain, avec une réévaluation du taux prévue seulement en 2020.
Singapour est déjà un des pays les plus chers au monde pour l’achat et l’utilisation d’une voiture, avec un système de taxes, de licence et de quotas prohibitif. Nul doute que cette décision fera encore monter les prix
COE, VQS, ARF, ... rappels essentiels sur l’achat d’un véhicule à Singapour
Pour l'acquisition de tout véhicule à Singapour, la liste des frais qui s’ajoutent au prix d’achat est longue :
Outre la TVA (GST) à 7% et une taxe d’enregistrement (Registration Fee, RF) de 140$, un droit d’accise (Excise Duty) de 20% s’applique, ainsi qu’une taxe additionnelle d’enregistrement du véhicule (Additional Registration Fee, ARF). Sachez que l’ARF varie en fonction du prix du véhicule et passe de 100% pour une voiture de moins de 20,000$, à 140% entre 20,000 et 50,000$ puis à 180% pour une voiture de plus de 50,000$.
Mais le cœur du système singapourien réside réellement dans le Certificate Of Entitlement (COE), et le Vehicule Quota System (VQS).
Le COE est la license qui donne le droit d’enregistrer légalement et d’utiliser un véhicule à Singapour pour une durée de 10 ans. Le COE s’obtient par un système d’enchères, le Open Bidding System, organisé 2 fois par mois par le LTA. Le coût du COE est variable selon la catégorie du véhicule et les années mais en moyenne il revient à environ 50,000SGD (57,000 SGD en ce moment).
Au final, par exemple, une Toyota Corolla Altis neuve coûte environ 111,000SGD à Singapour, soit 70,000€, contre 24,000€ en France.
Enfin, le VQS est un système de quotas très restrictif, qui contrôle le nombre de véhicule autorisés chaque année à l’enregistrement. C’est le taux de croissance du VQS qui passera à zéro en février 2018.
Quelles conséquences en 2018 ?
Le taux de croissance du VQS tombe à séro, pas le VQS lui-même, il y aura donc encoreCompte tenu des radiations des véhicules après 10 ans, il restera encore de la possibilité d’immatriculation de nouveaux véhicules en 2018. De plus, le VQS lui-même ne passe pas à zéro, mais uniquement son taux de croissance.
Mais la conséquence attendue est bien évidemment une forte augmentation du coût de l’achat d’une voiture et du COE.
Seule catégorie à échapper à cette restriction : la catégorie commerciale C restera à 0,25% jusqu’en 2021. Elle concerne les « Goods vehicles and buses ». Le gouvernement entend ainsi faciliter le commerce et la logistique, avec un volonté tout de même affichée de réduire in fine le nombre total de véhicules en service.
Des contraintes d’espace ... et un pas vers une Cité sans voiture ?
Le Land Transport Authority (LTA) a déclaré que cette décision était motivée par les contraintes d’espaces et de terrains disponibles à Singapour, et par l’amélioration continue depuis plusieurs années des transports publics.
Les routes occupent en effet 12% de la superficie territoriale de Singapour, et peu de possibilités d’extension du réseau sont encore envisageable. Par ailleurs, la taille du réseau ferroviaire a augmenté de 30% ces 6 dernières années, et d’autres projets (MRT et Bus) sont en cours ou en vue.
On peut regretter que le coût soit la solution mise en avant par Singapour pour réduire le nombre de voitures en ville, mais force est de constater l’efficacité de ces mesures, au regard de ses grandes métropoles voisines telles que Bangkok ou Jakarta, paralysées par les embouteillages.