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Laetitia Lautode, dix ans à la FCCS & boussole des entrepreneurs français à Singapour

Laetitia Lautode fête cette année ses dix ans à la Chambre de commerce Française de Singapour. En une décennie, elle a vu évoluer le marché, les besoins… et son propre rôle, jusqu’à devenir l’une des interlocutrices incontournables pour les entreprises et les entrepreneurs qui souhaitent s’implanter dans la Cité-État. Rencontre.

Laetitia Lautode à la French Chamber of Commerce crédit photo FCCSLaetitia Lautode à la French Chamber of Commerce crédit photo FCCS
Laetitia Lautode à la French Chamber of Commerce - crédit photo FCCS
Écrit par Adeline Marie
Publié le 26 novembre 2025, mis à jour le 27 novembre 2025

 

Laetitia Lautode, un poste créé… puis transformé

Lorsque Laetitia Lautode arrive à Singapour en 2014, elle n’en est pas à sa première expatriation. Avant la Cité-État, il y a eu les États-Unis, où elle a déjà travaillé pour la Chambre de commerce Française de Houston, puis un retour en France, en région frontalière avec la Suisse. En avril 2015, elle rejoint la Chambre de commerce Française de Singapour (FCCS) dans le cadre d’une création de poste afin d’assister la personne chargée du service d’accompagnement à la création de filiales. Quelques mois plus tard, celle-ci quitte la Chambre. Laetitia Lautode reprend alors la partie business development sur les implantations et la gestion administrative des filiales : création de structures, premiers visas. 

 

La personnalisation et le fait d’aller au-delà du simple meeting est ce qui me motive dans mon quotidien 

 

Progressivement, Laetitia Lautode contribue à faire évoluer la Chambre d’un modèle centré sur les filiales à une offre plus large et également structurée pour les entrepreneurs. En 2017, elle passe l’examen lui permettant d’être officiellement Employment Agent. C’est un tournant décisif : « L’idée était de pouvoir proposer un accompagnement global, avec une vraie expertise : préparer l’incorporation au mieux pour optimiser les chances de réussite du premier visa de travail. » En structurant une offre dédiée, Laetitia Lautode répond à un besoin sous-estimé jusque-là : celui des entrepreneurs français qui veulent se lancer à Singapour, mais se sentent perdus dans la jungle réglementaire.

 

 

Entreprendre et créer une entreprise à Singapour, le guide pratique

 

 

 

Caroline Steger et Laetitia Lautode - FCCS
Caroline Steger et Laetitia Lautode - FCCS 

 

 

Une méthode d’accompagnement sur-mesure à Singapour

Qu’il s’agisse d’un entrepreneur ou d’une filiale, tout commence par un entretien. Laetitia Lautode prend le temps de faire le tour du projet, de comprendre le secteur d’activité, de vérifier s’il existe une réglementation spécifique, de clarifier les contraintes d’immigration et d’anticiper les étapes suivantes : recrutements, évolution de l’activité, expansion régionale.   « La personnalisation et le fait d’aller au-delà du simple meeting pour présenter nos services (to go above and beyond) est ce qui me motive dans mon quotidien », nous explique-t-elle.

La FCCS propose un programme d’accompagnement clé en main, de 3 mois, couvrant toutes les obligations règlementaires lors de l’enregistrement d’une société à Singapour. Mais aussi l’ouverture d’un compte en banque professionnel, la stratégie de visas, les demandes de work pass et la coordination éventuelle avec un de ses partenaires, en cas de besoin. Pendant ces trois mois, Laetitia Lautode reste l’interlocutrice pivot. À l’issue de cette période, l’entreprise est opérationnelle et peut décider de continuer avec les partenaires qu’elle choisit en toute liberté. Les autres services de la Chambre peuvent poursuivre l’accompagnement de la société dans son développement : recrutement, gestion de la paie, bureaux, visibilité et réseautage via l’adhésion à la communauté d’affaires, par exemple.

 

 

Prendre le relais après 30 ans d’expertise, un défi humain et professionnel

Un tournant majeur survient en 2023 avec le départ à la retraite de Philomena Waung, figure historique de la Chambre et pionnière du service visas. « Elle était là depuis presque trente ans. Beaucoup de clients venaient autant pour la Chambre que pour elle, pour sa relation de confiance et son expérience. ». Pour Laetitia Lautode, le défi est double : reprendre le flambeau et réorganiser le service. Elle devient alors responsable de l’activité “setup et visas” et encadre une nouvelle recrue. 

Quand on lui parle de sa “force”, Laetitia Lautode hésite, modeste. Mais ceux qui ont travaillé avec elle la décrivent comme extrêmement disponible, rigoureuse et transparente. Elle-même résume les choses ainsi : « J’aime donner un maximum d’informations pour que la personne ait une vision claire de ce dans quoi elle s’engage. ». Cela implique aussi d’expliquer le cadre qui va s’appliquer en fonction du projet et de l’activité comme les exigences financières, les visas de travail, les obligations réglementaires… Cette approche, parfois plus exigeante à court terme, contribue à bâtir sur la durée un climat de confiance : « C’est toujours touchant de voir des anciens clients revenir des années plus tard parce qu’ils gardent l’image d’un accompagnement sérieux et d’un service fiable. »

Au cœur du quotidien de Laetitia Lautode, il y a les visas de travail. Les questions d’immigration sont parmi les plus récurrentes. «L’autorité en charge est souveraine dans ses décisions », rappelle-t-elle volontiers. Pour autant, l’expertise accumulée depuis 2017 permet réellement d’optimiser les chances d’acceptation. Laetitia Lautode travaille sur le choix du visa le plus adapté, la cohérence du dossier avec le projet de la société, la mise en avant des bons éléments de profil, et la vigilance sur les aspects qui peuvent fragiliser le dossier. Lorsqu’elle regarde rétrospectivement le nombre de projets aboutis et de visas approuvés, elle se dit fière du chemin parcouru.

 

 

crédit photo: Photo by Sohan Rayguru on Unsplash

 

 

Laetitia Lautode évoque l’histoire de trois jeunes  ingénieurs français, porteurs d’une idée technologique prometteuse mais...

 

 

Success story, quand l’écosystème fait la différence…

Parmi les dossiers marquants de ces dix dernières années, Laetitia Lautode évoque l’histoire de trois jeunes  ingénieurs français, porteurs d’une idée technologique prometteuse. Ils se lancent en Asie en parallèle de la création d’une société en France pour structurer leur investissement. « Ils avaient une super idée, mais des moyens limités : peu d’expérience dans la création et la gestion de société, aucune expérience à Singapour, et personne pour assurer le rôle de directeur à Singapour », se souvient-elle. Le défi était multiple. Il fallait structurer une société viable, identifier un partenaire adapté pour remplir certaines fonctions, et trouver une stratégie de visa pour l’associé qui allait porter le projet à Singapour, avec des ressources limitées. 

Une fois la structure en place, un autre enjeu apparaît : la commercialisation. C’est là que l’écosystème de la FCCS joue pleinement son rôle : la Chambre cherche un mentor pour accompagner la start-up. Ce dernier, convaincu du potentiel du projet, devient finalement investisseur et moteur dans l’expansion de la société. Rapidement, forte de ce soutien et de la crédibilité acquise depuis le lancement de son activité, la start-up attire l’attention de l’écosystème local : « Nous sommes partis de trois ingénieurs très techniques, peu à l’aise sur le business, et nous arrivons aujourd’hui à une structure solide, soutenue par des acteurs locaux », raconte Laetitia Lautode. “C’est typiquement une histoire où l’on voit ce que l’écosystème de la Chambre peut apporter, au-delà du setup administratif."

 

 

Ce n’est pas le pays où l’on peut se réinventer en se disant “je vais tester un truc pour voir”. Le marché est très compétitif. 

 

 

« Répondre à un besoin » : son conseil à l’implantation

Aux entrepreneurs et aux sociétés qui envisagent une implantation à Singapour, Laetitia Lautode délivre un message clair : « Il faut identifier un besoin », insiste-t-elle.  « On ne peut pas simplement dupliquer un business qui fonctionne en France par exemple, et penser que le marché Singapourien sera similaire. Ce n’est pas non plus le pays où l’on peut se réinventer en se disant “je vais tester un truc pour voir”. Le marché est très compétitif ». 

 

Beaucoup d’entrepreneurs adhèrent à un réseau puis l’utilisent peu. Or, à Singapour, il faut être actif : participer, se présenter, dire ce que l’on cherche

 

Pour éviter les désillusions, Laetitia Lautode souligne plusieurs points. Il est important de valider le marché en amont : la Chambre dispose d’un département appelé la Team France Export qui propose études de marché, missions de prospection, tests sur offre, salons professionnels. Il est également important de se positionner clairement en se différenciant et utiliser les ressources de l’écosystème français sur place. Laetitia Lautode insiste enfin sur l’importance du réseau et de la visibilité. Il faut se faire connaître, expliquer ce que l’on apporte de différent, mais aussi exprimer clairement ses besoins : « Beaucoup d’entrepreneurs adhèrent à un réseau puis l’utilisent peu. Or, à Singapour, il faut être actif : participer, se présenter, dire ce que l’on cherche. C’est aussi ce qui permet aux équipes de la FCCS de vous mettre en relation avec les bons interlocuteurs. »

 

Rien n’est standard, il y a toujours un nouveau défi, un nouveau visa, un nouveau cas à explorer.

 

Dix ans après son arrivée, Laetitia Lautode est devenue une figure incontournable avec une vision 360° des enjeux d’implantation (corporate, réglementaire, visa), une connaissance fine des partenaires locaux, un sens aigu du service et de la transparence. Une interlocutrice qui, dossier après dossier, continue d’aimer ce qui fait le cœur de son métier : « Nous recevons des projets de toutes tailles, dans des secteurs très différents. Rien n’est standard, il y a toujours un nouveau défi, un nouveau visa, un nouveau cas à explorer. C’est exigeant, mais c’est ce qui rend le travail stimulant. »  


 

 

 

  

 

 

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