Édition Singapour

De Paris à Singapour, en utilisant l’avion le moins possible

Soucieux de concilier leur appétit de nouveaux horizons et leur conscience écologique, Charlotte et Clément, 26 ans, dits « les Roamers », ont choisi le vélo et le train comme principaux moyens de locomotion. Lepetitjournal.com les a interviewés sur leur aventure lors de leur court séjour à Singapour.

Les roamers se reposent.Les roamers se reposent.
Les Roamers au repos
Écrit par Jean-Michel Bardin
Publié le 18 mai 2024, mis à jour le 21 mai 2024

Charlotte et Clément, qu'est-ce qui vous a amené à cette aventure ?

Nous avons toujours voulu découvrir de nouveaux pays. Nous pensions aller en Amérique du Sud quand la pandémie nous a cloués dans notre Normandie natale. Pendant cette période, nous avons revu notre manière de vivre pour contribuer à la baisse des émissions de carbone. Nous sommes devenus végétariens et avons décidé de renoncer autant que possible à l'avion dans nos futurs voyages.

En 2021, quand les contraintes Covid furent levées, nous avons entrepris un voyage à vélo jusqu'à Berlin. Comme cela s'est bien passé, bien que nous ne soyons pas spécialement sportifs, nous avons décidé de continuer jusqu'en Ukraine, via la Pologne.

Ce succès nous a amené au défi plus important d'aller jusqu'à Singapour en visitant au passage divers pays d'Asie et en utilisant des moyens de transport économes en émission de carbone.

Quel a été votre itinéraire ?

Nous avons quitté Paris le 23 avril 2023. Nous avons traversé l'Europe et la Turquie en vélo. L'Azerbaïdjan étant fermé, nous avons dû le survoler en avion entre la Géorgie et le Kazakhstan. Nous avons ensuite repris le vélo jusqu'à Almaty, ancienne capitale du pays. Puis, nous avons pris le train pour traverser la Chine où nous avons visité le Sichuan, avec son grand Bouddha de Leshan, Pékin, Shanghai, et Hong Kong.

Nous avons repris le vélo au Sud de la Chine, pour traverser le Vietnam, le Laos, le Cambodge, la Thaïlande, et la Malaisie, pour finalement arriver le 14 mai à Singapour. Donc, un peu plus d'un an pour rallier Singapour depuis Paris.

Nous allons entreprendre le voyage de retour dès le 17 mai avec un itinéraire différent qui devrait nous ramener chez nous en avril de l'année prochaine.

 

Les Roamers ont visité Khiva en Ouzbékistan.
Les Roamers à Khiva en Ouzbékistan

Comment avez-vous organisé et financé un tel voyage ?

Nous avons bien conscience que ce genre de voyage est exceptionnel. Nous avons profité de ce moment entre la fin des études et le début de nos carrières pour l'entreprendre, car l'occasion a peu de chance de se représenter.

Durant la pandémie, nous avons travaillé tous les deux et comme nous vivions encore chez nos parents, nous avons accumulé une épargne qui nous a permis de financer notre voyage.

Par ailleurs, nous voyageons à l'économie. Le vélo ne coûte rien et le train n’est pas cher. Nous avons une tente pour dormir quand ce n'est pas chez l'habitant. À Singapour par exemple, nous logeons chez un hôte de Warmshowers, association qui regroupe des particuliers susceptibles d’héberger des cyclistes de passage. L’alimentation végétarienne est bon marché.

Quels ont été vos principaux challenges durant votre expédition ?

D'une manière générale, nous avons été assez chanceux : pas de gros pépin technique ou de santé, pas de mauvaise rencontre ou de difficulté administrative.

Notre principale épreuve en tant que cyclistes a été la météo : il n'est pas facile de lutter contre la pluie sur une route de 120 km dans le désert de Manguistaou, au Sud du Kazakhstan. Nous n'étions pas non plus rassurés lorsque nous nous sommes retrouvés sur un sommet en plein orage.

Nous avons aussi connu quelques côtes difficiles, notamment une en Thaïlande avec une pente de 20% : nous avons alors dû non seulement descendre de nos vélos pour les pousser, mais se mettre à deux pour en pousser un, puis revenir en arrière pour pousser l'autre. Il faut dire que nous nous sommes équipés pour faire face aux impondérables avec confort, ce qui se traduit par une charge d’une trentaine de kg par vélo, chaque vélo pesant lui-même 15 kg.

 

Les Roamers ont parcouru le désert de Manguistaou.
Les Roamers dans le désert de Manguistaou

Quels sont les meilleurs souvenirs que vous gardez de votre voyage ?

Tout d’abord, nous avons traversé des paysages magnifiques, notamment au Kirghizistan, où nous sommes arrivés à la fin de l’automne, au moment où la neige commençait à blanchir les montagnes. Nous avons aussi été très impressionnés par les temples d’Angkor. Sans aller très loin de la France, nous avons été séduits par la Croatie et le Monténégro.

Nous avons aussi été frappés par l’hospitalité des gens, notamment en Turquie. Malgré notre apparence pas très reluisante après des heures de vélo, les habitants n’hésitaient pas à nous offrir des boissons ou même nous accueillir chez eux pour la nuit. Il est vrai que nous pouvions inspirer la pitié ! Nous ne sommes pas sûrs qu’ils auraient été aussi bien reçus en France dans des circonstances analogues.

L’avantage du vélo est qu’on peut pleinement profiter des paysages de manière continue, car souvent les campagnes sont très différentes des villes touristiques. Le vélo permet aussi d’être plus proche des personnes que l’on croise.

 

Les Roamers ont du affronter des côtes difficiles.
Les Roamers en plein effort en Croatie.

Quels sont vos projets pour l’avenir ?

Après notre retour en France, nous devrons recommencer à travailler. Nous voudrions aussi continuer à contribuer d’une autre manière à une société durable, peut-être à travers une association. Enfin, nous aimerions partager ce que nous avons vécu pendant ces deux années de voyage, à travers un film par exemple.

 

Les Roamers ont campé dans de magnifiques paysages au Kyrghizistan.
Bivouac au Kirghizistan

Vous pouvez suivre les aventures des Charlotte et Clément sur Instagram @les_roamers.

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