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40e Édition du French Film Festival : Entretien avec Pierre Jalladeau

Dans le contexte de ce festival, qui se tient jusqu’au 30 novembre, Lepetitjournal.com a rencontré son responsable, Pierre Jalladeau, attaché audiovisuel à l’ambassade de France à Singapour.

Pierre Jalladeau est l'organisateur du French Film Festival de Singapour.Pierre Jalladeau est l'organisateur du French Film Festival de Singapour.
Écrit par Sophie Undorf Bouvier
Publié le 15 novembre 2024, mis à jour le 18 novembre 2024

Pierre Jalladeau, pourriez-vous nous parler de votre parcours avant d’arriver à Singapour ?

Bien sûr ! Je travaille dans l’audiovisuel depuis une vingtaine d’années. De 2003 à 2007, j’ai occupé un poste similaire à Rome avant de travailler dans le conseil médias. Ensuite, de 2013 à 2020, j’ai été Directeur Afrique de l’agence française de coopération médias qui vise notamment à mettre en œuvre des projets de lutte contre les fake news et de soutien aux médias dans les pays en développement. Par la suite, j’ai travaillé à l’UNESCO à Paris, où j’ai mené et soutenu des programmes de formation des médias à la gestion de catastrophes naturelles. En 2021, je suis arrivé à Singapour avec ma famille pour occuper ce poste d’attaché audiovisuel. Mon poste est rattaché à la Direction générale de la mondialisation (DGM). Ce poste n’existe pas dans tous les pays, mais dans les principaux. Ici, j’occupe un poste régional qui couvre Singapour, l’Indonésie, les Philippines, la Malaisie, le Timor, et Brunei. 

Quel est le rôle d’un attaché audiovisuel à Singapour ?

Mon rôle est notamment de soutenir la diffusion des contenus audiovisuels français dans la région. Nous travaillons sur divers formats : cinéma, animation, réalité virtuelle, et jeux vidéo. Par exemple, nous aidons les distributeurs de films (Pathé, studio canal, …) à vendre leurs films aux distributeurs locaux (comme Shaw ici à Singapour) ou à des plateformes VOD locales (comme Klik Film en Indonésie).

Nous encourageons l’expertise française en matière d’ingénierie culturelle. On identifie les besoins propres à chaque pays et on peut par exemple financer la venue d’experts qui travaillent à renforcer le cadre pédagogique d’une école d’animation ou encore à modifier le cadre réglementaire d’un pays dans le domaine du cinéma, etc...

Nous essayons également de promouvoir la France comme un territoire d’opportunités pour les tournages et la post-production en invitant les producteurs de la région à se tourner vers notre pays.

Chaque année, nous mettons en place le French film festival et nous collaborons avec d’autres festivals, comme le European festival ou encore le Singapore International French Film Festival (SGIFF) en encourageant la présence de professionnels français (producteurs, distributeurs). Nous soutenons également la présence d’entreprises françaises sur les grands marchés comme dans le cadre du GamescomAsia, où une quinzaine de sociétés françaises sont venues, ou encore à l’Asian TV Forum & Market (ATF), qui est un important marché de programmes, qui réunit toute l’Asie, et pour lequel une vingtaine d’entreprises françaises font chaque année le déplacement.

Cette année, le French Film Festival fête ses 40 ans. Pouvez-vous nous dire comment se déroule la préparation d’un événement de cette envergure ?

Nous avons une équipe dédiée à l’ambassade composée de Jennifer Kwok (chargée de mission audiovisuelle) et de Bérénice Delaporte (responsable des partenariats et des financements). Nous avons également deux stagiaires mobilisés uniquement le temps de la préparation du Festival.  Bien entendu, tous les partenaires du festival (Shaw, Alliance Française, The Projector) jouent un rôle fondamental dans l’organisation et travaillent également à la réussite du festival.

La préparation commence fin mai, juste après le Festival de Cannes. Je me rends à Cannes pour rencontrer les distributeurs et je me renseigne sur tous les films qui vont bientôt sortir. A la suite du festival, nous recevons généralement entre 50 et 70 films à visionner. Seule une quinzaine de films seront sélectionnés par l’Ambassade et l’Alliance française.  Le festival négocie ensuite les droits de projection dans le cadre du festival, en général de 4 à 6 projections. A ces films-là, il faut ajouter les films que Shaw achète pour leur propre sortie commerciale. Environ 5 à 7 films selon les années. En tant que partenaires, ils mettent ces films à disposition du Festival. De son côté, The Projector propose sa propre programmation, composée de magnifiques films de patrimoine, comme vous pourrez le découvrir cette année encore

Quels sont les critères pour la sélection des films projetés au festival ?

À Singapour, nous n’imposons pas de thème comme cela a pu avoir lieu dans le passé, car cela nous enfermerait et nous perdrions l'opportunité de diffuser de bons films récents qui n’entreraient pas dans la thématique. 

Les films doivent idéalement être sortis depuis moins de six mois, et bien sûr inédits à Singapour. Nous recherchons une diversité de genres et de thématiques pour toucher un public varié. Cette année, nous avons renforcé notre partenariat avec la “People’s Association” pour diffuser des films dans les “heartlands”, par exemple les “Community Centers”, afin de rendre le festival accessible à un plus large public singapourien.

Dans les autres pays, comme aux Philippines, en Malaisie, en Indonésie, ... c’est chaque organisation locale qui organise son festival. Je n’interviens pas dans leur organisation, mais j’échange régulièrement avec eux pour nous coordonner, en cas d’invitation de talents.

Est-ce vrai que les films font l’objet de censure à Singapour ?

Si vous voulez faire une projection de film, à Singapour, vous devez soumettre votre demande à l’IMDA (Infocomm Media Development Authority). Le rôle de cette autorité est d’évaluer et d’ajuster la classification des films pour correspondre aux lois et aux sensibilités locales. 

 

A Singapour, tous les films doivent être soumis à l'IMDA, qui les classifie.

 

Pouvez-vous nous dévoiler quelques surprises réservées aux spectateurs cette année

Je suis ravi d’annoncer la venue de Franck Dubosc, Camille Razat et Mélanie Robert. Franck Dubosc présentera son dernier film, Un ours dans le Jura, le 30 novembre au théâtre de l’Alliance française. De plus, nous clôturerons le festival en collaboration avec le Singapore International Film Festival (SGIFF), en présence du réalisateur Eric Khoo. Son film Spirit World, une coproduction France-Japon-Singapour avec Catherine Deneuve, sera projetée lors de cet événement.

Pour conclure, qu’est-ce que vous retenez de votre expérience à Singapour ?

J’ai appris à découvrir la grande richesse de Singapour et de la région que ce soit d’un point de vue culturel, gastronomique ou en termes de rencontres. Les partenaires locaux sont de qualité, d’un grand professionnalisme. Ils sont fiables et engagés : c’est un environnement de travail où ce qui est promis est réalisé et bien réalisé, c’est très appréciable.

Nous souhaitons beaucoup de succès au French Film et nous espérons que le cinéma français touchera le cœur des Singapouriens dans les “Heartlands” autant qu’il touche nos cœurs de francophones.

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