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FRANC-MACONNERIE - Rencontre avec Guy Demierre, Vénérable Maître de la loge francophone WANDAILAN-FLEUR D’ASIE à Singapour

Écrit par Lepetitjournal Singapour
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 19 mai 2016

Le Grand Maître de la Grande Loge Nationale Française (GLNF), Jean-Pierre Servel, fait actuellement une tournée du District International qui l'amènera à passer 3 jours à Singapour. Il y donnera le 26 mai une conférence publique sur «  Le rôle de la Franc-Maçonnerie dans notre société ». L'occasion, en amont de cette visite, de revenir avec Guy Demierre, Vénérable Maître de la loge francophone de la GLNF à Singapour, WANDAILAN-FLEUR D'ASIE, sur la Franc-Maçonnerie, ses fondamentaux, les préjugés qui pèsent sur elle et la manière dont elle fonctionne dans la région.

Peut-on faire un rappel historique rapide des origines de la Franc-maçonnerie ?

Guy Demierre - La franc-Maçonnerie prend ses racines dans les confraternités du Moyen Age. Ses méthodes sont basées sur la symbolique de la construction. Les francs-maçons sont des maçons spéculatifs. Symboliquement, les francs-maçons construisent le temple du roi Salomon, c'est à dire nous-même. Nous essayons de faire progresser les gens à travers le langage de la symbolique, qui est par définition ce qui unit. C'est une méthode fondée sur la raison et l'imagination, qui implique des membres une posture de non-jugement et de bienveillance.

Quelle est la situation de la Franc-maçonnerie à Singapour ?

 - A Singapour, le contexte est anglo-saxon. Dans la région la présence des francs-maçons remonte à très longtemps. Les premières loges sont apparues avec l'arrivée des Anglais dès le milieu du XIXème siècle. La 1ere loge a été créée à Penang en Malaisie, puis Sir Stamford Raffles, qui était franc-maçon, a établi des loges dans la région. La 1ere loge à Singapour a été fondée en 1845. Situé au 23A Coleman Street le Freemasons'Hall, construit en 1879, est le bâtiment de la franc-maçonnerie dans la cité-Etat.  La création de la loge Wandailan-Fleur d'Asie*, la première et seule loge francophone à Singapour, est par comparaison très récente, puisqu'elle ne date que de 2007.

Conférence publique


« Le rôle de la Franc-Maçonnerie dans notre société »


Par Jean-Pierre Servel, Grand Maître de la Grande Loge Nationale Française (GLNF)


Le jeudi 26 mai à 18 :30
Freemasons'Hall, 23A Coleman Street Singapore 179806.

 

Pourquoi une loge francophone ?

- Parce que c'est important pour les Français résidant ici de pouvoir faire cette recherche spirituelle dans leur langue. Par ailleurs, indirectement, on offre ainsi à nos membres expatriés la possibilité de renouer avec leurs racines.

A quelle branche de la franc-maçonnerie, la GNLF est-elle rattachée ?

- Il existe dans le monde maçonnique un système de reconnaissance internationale qui s'explique par notre respect absolu des anciennes règles de la tradition maçonnique. Au nombre des dispositions de notre Règle, la croyance (non dogmatique) en Dieu, Grand Architecte de l'Univers, et l'interdiction faite aux membres de l'obédience d'aborder des sujets à caractère religieux ou politique dans les loges. La GLNF est une Fraternité initiatique traditionnelle, une grande loge régulière et séculaire. Elle est organisée en 30 Provinces et un District et compte à ce jour 27 270 membres et 1 197 loges. Le District International, dans lequel le Grand Maître de la GNLF fait actuellement une tournée, couvre l'ensemble des territoires en dehors de France, dont la Polynésie Française.

Pourquoi on devient franc-Maçon ?

- La démarche est essentiellement de permettre à chacun d'engager et de poursuivre une démarche spirituelle qui tentera de répondre à trois grandes questions qui nous sont familières : d'où je viens ? Qui suis-je ? Où vais-je ? Ce sont des questions que l'on aborde dans le cadre de la fraternité, au travers d'une initiation. Ce voyage intérieur se fait à travers des réunions (les « tenues ») qui se déroulent tous les mois. La Franc-Maçonnerie ne prétend pas apporter des réponses ; elle espère seulement permettre à ses membres de tenter d'approcher la Vérité.
La franc-maçonnerie à la GLNF est spirituelle mais a-dogmatique, ce qui signifie qu'elle n'a pas de dogme lié à la théologie. Elle travaille à la gloire du Grand Architecte de l'Univers, c'est à dire Dieu ; un vocabulaire choisi pour ne pas causer de dissensions entre les membres de différentes croyances. Ses règles interdisent à ses membres d'aborder les sujets d'actualité, religieux ou politiques dans un souci de toujours maintenir l'harmonie entre les membres.  L'objet de la franc-maçonnerie est de nature à permettre à tous les hommes de bonne volonté de se retrouver, quelques soient leurs religions ou leurs opinions politiques.

Quel est le profil des membres?

- Pour ce qui est de Singapour cela a bien évolué depuis les origines. Au début il s'agissait essentiellement d'anglais, écossais et irlandais. C'est beaucoup plus tard, après la seconde guerre mondiale, que des asiatiques ont intégré les loges. Actuellement, les membres sont souvent issus des professions libérales, entrepreneurs ou cadres de sociétés internationales et locales.

Comment devient-on franc-maçon ?

- Pour devenir franc-maçon à la GLNF il faut être un homme libre et de bonnes m?urs et être « parrainé ». Quand on veut devenir franc-maçon, la démarche doit partir de soi. Ensuite, il y a un processus d'admission qui peut durer plusieurs mois. En fait il est difficile de devenir franc-maçon et très facile de quitter la franc-maçonnerie. C'est exactement l'inverse, pour répondre à un faux procès qu'on fait parfois à la franc-maçonnerie, de ce qui se passe dans les sectes dont l'accès est très facile et dont il est par contre extrêmement difficile de partir.

Il reste tout de même, une forte tradition du secret. A quoi cela est-il du ?

- Le cadre de la franc-maçonnerie est une sorte de théâtre. Il y a un rituel, une cérémonie. Dans ce contexte, on se dit des « secrets » qu'on jure de respecter. C'est sans doute ce qui confère à la Franc-Maçonnerie cette réputation de secret. C'est paradoxal, parce que les secrets en question sont aujourd'hui sur la place publique. On les trouve très facilement sur internet ou dans tous les livres qui ont été écrits sur la Franc-Maçonnerie. Le véritable secret, il est individuel. C'est sa propre expérience individuelle liée à son initiation.

Qu'est-ce qui caractérise le franc-maçon ?

- La Franc-Maçonnerie, ce n'est pas un enseignement. C'est une méthode pour s'améliorer. C'est la traduction littérale du mot latin initiare dont vient initiation, qui signifie mettre sur le chemin. La franc-maçonnerie offre à chacun le moyen d'être mis sur le chemin. On fait ce voyage intérieur à son rythme et en compagnie des autres. Dans les loges, les tenues permettent aux membres d'apprendre les uns des autres, à travers par exemple les « planches » réalisées par les frères.
Le franc-maçon est libre de se dévoiler, mais il ne peut dévoiler un autre frère. Cette discrétion à laquelle restent attachés certains est liée aux préjugés négatifs qui continuent de peser sur la Franc-Maçonnerie. Ceux-là même qui font la fortune des dossiers (des « marronniers ») qu'on consacre à la franc-maçonnerie de manière régulière dans les magazines.

A la GLNF le principe de base est que si on veut améliorer la société, ce qui est autour de soi,  il faut commencer par s'améliorer soi-même.  Quand on est franc-maçon on apprend à regarder l'environnement, les choses, les gens de manière différente, plus intense. On apprend à écouter, à s'écouter, à analyser et à regarder. C'est cette manière particulière de regarder les choses qui fait que, dans un certain nombre de circonstances, un franc maçon peut en reconnaître un autre.

Et que se passe-t-il à ce moment ?

- C'est un grand bonheur. Le franc-maçon c'est un ami qu'on n'a pas encore découvert, et à qui on peut faire confiance. Cette confiance, elle est le résultat d'une exigence absolue qui gouverne la franc-maçonnerie, qui est le maintien de l'harmonie. C'est cette exigence qui fait que le processus d'admission est long. C'est parce qu'on veut s'assurer que les nouveaux membres s'intègreront et participeront à cette harmonie. Le fait pour chaque membre de savoir que tous les autres membres sont passés par le même processus d'initiation, participe fortement à cette harmonie et à la confiance qu'elle génère parmi ses membres.

Propos recueillis par Bertrand Fouquoire (www.lepetitjournal.com/singapour) vendredi 20 mai 2016

* "La Respectable Loge WANDAILAN-FLEUR D'ASIE est la première Loge d'origine française consacrée à Singapour. Elle réunit des frères francophones résidents à Singapour ou dans les pays limitrophes, Malaisie et Indonésie, qui ont le désir de faire vivre une Respectable Loge de tradition française qui travaillera en français le Rite Ecossais Ancien et Accepté sous les auspices de la G.L.N.F.
WANDAILAN ? C'est le nom d'une fleur, plus précisément d'une orchidée appelée « Vanda Miss Joaquim » ou « Zhoujin Wandailan ». Un hybride, le premier originaire de Singapour, entre « Vanda hookeriana » et « Vanda teres », cultivé par Miss Agnes Joaquim en 1893. En mandarin « Wandai » signifie « 10.000 générations » ou « éternel » et « Lan » signifie « orchidée ». C'est la fleur nationale de Singapour depuis 1981. Elle est particulièrement résistante et éclos tout au long de l'année. Elle a besoin de Soleil. Fleur synonyme d'Amour et de Beauté, elle est le symbole du « Lettré » dans la culture chinoise." (source: site internet de la Loge Wandailan- Fleur d'Asie)

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Publié le 19 mai 2016, mis à jour le 19 mai 2016

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