Les Conseillers du Commerce Extérieur (CCE) mettent depuis plus de 120 ans, bénévolement leur expertise et leur expérience au service du développement de la France. C’est une institution qui rassemble plus de 4000 membres dans près de 150 pays. Elle a bien évolué dans le temps, et elle est souvent méconnue malgré son rôle important.
Lepetitjournal.com de Singapour a rencontré Véronique Denis-Pelliet, Présidente du Comité des CCE à Singapour pour comprendre les rouages de l’institution et le fonctionnement du Comité CCE de Singapour, lequel, avec 60 Conseillers, représente le deuxième Comité le plus important en Asie après la Chine.
Lepetitjournal.com : Quel est le rôle du Comité CCE de Singapour ?
Véronique Denis-Pelliet : C’est bien sûr dans sa globalité aider au développement du commerce extérieur.
La première mission est de former et d’aider à la recherche d’emploi des jeunes qui veulent réussir à l’international. Il leur offre leur expertise, un soutien pour se développer à l’étranger notamment au travers de belles missions VIE, ceci grâce à la représentation des entreprises françaises à l’étranger.
C’est aussi soutenir le rayonnement de l’éducation française à l’étranger en favorisant et en s’impliquant, par exemple, dans les partenariats avec les universités. Faire la promotion de l’attractivité de la France comme une des missions CCE clé.
Avoir un rôle de Mentor grâce à l’expertise de chacun de nos membres, pour les nouvelles entreprises qui s’installent ou qui sont en devenir de s’installer à Singapour, ou encore celles qui sont dans le cadre d’une reconversion, d’un changement de cap stratégique. C’est une mission de conseil par le biais du mentoring de la société, et elle peut également se traduire par du mentoring individuel du dirigeant. À titre d’exemple, nous avons mis en place un programme « DUO Mentoring » avec la Chambre de Commerce Française de Singapour, notamment pour des entreprises qui s’installent dans la cité-Etat ou encore des start-ups qui ont besoin d’aide.
Une autre mission importante est de partager notre expertise et notre expérience dans des domaines divers, par l’échange ou l’apport d’informations spécifiques, et cela se traduit souvent par la mise en place de groupes de travail. Par exemple, au sein du comité de Singapour, nous travaillons sur les sujets qui traitent du développement durable, de la « Green Finance » aux problématiques de logistique ou transport. Nous avons également un groupe de travail sur la santé, un autre sur l’innovation…
Nous avons aussi traité du sujet FinTech il y a quelques années, Singapour devenant un Hub régional voire mondial en la matière. L’étude que nous avons menée a permis de donner le « paysage » du secteur à Singapour, et de partager des données clés aux entreprises françaises qui souhaitaient s'installer dans ce secteur-là.
La dernière mission mais qui n'en reste pas moins importante est d'entretenir un lien continu et direct avec les avec les pouvoirs publics présents dans le pays, en apportant des éléments « veille » sur le marché, des avis et recommandations.
Nous participons actuellement à un comité de pilotage CCE sur le COVID-19, nous tenons des réunions de crise avec tous les comités d’Asie, et à nous remontons des informations « terrain » très régulièrement à nos membres et aux pouvoirs publics.
Aujourd’hui, et plus que jamais, et c’est une volonté de notre président Alain Bentéjac, nous sommes des relais économiques importants pour l’état français. Nous nous devons de mener des actions concrètes et mesurables.
Quelle est la taille du comité CCE de Singapour ?
À Singapour nous avons près de 60 membres. Nous nous devons d’avoir une représentation équilibrée en termes de secteurs, certains de nouveaux membres du monde des nouvelles technologies, du retail, du eCommerce, du développement durable...
Nous avons pour objectif de féminiser nos comités, de tendre vers une parité, nous en sommes encore loin à Singapour. Il est en effet, parfois difficile de convaincre des femmes qui ont déjà des responsabilités, de consacrer bénévolement de leur temps restant…
Quels sont les profils et comment devient-on Conseiller du Commerce Extérieur ?
Nous souhaitons une mixité et une variété de profils, avec des chefs d'entreprise, des cadres dirigeants et des entrepreneurs.
Nous recevons des candidatures nombreuses et variées, le critère important est le nombre d'années d’expérience dans le pays, connaître l’écosystème et la vie économique du pays ou de la région dans laquelle on exerce son métier, apporter une expertise dans un domaine donné. Puis quelle est l’expertise que l’on va partager ? L’investissement que l’on souhaite apporter à la vie du comité ?
Il y a toujours dans les candidatures sélectionnées l’appréciation d’une volonté de faire quelque chose. Il faut ensuite rester Conseiller, et le renouvellement, après trois années de mandat, va être apprécié selon l'expertise et la contribution effective apportées.
Quel est votre regard sur le développement de Singapour, et le rôle que les entreprises françaises peuvent y jouer ?
Singapour est un hub économique incontournable pour le sud-est asiatique, et pour les sociétés qui s'installent en Asie. Cela le devient même, de plus en plus, aux dépends de Hong Kong quand les sociétés choisissent d’y installer leur siège pour l'Asie toute entière. Le gouvernement est très tourné vers l’innovation et le financement de l’innovation.
La France y joue un rôle important avec la French Tech et avec de belles entreprises dans le domaine de l’innovation (biotechnologie, smart city, « gaming » ...). Singapour offre de réelles opportunités de business et développement pour les sociétés françaises.
Pourquoi cette implication, qu'est-ce qui vous motive ?
Je suis Conseiller depuis 7 ans en Chine à Shanghai où j’ai d’abord travaillé pour Orange. J’étais alors régulièrement contactée pour des conseils, la Chine étant un pays compliqué et très règlementé dans le domaine des Télécom. J’ai été ainsi naturellement approchée par le service économique de l’ambassade pour savoir si je souhaitais devenir Conseiller du commerce extérieur.
Lorsque j’ai rejoint le comité de Singapour, j’ai très vite travaillé sur des sujets spécifiques comme le sujet « FinTech », j’en ai rejoint ensuite le bureau et en ai été élue Présidente en mars dernier.
J’ai accepté car je trouve qu’être Conseiller c’est aussi faire un retour à la France qui nous a permis de bénéficier d’une éducation de haut niveau et gracieuse, j’ai travaillé pour un groupe français qui a été soutenu par l’état … pour moi c’est un retour naturel qu’aider la France à rayonner à l’étranger. Je le fais très volontiers et bénévolement.
Point d’éclairage sur le réseau des Conseillers du Commerce extérieur de la France (CCE)
4500 femmes et hommes d’entreprise et experts de l’international au service du développement de la France depuis plus de 120 ans. Présents dans toutes les régions de France et dans plus de 150 pays.
Les Conseillers du Commerce extérieur de la France (CCE) mettent bénévolement leur expérience au service du développement de la France. Ils exercent au quotidien des actions concrètes en partenariat avec les acteurs publics et privés ayant un rôle dans la promotion et l’appui à l’internationalisation des entreprises françaises. Nommés par le Premier ministre, les CCE sont investis par les pouvoirs publics de quatre missions.
CONSEIL AUX POUVOIRS PUBLICS
Les CCE éclairent les décisions des pouvoirs publics par leur participation régulière aux conseils stratégiques du gouvernement, des régions et auprès des ambassades à l’étranger auxquels ils transmettent leurs analyses, avis et recommandations sur les problématiques des échanges internationaux ou des marchés spécifiques.
APPUI AUX ENTREPRISES
Les CCE accompagnent les entreprises dans leur développement à l’international par le suivi dans la durée de projets structurés ou de façon plus limitée par du conseil opérationnel ou des mises en relation. Les CCE contribuent aussi à la modernisation du dispositif de soutien au commerce extérieur.
FORMATION DES JEUNES À L'INTERNATIONAL
Les CCE sensibilisent les jeunes à l’international par des témoignages d’expérience dans les établissements d’enseignement supérieur ou par le partage de savoir-faire dans le cadre d’actions spécifiques.
PROMOTION DE L'ATTRACTIVITE DE LA FRANCE
Les CCE valorisent les atouts de la France et facilitent les décisions d’investissement sur le territoire français par les contacts qu’ils entretiennent avec les chefs d’entreprise et les autorités économiques de leur pays d’implantation.