

La Scientologie, les Témoins de Jéhovah, Raël et pléthore d'autres mouvements sectaires étendent leur influence un peu partout dans le monde. Si en France les sectes détournent les pratiques thérapeutiques ou encore les formations professionnelles, elles infiltrent aujourd'hui des organisations internationales telles que l'ONU. La mission française de lutte contre les sectes (Miviludes) veille à ce que ces mouvements sectaires restent sous contrôle
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La croix de la Scientologie (Clemens Bilan DDP/AFP/Archives)
(Rédaction Internationale) - La mission interministérielle de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes), menée par son président Georges Fenech, est entrée en croisade contre l'infiltration de plus en plus insidieuse des sectes dans la société française. Le rapport annuel de cette institution sous le giron du Premier ministre propose que la lutte contre les sectes passe de la dénonciation à l'action. La Miviludes annonce donc la création d'une cellule d'assistance judiciaire contre les sectes et présente un projet d'encadrement de ces mouvements dangereux.
La nécessité du recensement
Depuis 1995 et le rapport polémique Gest-Guyard qui faisait la liste des groupes sectaires, la France a abandonné tout recensement de ce type de pratique. La Miviludes souhaite donc reprendre le référencement des mouvements considérés comme des sectes, en regroupant des données telles que les méthodes pratiquées, les démêlés avec la justice, des témoignages de victimes mais aussi, dans un souci d'équité, des déclarations de responsables de ces mouvements. Georges Fenech va également demander à François Fillon que toutes ces informations soient disponibles sur Internet afin de sensibiliser un public qui se fait souvent duper par des communautés en apparence inoffensives.
Une lutte de tous les ministères
Le rapport met également en avant la nécessité d'un effort interministériel, notamment dans les domaines de la santé, du travail et de l'éducation. Le rapport s'inquiète en effet de l'"explosion de la bulle psy accompagnée de nombreuses déviances". De nouvelles méthodes thérapeutiques voient le jour, et, sous couvert de guérison, des praticiens -peu scrupuleux et sans aucune formation- endoctrinent et escroquent leurs patients. La profusion de ces thérapeutes devrait cependant s'estomper grâce au cadre plus strict de la nouvelle loi sur l'hôpital. La Miviludes souhaite aussi réformer plus efficacement les formations professionnelles qui attirent également les gourous de toutes natures. Le ministre de l'Education nationale, Xavier Darcos a, quant à lui, lancé un recensement des enfants suivant une instruction à domicile pour repérer ceux aux prises d'une communauté de type sectaire.
Une influence inquiétante
Alors que la France devient de plus en plus active dans la lutte contre les mouvements sectaires, la Miviludes s'inquiète de l'entrisme de sectes déguisées en ONG dans des institutions internationales comme l'ONU ou l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE). Des organisations de défense des libertés religieuses, qui sont vues comme des "minorités de conviction" par les institutions internationales, cachent en effet des mouvements sectaires dangereux et dont l'influence ne cesse de grandir. Pour preuve : avant la parution de son rapport, la Miviludes a reçu une visite bien étrange d'inspecteurs de l'OSCE venus vérifier si l'action de la mission ne porte pas atteinte aux droits de l'Homme et à la liberté religieuse. L'Eglise de Scientologie, sous le coup d'une action judiciaire en France (voir en dessous), avait ouvertement suggéré à l'OSCE, dans son périodique promotionnel du mois de mars, de surveiller "étroitement les activités de la Miviludes et de son nouveau président, afin de détecter toute violation des principes de liberté de religion".
Si la Miviludes a encore beaucoup de chemin à faire pour stopper la progression des mouvements sectaires en France, elle compte bien entraîner dans son élan le reste du monde, à commencer par l'Europe. "La Miviludes n'a pas d'équivalent en Europe. Mais je m'active beaucoup en ce moment pour qu'un vaste programme sur les dérives sectaires soit lancé à l'échelle de l'Union. Il pourrait être abrité par l'Agence européenne des droits fondamentaux." a confirmé Georges Fenech.
Damien Bouhours (www.lepetitjournal.com) mardi 19 mai 2009
En savoir plus
Article de Libération, Le rapport qui démonte la secte machine
Article du Figaro, «Il faut une nouvelle liste des mouvements sectaires»
La Scientologie au banc des accusés
Le 25 mai se tiendra au tribunal correctionnel de Paris un procès historique : celui de l'Eglise de Scientologie. "C'est la première fois que la Scientologie est renvoyée en correctionnelle en tant que personne morale pour escroquerie en bande organisée. Elle pourrait donc être condamnée en tant que telle.", se réjouit Georges Fenech, président de la Miviludes. Cette instruction représente un deuxième coup dur pour l'organisation fondée par le romancier de science-fiction Ron Hubbard puisqu'elle fait aussi l'objet d'un procès du même type en Belgique. Ce n'est pas la première fois que la secte aux poches bien remplies est assignée en justice en France, mais elle a toujours été relaxée ou n'a été condamné qu'à des peines mineures. Or, si cette fois la Scientologie venait à être jugée coupable, elle deviendrait alors illégale dans l'Hexagone. Si la secte très people pourrait être amenée à disparaître du territoire français, elle n'en est pas moins présente un peu partout dans le monde et est d'ailleurs considérée comme une religion à part entière dans de nombreux pays comme les Etats-Unis, l'Espagne ou encore l'Italie. D.B (www.lepetitjournal.com) mardi 19 mai 2009
En savoir plus
Article de l'Express, Enquête sur une secte qui fait peur


































