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Lençóis Maranhenses : nous sommes dans de beaux draps ! 

Lençois maranhensesLençois maranhenses
© Felipe T. Toniato
Écrit par Felipe Toniato
Publié le 7 décembre 2020

Confinement, restrictions, annulations… l’année 2020 a chamboulé le secteur du tourisme. Mais avec l’allègement des mesures de sécurité, pourquoi ne pas se permettre (tout en respectant les impératifs sanitaires toujours en vigueur) de visiter l’un des plus beaux endroits au monde ? Quitte à être dans de  beaux draps, autant aller les visiter !

Pour débuter ces carnets de voyage ici sur lepetitjournal.com, nous avons choisi une destination très accessible depuis la région sud-ouest du pays : les Lençóis Maranhenses.

Du sable blanc à perte de vue, infini et mouvant. Les Lençóis, ou « draps du Maranhão », comme les draps d’un lit, ondulent sur plus de 90.000 hectares. Ils font partie d’un parc national, grand de 1550km², créé en 1981. Bordées par l’Océan Atlantique, ses dunes avancent jusqu’à 25km à l’intérieur des terres. Le vent souffle fort pendant la saison sèche (de juillet à décembre) et vient cueillir du sable aux rives du fleuve Preguiças, pour le déposer au sommet des dunes. Celles-ci bougent tout au long de la saison, comme accompagnant le rythme tranquille du forró. La nature y est imposante, majestueuse, saine et propice aux cures de santé.

De São Paulo à São Luis et au-delà l’aventure

Tout commence à Barreirinhas, petite ville à 256 km de São Luís, la capitale de l’Etat du Maranhão. La route est bonne et le trajet ne dure pas plus de 4 heures. Nous arrivons le jour même de la balade et sommes déposés directement à notre lodge. Il existe des centaines de pousadas à Barreirinhas, un vaste choix allant du très luxueux à la simple chambre sans douche.

Après le repas, la jardineira (ce que l’on appelle jardinière est un 4x4 adapté au transport de passagers, moyennant l’installation de sièges dans sa benne) vient nous chercher. À préciser que l’heure de la visite dépendra de ce qui a été convenu, en amont, avec l’agence de voyages. Des balades matinales ou vespérales sont proposées. Cela permet d’apprécier, bien évidemment, le lever ou le coucher du soleil. En outre, le guide nous dit que des campements pour une nuitée sont possibles. Traversant la ville, en tournant à gauche au dernier embranchement, se trouve le Preguiças.

Coulant doucement, marron et paresseux comme son nom l’indique, le Preguiças sert de fosse de défense entre la civilisation et la nature. Du coté de sa rive urbaine, une queue de jardinières est formée. Ceci s'explique par la taille et aussi par la précarité du radeau employé pour la traversée : une plateforme en bois, toute juste suffisante pour que quatre véhicules et ses passagers passent à la fois. Plateforme qui n’est cependant pas motorisée. Summum de l’ingéniosité brésilienne, un bateau remorqueur pousse, le radeau et nous, vers l’autre rive. Le changement de décor est immédiat.

Lençois maranhenses
© Felipe T. Toniato

Un fleuve tranquille, une route agitée

Le goudron reste loin derrière, ici nous roulons sur du sable. Il nous manque encore de la piste pour arriver au campement de base. Le guide nous presse gentiment pour monter. Il faut se tenir rigoureusement à l’emploi du temps si nous voulons profiter du coucher du soleil au bon endroit.

La route est bordée par des arbres natifs, verts et drus, qui viennent frapper tout ce qu’ils arrivent à toucher pendant le chemin : bras, têtes, visages. Par-ci et par-là nous apercevons des maisons simples, du bétail et des chiens errants. Nous demandons au guide (surnommé Negão) qui sont ces gens. Il nous dit qu’ils sont les descendants d’une famille longtemps installée, avant même la création du parc. Eux seuls sont autorisés à y planter, construire et vivre. Ils sont installés le long de la route et, si l’on fait très attention, il n’est pas difficile d’apercevoir le patriarche en train de prendre son apéro devant chez lui.

La piste est pleine de bosses et le trajet est éprouvant. Nous sommes secoués, jetés en arrière, puis en avant, nos têtes heurtent le plafond. Nous sommes dans une espèce de tunnel vert et jaune sans fin. De temps en temps le conducteur s’arrête pour vérifier si nous sommes sur la bonne voie. Dans un moment de désespoir, nous nous demandons si l’effort en vaut la peine. Finalement, au bout d’une heure, nous voyons le parking et les autres voitures. Finies les souffrances : nous sommes au campement de base.

Au sommet à bout de souffle

Arrivés au campement de base, un petit chemin sablonneux et entrecoupé de ruisseaux nous mène au parc. Au bout devant nous, un immense mur de sable se dresse. La montée est raide et physique, cependant faisable. Les PMR peuvent aussi faire cette balade, car des accès leur sont prévus et les guides s’occupent de l’ascension.

Une fois en haut, les couleurs du chemin, jusque-là vibrantes, s’effacent pour laisser place au blanc et au bleu. Nous ne sommes pas seuls, bien au contraire. Des centaines de touristes sont là aussi, comme si la COVID n’existait pas. De petits points colorés sur une toile blanche. Ceci ne gâche pas la visite ; du fait de l’immensité de l’endroit, il y a de la place pour tous. Negão nous retient pour donner des explications – il faut s’en tenir à son programme, sinon pas de coucher de soleil.

L’eau est d’un bleu saphir et tiède comme un bain. La plus belle baignoire au monde ! Il nous est accordé quarante minutes (hélas) avant qu’on ne se dirige vers un autre point d’eau. Fini le bain, il est temps de parcourir les dunes.

Nous faisons le tour du lagon, pour prendre un passage étroit qui le coupe en deux. Comme chacun passe à son rythme, très rapidement une ligne se forme et, à distance, nous avons l’impression de suivre une caravane. Ensuite, nous remontons une dune assez élevée. Du sommet, l’on s’aperçoit que la région porte bien son nom : « Lençóis » ... des draps immenses, déployés pêle-mêle, comme au lendemain d’une nuit de noces. L’amplitude nous rend petits. D’un coup, nous oublions le monde extérieur. Il n’existe que les dunes, le vent, le ciel et l’eau. Nous sommes immergés dans le silence.

La procession du soleil couchant

A la fin de la marche, le deuxième lagon est visible. Nous sommes un peu déçus, car celui-ci est plutôt terne en couleur. De la mousse pousse partout. Le guide nous dit qu’elle est formée par les organismes qui y vivent, ramenés de loin par le vent.

Après un nouveau bain, nous approchons la fin de la journée. Des rayons orangés commencent à teindre le bleu immaculé du ciel. Negão nous dit qu’il faut se dépêcher. En regardant tout autour, nous voyons que la masse de gens converge vers un point plus haut. Une procession d’adorateurs cherchant à voir son idole une dernière fois. Nous montons et nous tournons vers l’ouest.

Le soleil éclate en rouge, jaune, orange. Le blanc des dunes reflète cet éclat. C’est magnifique. Tout le monde est assis en silence. La nature nous rend muets. Le spectacle est fulgurant et une fois le soleil derrière les nuages, les tons tournent au gris. Il est temps de partir. Nous sommes en haut d’une des plus grandes dunes du parc, culminant à 82 mètres. Nous y voyons le grand tapis vert formé par la forêt en bas, ultime cadeau visuel.

Une fois descendus, nous nous dépêchons car le guide nous dit que la traversée du retour peut être longue. Nous n’avons pas le temps de voir les petits étals qui vendent de l’artisanat. Tant pis, nous avons déjà tous les souvenirs en tête. Une heure et demie après nous sommes de retour à l’hôtel.

Lençois maranhenses
© Felipe T. Toniato

Quelques conseils pratiques, pour mieux profiter du séjour :

-    Consultez plusieurs agences de voyages pour avoir une idée générale des prix. Il existe des opérateurs francophones sur place ;
-    Si vous pensez que 4 heures de route, suivis de la balade qui durera 4 heures en plus, c’est trop éprouvant, voyez avec l’agence pour couper le trajet en deux (nous l’avons fait vite, faute de temps) ;
-    Prévoyez de l'argent en liquide, car si vous vous trouvez coincé.e.s au retour, les vendeurs de nourriture n’acceptent pas la carte bleue ;
-    Barreirinhas est une ville étendue et vous pouvez vous retrouver excentré.e.s. Pour le diner, des restaurants (souvent les plus chers) proposent le transfert ou vous pouvez demander à l’hôtel le numéro d’un taxi. Ils sont fiables et les tarifs sont corrects ;
-    Vivez cette expérience avec tous vos sens. Les Lençóis sont un endroit unique au monde et l’on peut vite se laisser emporter par l’envie de tout prendre en photo. Faites confiance à votre mémoire et ne gardez que l’essentiel ;
-    Toutes les consignes sanitaires sont en place, mais l’on peut constater des dérives de la part de certains voyageurs. Gardez vos distances et profitez au maximum.

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