Balade terrestre et aérienne autour du Val d’Anhangabaú, dans le cœur historique de São Paulo, avec Charly Andral-Osbourne, habitant passionné et amateur de démesures.
“Qui comprend Anhangabaú, comprend l’évolution de São Paulo“. La formule accroche ; normal, de la part d’un communicant aux multiples talents. Charly Andral-Osbourne est un grand maigre à l’appétit démesuré. On le devine dans son regard: un air de Rastignac défiant Paris depuis le cimetière du Père-Lachaise ; un amoureux des fêtes sans mesure - l’hubris est son totem, et le nom (sans h) de son entreprise événementielle.
Un tel appétit méritait une ville à sa mesure. Un séjour à São Paulo en 2016, et il décide d’y rester, se passionnant pour son bouillonnant centre-ville. Désormais, depuis sa drôle de salle, qu’il a achetée pour rien au quarante-troisième et dernier étage de l’immeuble le plus haut de la ville, et aménagée provisoirement dans un style "chantier yanomami“, il peut “lancer sur cette ruche bourdonnante un regard qui [semble] par avance en pomper le miel.“ Merci Balzac.
Nous sommes au Mirante do Vale, un parallélépipède des années soixante, toujours dans son jus. C’est le clou final d’une grande boucle autour du Vale de l’Anhangabaú, du nom de la rivière qui l’a creusé. Son eau était très acide et ferrugineuse ; les indiens tupis l’avaient alors baptisée « eau vénéneuse ».
Aujourd’hui la rivière est enterrée, mais le val continue de raconter l’histoire de la ville, depuis le temps où il marquait sa limite jusqu’à son énième transformation en cours (une grande esplanade très minérale et toujours objet de polémiques), en passant par toutes ses conquêtes successives: des parcs, des viaducs, des voitures. La plus belle reste celle du million de personnes manifestant dans ce creux urbain pour des élections présidentielles directes (“Diretas já“) en 1984, un an avant la fin de la dictature militaire.
Charly n’est pas un guide professionnel. Mais ce n’est pas grave. Son parcours entre les points et immeubles remarquables du quartier est préparé, maîtrisé, illustré. Il connaît son sujet, en ce qu’il travaille pour la Ville de São Paulo sur l’inventaire de la mémoire paulistana. Mieux encore, c’est la passion qui le guide et, par transitivité, chaque visiteur qui le suit autour du Vale d’Anhangabaú. Sur la terre comme au gratte-ciel.
Contact: Charly Andral-Osbourne +55 11 944437740