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Brésil: Le jeu d’échecs de la campagne présidentielle 2022

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Jeu d'échecs et politique brésilienne / Vincent Bosson
Écrit par Vincent Bosson
Publié le 6 avril 2022, mis à jour le 6 avril 2022

Avec la fin de la « fenêtre partisane », le jeu politique se réorganise et chaque parti tente de gagner en force, à six mois des élections présidentielles au Brésil. Les sondages montrent un pays encore polarisé entre le président sortant Jair Bolsonaro et l’ex-président Luiz Inácio Lula da Silva qui réunissent une large part des intentions de vote. L’ancien juge et ministre Sergio Moro, quant à lui, abandonne la course présidentielle et João Doria gagne l’appui d’un parti encore divisé.

 

Fin de la « fenêtre partisane »

La « janela partidária », ou la « fenêtre partisane », période pendant laquelle les députés peuvent changer de parti sans perdre leur mandat, a pris fin début avril. Ce dispositif prend fin six mois avant le premier tour des élections prévues le 2 octobre 2022. La loi date de la réforme électorale de 2015, à la suite d’une décision du Tribunal supérieur électoral (TSE) selon laquelle le mandat remporté lors des élections proportionnelles (pour les députés et les conseillers) appartient aux partis et non aux candidats élus. Si le parlementaire change de parti en dehors de la « fenêtre partisane » sans fournir de justification prévue par la loi, il peut perdre son mandat.

 

Selon le journal Folha de São Paulo, plus de 100 députés sur 513 ont changé de parti pendant cette période, nombre qui peut augmenter étant donné que les partis ne sont pas obligés d’en informer, dans l’immédiat, ni le parlement ni la justice électorale.  

 

Jair Bolsonaro priant pendant la "motociata" à São Paulo
Jair Bolsonaro priant pendant la "motociata" à São Paulo / Vincent Bosson

 

Le parti de Jair Bolsonaro (PL) renforcé au parlement

Dans ce jeu des chaises musicales, où 33 partis politiques se disputent les pouvoirs fédéraux, le parti de Jair Bolsonaro (PL) augmente son influence avec le plus grand groupe parlementaire. En outre, une grande partie des nouveaux députés du PL viennent de l’União Brasil, créé à partir de la fusion du DEM et du PSL, parti avec lequel Jair Bolsonaro a été élu en 2018.

 

Le fameux « centrão », formé par le PP et les Republicanos, entre autres, réunissent également de nouveaux députés. La plupart des partis du « centrão » n'ont pas un rôle idéologique clair (bien qu'ils soient souvent classés au centre et au centre-droit) et sont prêts à négocier un soutien à l'exécutif en échange de postes dans l'administration publique.

 

Le jeu d’échecs de la campagne présidentielle

L’ancien juge et ministre Sergio Moro a quitté le parti Podemos et a annoncé ne pas se présenter pour l’élection présidentielle. Il a rejoint le parti União Brasil et, après quelques incertitudes, a décidé de se présenter comme sénateur pour l’État de São Paulo. Ainsi, une partie des votes de l'ancien juge devrait bénéficier au président sortant Jair Bolsonaro, selon les analystes politiques.  

 

Le gouverneur João Doria (PSDB) a quant à lui confirmé sa candidature à la présidentielle. Toutefois, une aile importante du parti continue de défendre la candidature d'une autre personnalité politique Eduardo Leite. Selon ses partisans, il est considéré comme une meilleure option pour une candidature unique de la « troisième voie », articulée par União Brasil, MDB, PSDB et Cidanania.

 

Concernant les mouvements du président de la République Jair Bolsonaro, il a exonéré neuf de ses ministres afin qu'ils puissent se présenter aux élections et agir dans les États fédéraux. Parmi eux, Damares Alves, qui devrait se présenter au Sénat et Tarcisio de Freitas, au gouvernement de São Paulo.

Pendant ce temps, l'ancien président Lula noue des alliances avec des partis de gauche et du centre, comme le PCdoB et le PV, participant à différents évènements avec ses sympathisants.

 

Finalement, à partir de ce panorama, il apparaît que les débats autour de l’élection présidentielle au Brésil s’orientent à nouveau vers la polarisation et qu’une alternative politique aura de la peine à émerger.

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