L'enquête sur l'Amérique latine, publiée récemment par la Fondation Getulio Vargas (FGV), indique que le conflit entre la Russie et l'Ukraine est susceptible d'aggraver encore les incertitudes qui pèsent sur l'économie mondiale. Au Brésil, les répercussions économiques de la guerre devraient nuire, au moins, à trois secteurs : le carburant, la nourriture et les devises étrangères.
Le système de paiement interbancaire SWIFT
D’abord, avec l'annonce par l'Union européenne de l'exclusion de sept banques russes du système de paiement interbancaire SWIFT à partir du 12 mars, il s'agira d'un embargo majeur sur les exportations et les importations russes. Le blocus des banques russes rend donc les transactions commerciales impossibles pour tous les pays qui font des affaires avec la Russie.
Swift est l'abréviation de Society for Worldwide Interbank Financial Telecommunication. Il s'agit d'une coopérative mondiale, leader dans les transferts financiers rapides et sécurisés entre entreprises et particuliers dans de nombreux pays.
Le pétrole et le gaz naturel
La Russie est le premier producteur mondial de gaz naturel et le prix du pétrole, dont le baril de Brent a atteint son plus haut niveau depuis 2014, devrait peser lourdement dans l’économie brésilienne.
En effet, le Brésil utilise le gaz naturel pour alimenter les centrales thermoélectriques et, selon le site d’information ÂgenciaBrasil, la perspective est que l'élévation des réservoirs des centrales hydroélectriques en début d'année puisse compenser cette période d’instabilité.
En ce qui concerne l'essence, la reprise de la récolte de canne à sucre fait baisser le prix de l'alcool, ce qui contribue aussi à maintenir la pression du baril de pétrole. Depuis novembre dernier, le litre d'éthanol a accumulé une baisse de 24,6 % à São Paulo, selon le Centre d'études avancées en économie appliquée (Cepea) de l'université de São Paulo.
L’agriculture
La Russie est un grand exportateur de céréales et d'engrais et le Brésil achète 20 % de ses engrais sur le marché russe. Aussi, les produits agricoles de base devraient connaître une forte hausse des prix dans les mois à venir en raison des sanctions imposées au pays. Notons qu’une grande partie du blé vendu au Brésil provient d'Argentine. En 2021, sur les 6 millions de tonnes importées, seules 28 000 provenaient de Russie. Cependant, comme il s'agit d'une matière première, les prix du blé sont fixés par le marché international. Or, la menace de pénurie causée par les sanctions commerciales contre la Russie aura sans doute des effets sur la hausse des prix et entraînera une hausse de l’inflation.
Les devises étrangères
Le troisième facteur de la crise entre la Russie et l'Ukraine sur l'économie brésilienne sera le taux de change. Pour l'instant, les effets sur le taux de change sont relativement faibles, car le Brésil a bénéficié d'une baisse de près de 10% de la devise américaine dans les 2022 cumulés. La prolongation du conflit pourrait toutefois annuler la baisse du dollar enregistrée en début d'année.
Le secrétaire national au budget, Paulo Valle, a déclaré que le Brésil était prêt à faire face aux conséquences économiques de la guerre. Selon lui, le pays dispose d'importantes réserves internationales et d'une faible participation étrangère à la dette publique.
Toutefois, selon les économistes, si le dollar continue de monter et que l'inflation ne cède pas, la Banque centrale pourrait être contrainte d'augmenter le taux Selic plus que prévu. Dans ce cas, la croissance économique pour cette année serait encore plus compromise.
Le Selic est le taux d'intérêt de base de l'économie. Il s'agit du principal instrument de politique monétaire utilisé par la Banque centrale pour contrôler l'inflation. Il influence tous les taux d'intérêt du pays, tels que les taux d'intérêt sur les prêts, les financements et les investissements financiers.