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Les peuples indigènes du Chili écriront la nouvelle constitution

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Cuidro - Licence Creative Commons (wikimedia commons)
Écrit par Naïla Derroisné
Publié le 16 décembre 2020, mis à jour le 28 janvier 2021

Mardi soir, le sénat chilien a voté en faveur de l'accord garantissant des sièges aux peuples indigènes du Chili dans le processus de rédaction de la nouvelle constitution. En amont, les députés avaient également approuvé cette mesure.

C’est une première mondiale. L'année prochaine, le Chili rédigera sa nouvelle constitution en incluant les peuples indigènes du pays. Après les députés, se sont les sénateurs qui ont voté en faveur de cette mesure historique. À l’unanimité, le sénat entérine donc la décision de réserver 17 sièges (sur les 155 au total) aux différents peuples originels dans l’assemblée qui formera la convention constituante, l’organisme chargé de rédiger la nouvelle constitution.

Les peuples Mapuche, Aymara, Rapanui, Quechua, Diaguita, Atacameño, Colla, Kawesqar, Yagán et Chango, seront donc assurés d’être représentés au moment de l’écriture du nouveau texte.

Le sénateur Rodrigo Galilea, du parti Renovación Nacional, positionné à droite, a indiqué que : "Les objectifs de ce projet ont été atteints. Ils consistaient en une seule chose, que les peuples originels du Chili puissent être représentés et puissent voter dans le processus de rédaction de la nouvelle constitution."

Les dirigeants des communautés indigènes pourront défendre leurs droits qui ont historiquement été niés par l'État - Deputée Emilia Nuyado.

En parallèle, le député Cristóbal Urruticoechea, qui a récemment quitté le parti Renovación Nacional, a voté contre l'accord et a expliqué que : "réserver des sièges c’est une forme de discrimination qui favorise un groupe d’individu sans considérer ses capacités ou encore son mérite. Si les partis politiques veulent absolument que les peuples indigènes participent davantage à la vie politique, qu’ils leur donnent alors un appui et la priorité sur leurs listes électorales."

La députée du parti socialiste Emilia Nuyado, d’origine mapuche, regrette que l’iniciative qui concerne la participation du peuple tribal afrodescendant n’est, quant à elle, pas été retenue. En effet, les députés tout comme les sénateurs, ont rejeté cette mesure. "Ce n’est pas le meilleur des accords mais il permettra le dialogue et la communication. Désormais, les dirigeants des communautés indigènes pourront défendre leurs droits collectifs et terrioriaux, qui ont historiquement été niés par l’État", a commenté Emilia Nuyado.

Au sein de la communauté mapuche, la nouvelle n'a pas été reçue avec autant d'enthousiasme. Elizabeth Almendras Maricura est membre de ce peuple indigène, majoritaire au Chili. Elle vit dans le sud du pays, dans la région de Bíobio, et selon elle la quatité de sièges attribuée est loin d'être suffisante : "Pour la communauté mapuche nous demandions 24 sièges, nous n'en n'avons eu que 7. Ce n'est pas du tout représentatif de la population globale du pays. Et c'est discriminatoire. Avec 7 sièges nous aurons moins de poids lorsqu'il s'agira d'écrire la nouvelle consitution. Encore une fois, ce sont les politiques qui décident de tout. Et ça, en tant que peuple mapuche, nous n'en voulons plus", termine-t-elle. 

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