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OLIVIER CADIC - Le sénateur des Français établis hors de France répond

Écrit par Lepetitjournal San Salvador
Publié le 8 mars 2016, mis à jour le 9 mars 2016

À la suite de sa visite en Amérique centrale et au Mexique, le sénateur Olivier Cadic a accepté de répondre à nos questions.

 Lepetitjournal.com Vous êtes actuellement le sénateur des Français établis hors de France. Mais quel a été votre parcours avant d'entrer politique?

 Olivier Cadic En 1982, je crée mon entreprise d'électronique à 20 ans à Paris. Elle devient un centre de recherche agréé et a associé son nom aux grandes réalisations françaises : avion Rafale, char Leclerc, TGV, fusée Ariane, sonde martienne du CNRS. En 1995, je crée le bimestriel "Pistes et Pastilles" devenu une référence éditoriale pour l'industrie électronique et un acteur déterminant dans la défense des intérêts de la profession. L'année suivante, je transfère le siège social de mes sociétés à Ashford, situé à deux heures d'Eurostar de Paris et fonde l'association "La France libre ...d'entreprendre". En 1999, je lève 10 millions d'euros auprès de prestigieux fonds de capital-risque, et crée PCB007.com, la première place de marché mondiale du circuit imprimé sur internet. A partir de 2003, je cède, tour à tour, toutes mes activités en électronique pour me consacrer à de nouveaux challenges.

Vous habitez Londres. Quelles sont vos activités au Royaume-Uni?

J'habite Canterbury dans le Kent près d'Ashford, premier arrêt Eurostar au Royaume-Uni.

Depuis fin 2005, par l'intermédiaire de Cinebook, ma société d'édition, je fais la promotion avec ma compagne de la bande dessinée franco-belge auprès des anglo-saxons. Nous traduisons et publions une cinquantaine de série à succès en anglais dont  Lucky Luke, Iznogoud, Blake & Mortimer, Spirou, Largo Winch et Thorgal. Nous les vendons dans le monde entier. Cette entreprise a la particularité de fonctionner de façon très souple avec 0 papier et 0 salarié. Toutes les personnes qui travaillent pour notre société sont réparties dans le monde entier et travaillent en « free-lance ».

Pourquoi être entré en politique?

Connaissant de longue date mon intérêt pour la chose publique et mon parcours, la Sénatrice Joëlle Garriaud-Maylam m'a invité à m'engager en politique en 2005 et à dynamiser l'action de l'Union des Français de l'Étranger (UFE) en Grande-Bretagne. Élu en 2006 à l'Assemblée des Français de l'étranger, je me suis fixé deux priorités : l'emploi et l'éducation. Un nombre important de nos compatriotes se rendent souvent au Royaume-Uni pour y trouver un premier emploi. Tout ce qui facilite leur établissement contribue à la réduction du chômage en France. J'ai soutenu la création d'un plan Emploi à Londres pour aider le Centre Charles Péguy à augmenter le nombre de placements afin d'atteindre un objectif de 1000 placements de jeunes par an. À mon arrivée, les capacités d'accueil du lycée Charles de Gaulle étaient notoirement insuffisantes pour faire face aux attentes des familles françaises à Londres. J'ai obtenu la création du plan écoles qui fonctionne en mode participatif. Il a permis de créer de nouveaux établissements secondaires, ce qui n'était pas arrivé depuis 1917 !

Quel est l'avantage d'être un "sénateur-entrepreneur" comme vous vous présentez vous-même?

Dans une entreprise, une fois que l'on a proposé une innovation, tout le monde attend la grande idée du chef mais le dernier service à rendre est bien de fournir une réponse aux questions des gens. Je préconise la création d'un environnement où les gens travaillent de façon participative et trouvent ensemble les réponses aux questions qu'ils se posent. Le jour où j'ai décidé de ne plus rien décider, j'ai retrouvé une grande liberté. Je pense que toutes les décisions devaient être prises de façon collective, dans la recherche du consensus. Je ne suis pas là pour défendre une ambition personnelle ; j'ai été élu sénateur par un concours de circonstance lorsque le sénateur Christophe-André Frassa m'a proposé de me joindre à une liste d'union UMP-UDI. Je suis le seul sénateur UDI de centre-droit pour les Français de l'étranger et j'arrive en me demandant comment je peux être utile, sans chercher à faire de grands discours ou à produire des textes. Je veux produire du résultat : c'est une évolution dans la façon de faire de la politique.

Votre circonscription est grande (le monde entier). Comment choisissez-vous vos destinations?

Lorsque nous siégeons du mardi au jeudi au sénat, je privilégie l'Europe pour mes déplacements. Lors des semaines de suspension de travaux, j'en profite pour organiser des tournées plus lointaines. J'ai privilégié le Maghreb, le Moyen-Orient et l'Amérique centrale. Mais j'ai fait également un déplacement en Amérique du nord et en Asie. En 2015, j'ai effectué 44 déplacements dans 27 pays, auxquels s'ajoutent une trentaine de déplacements au Royaume-Uni où je réside toujours.

Qu'est-ce qui vous a motivé à nous rendre visite en Amérique centrale? 

Alain Kahn, notre conseiller consulaire pour Salvador et le Guatemala, est venu me voir au Sénat l'an dernier. Il souhaitait m'exprimer sa préoccupation face à la perspective de fermeture prochaine du consulat à Salvador. Il a souligné la dangerosité de la route que devraient emprunter les Français du Salvador voulant se rendre au Guatemala si le consulat n'est plus à San Salvador. Mon action vise à compenser la réduction du réseau consulaire par la création de nouveaux services de proximité comme la saisie des empreintes biométriques par les consuls honoraires. Cela éviterait de longs déplacements vers les consulats pour nos compatriotes. J'ai donc décidé de venir au Salvador pour étudier la situation après être passé au Honduras qui se retrouve dans cette situation depuis plusieurs mois. Je me suis rendu ensuite au Guatemala avec Alain Kahn.

 

Olivier Cadic, David Izzo, Alain Kahn

Pensez-vous qu'il y reste un espoir pour que la restructuration du réseau consulaire épargne El Salvador?

La décision de transférer la section consulaire de San Salvador à Guatemala dans le cadre de l'évolution du format de l'ambassade au Salvador a été annoncée, il y a maintenant plus d'une année. Notre ambassadeur David Izzo a pour mission de préparer cette évolution. Alain Kahn fait un excellent travail de lanceur d'alerte pour prévenir tout drame susceptible d'atteindre un compatriote qui déciderait de se rendre en voiture en famille sur cette route dangereuse. Il a envoyé à nos ambassadeurs une vidéo récente qui atteste du danger.  Le Ministère des Affaires Étrangères fait face à des contraintes lourdes (budgétaires, en effectifs, réorganisation du réseau pour être au plus près des communautés en croissance forte etc.) à l'instar des autres administrations. Actuellement, 26 Postes sont concernés dans le monde. Le ministère n'envisage pas de revenir sur cette décision mais devra prendre en compte le principe de précaution défendu par Alain Kahn.

Dans l'exercice de votre mandat, avez-vous une ou des priorités plus générales? 

Mes engagements de campagne lors de l'élection sénatoriale sont consignés en 31 défis. Lire les défis ?

Je souhaite en relever le plus grand nombre. Avec le soutien de nos élus consulaires, je fais inlassablement des observations et des propositions sur tous les dossiers qui peuvent les concerner pour obtenir des résultats. Je pense à l'amélioration de leur quotidien et le respect de leurs droits, qu'il s'agisse de protection consulaire, d'informatisation des procédures administratives, d'accès à l'enseignement français, de mobilité professionnelle, de fiscalité non discriminatoire, de protection des enfants placés en famille d'accueil, pour ne citer que ces quelques exemples.

 Jean-Jacques Sutra (www.lepetitjournal.com/sansalvador) mercredi 9 mars 2016

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Publié le 8 mars 2016, mis à jour le 9 mars 2016