

L'univers d'Olivier Adam est particulièrement noir. (Photo : Editions de l'Olivier)
Avec son Goncourt de la nouvelle l'an dernier, Passer l'hiver l'avait démontré : Olivier Adam décrit avec talent le désespoir contemporain, l'impossible articulation du monde et de la personne. Ses portraits sont acérés, son empathie forte avec ses personnages. En passant au roman, l'auteur ne change pas d'univers.
Falaises est assurément l'histoire d'une vie empêchée. Son narrateur a 31 ans, une compagne et une toute petite fille. Une nuit, face àla mer d'Etretat, il se souvient de la tragédie qui a marquéson existence. Il avait 11 ans. Après un internement psychiatrique, sa mère s'était donnéla mort du haut des falaises qu'il contemple. Son frère a basculédans un étrange coma dont il est sorti mutique, face àun père terrifiant, sans une once d'amour ou de compréhension.
À l'approche de l'adolescence, c'est l'alcool, les drogues, la perte d'un ami, le départ du frère. Adulte, c'est la galère àParis, les rencontres et la perte ànouveau. Un parcours difficile qui mène àl'écriture.
La mémoire et la mère
Le fond de l'air est plutôt rigoureux et les moments de légèretérares. Autobiographique ou non (le narrateur s'appelle Olivier et a le même âge que l'auteur), le récit multiplie les entraves. Un trajet en voiture, une auto-agression froide : la première partie, consacrée àl'avant et àl'après du suicide maternel est un bijou d'émotions brutes et de nettetéd'écriture.
La suite du parcours semble vouloir proposer un pendant français au cinéma de Larry Clark, avec ses adolescents àla dérive, àla sexualitéprécoce, confrontés àla mort violente d'un camarade.
Alors qu'Adam excelle sur une courte distance, les noirceurs accumulées sur les mêmes personnages finissent par nuire au propos.
De fait, si Olivier Adam ne tient pas encore avec Falaises SON grand roman, on attend la suite !
Jean Marc JACOB. (LPJ) 18 novembre 2005
Falaises, Olivier Adam, Editions de l'Olivier, 208 pages, 18 €






























