

Allemande de naissance, française de culture et italienne d'adoption, Monique Veaute est un concentré d'Europe. A l'origine du Romaeuropa Festival, elle a accepté de se pencher sur l'édition 2007 pour présenter ses caractéristiques. Rencontre.
Comment définiriez vous la thématique du Romaeuropa Festival ?
Tout festival est basé sur un contexte. Rome est une ville de patrimoine. Il nous semblait intéressant de travailler sur ce contraste apporté par l'art contemporain. Le festival s'ancre également dans notre goût pour la rencontre avec les artistes. Ils nous apportent une ouverture. Nous sommes des passeurs de leurs visions d'artiste auprès du public. Chaque année apporte sa problématique. En 2007, nous proposons un grand voyage dans l'hémisphère nord entre l'Europe, le Canada, le Moyen-Orient et l'Extrême Orient. Chaque pays influence ces artistes dans leur création. Il nous semblait intéressant de montrer qu'en fonction du vécu, des moyens qui sont donnés à ces artistes, l'expression de leur art s'en ressent. La notion de passage, de frontière est par exemple très présente.
Le regard de l'autre, les frontières, le brassage des cultures et des identités sont des thèmes très présents dans les francofffonies, festival francophone en France que vous avez coordonné en 2006, pensez-vous qu'il existe une conception francophone de la diversité culturelle ?
Je ne sais pas si c'est biologique ou si c'est dû à ma formation. En fait, je me sens profondément européenne. La francophonie m'a permis en effet de voyager au-delà des frontières européennes. De cette langue en partage, j'ai pu appréhender les différentes visions qu'on en avait, les idées de démocratie et d'ouverture qui en découlaient

Je pense qu'en tant que programmateur, nous avons voulu porter un regard ironique sur nous-même. C'était également peut-être une réponse au fait qu'on nous dit élitaires. Nous souhaitions dire que malgré les vies différentes de chacun, nous sommes tous à la recherche de nouvelles expériences. L'intérêt pour le contemporain ou les nouvelles formes d'expression d'art n'est pas réservé à une élite mais peut être tout public.
Comment s'opère le choix des compagnies et des intervenants dans le Romaeuropa Festival ?
Nous recevons énormément de propositions. Nous nous fions également au bouche à oreille de notre réseau. Il faut être attentif au public. Tout ne marche pas partout. Nous avons pu voir des représentations en Allemagne ou en Hollande qui étaient par exemple trop violentes ou trop conceptuelles. Même si je peux comprendre pourquoi on m'a conseillé de les voir, je pense qu'elles ne sont pas adaptées au Romaeuropa Festival. De manière générale, nous essayons de privilégier toutes les formes d'expression musicales, chorégraphiques ou théâtrales. Nous souhaitons également mettre en avant des artistes qui sont reconnus dans leur pays mais qui ne le sont pas forcément en Italie. C'est le cas de par exemple de Patrice Chéreau ou de la compagnie Montalvo-Hervieu qui sont venus dans les éditions précédentes du Romaeuropa Festival.

Il y a vingt ans, l'Europe était la grande bataille à mener. A cette époque, nous n'avions pas non plus beaucoup d'informations sur la Chine ou l'Amérique du sud. Aujourd'hui le festival est l'exemple même de cette ouverture sur le monde. Il a évolué avec la société.
Le Canada est en effet très présent cette année. C'est essentiellement dû à leur formidable créativité, notamment chez les Québécois. Dans ce festival, nous n'avons pas d'obligations institutionnelles. Aussi, si nous trouvons des artistes formidables, nous sommes prêts à leur faire la part belle. Les représentants de l'Israël sont également très intéressants.
Vous venez d'être nommée par François Pinault à la tête du Palais Grassi à Venise. Quel est le principal défi que vous allez devoir affronter ?
L'ouverture de la pointe de la douane en juin 2009 (douane des mers). Nous travaillons actuellement avec un architecte Tadao Ando à la restructuration de ce bâtiment qui deviendra, à terme, un musée d'art contemporain.
Propos recueillis par Sara Fredaigue (www.lepetitjournal.com - Rome) mercredi 7 novembre 2007.
Retrouvez tout le calendrier du festival en un clic ! : Calendrier Romaeuropa Festival.doc et tout le programme sur www.romaeuropa.net
A ne pas manquer :
Du 7 au 10 novembre, La La human Steps au teatro Olimpico (danse).
13-14 novembre, Rabih Mroué au' Palladium (performance théâtrale).
14 novembre, Third catalogue à l'Auditorium Conciliazione (danse).
15 novembre, Zero Degrees à l'Auditorium Conciliazione (danse).
23, 24, 25 novembre, In spitting distance au Palladium (théâtre).
13 et 14 décembre, Legend of the sword à l'Auditorium Conciliazione (musique avec représentation théâtrale de samouraïs).
15 décembre, La melting party à l'officine Marconi (concert).
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