Parti du Brésil 800 kilos de cocaïne à son bord, un cargo a été intercepté au large de Dunkerque dans la nuit du 3 au 4 avril 2025. Les autorités françaises ont déjoué une opération de “drop-off”, une méthode consistant à larguer la drogue en mer avant qu’elle ne soit récupérée discrètement par des embarcations de pêche. Une « opération qui marque un tournant », selon le procureur de la République de Rennes, après 18 mois d’enquête qui conduit à l’interpellation de 30 personnes.


Dans la nuit du jeudi 3 au vendredi 4 avril 2025, les autorités françaises ont frappé un grand coup contre le trafic de drogue. Une cargaison de 800 kilos de cocaïne, dissimulée dans les soutes d’un cargo au pavillon libérien, a été interceptée au large de Dunkerque. Le navire, qui avait quitté le Brésil quelques jours plus tôt, devait initialement accoster à Amsterdam. Mais les enquêteurs français ont déjoué la livraison en mer en utilisant la méthode du "drop-off" qui a permis de démanteler un vaste réseau international. Selon les enquêteurs, la drogue, répartie en ballots, devait être discrètement transférée à bord d’un bateau de pêche chargé de la ramener à terre, plus précisément au petit port normand de Ouistreham, dans le Calvados.
Les forces de l’ordre, qui surveillaient l’opération depuis près de 18 mois, ont attendu que l’équipage commence à transférer la marchandise vers le bateau de pêche avant de passer à l’action. L’opération a mobilisé une centaine d’agents ainsi que d’importants moyens aériens et maritimes. « Cette opération marque un tournant. C'est la première fois que l'on parvient à établir matériellement une importation de cocaïne via la technique du “drop-off”, jusque-là connue principalement à travers les nombreux ballots échoués sur les plages », s’est notamment félicité Frédéric Teillet, procureur de la République de Rennes.

Un réseau de cocaïne structuré et international
La méthode du "drop-off" consiste à larguer en mer des ballots de cocaïne depuis des navires marchands, pour qu’ils soient ensuite récupérés discrètement par des embarcations plus petites. L’affaire est notamment marquée par la complicité présumée de marins-pêcheurs français dans l’opération. Trois d’entre eux figurent parmi les huit personnes arrêtées à terre, au Havre, à Tancarville et à Ouistreham.
Au total, 30 personnes ont été placées en garde à vue, dont les 22 membres de l’équipage du cargo, tous originaires des Philippines. Le navire a été dérouté vers le port de Dunkerque où il fait l’objet d’une fouille approfondie par les services douaniers et la police judiciaire. Huit autres personnes ont donc été interpellées à terre, dont deux femmes. Certains suspects, âgés de 26 à 49 ans, présentent des antécédents judiciaires pour vols aggravés, violences ou trafic de stupéfiants.

La France comme nouveau pôle du trafic de drogue
Alors que les terminaux de Rotterdam, Hambourg ou Anvers sont désormais sous haute surveillance, les réseaux criminels chercheraient à diversifier leurs routes, notamment en utilisant des ports secondaires comme ceux de Normandie ou de Bretagne. La France est alors de plus en plus confrontée au trafic. Les saisies de cocaïne y ont explosé au cours des dernières années, avec plus de 27 tonnes de cocaïne interceptées dans l’Hexagone en 2023, un record.
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