Édition internationale

PRINTEMPS ARABE – Obama se manifeste


Barack Obama a tenu un discours historique sur la nouvelle stratégie diplomatique américaine dans les pays arabes suite à la vague de protestations dans la région. Le président américain a défendu la position des manifestants et a envoyé un message de paix vers l'Afrique du Nord, le Moyen et le Proche-Orient


Les dernières semaines ont été agitées dans le monde arabe. Deux ans après son discours du Caire, dont les promesses n'ont pas été suivies d'actions, le président américain (photo AFP) s'est adressé une nouvelle fois hier aux pays du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord et a redéfini la stratégie diplomatique américaine dans la région.

Washington sort les banderoles
Dans son discours de 50 minutes, Barack Obama a salué "les formidables changements" provoqués par le printemps arabe. "Les évènements des six derniers mois nous montrent que les stratégies de répression (...) ne fonctionneront plus", a souligné le président américain. Avant d'ajouter qu'"une nouvelle génération a ainsi émergé, et sa voix nous dit que le changement ne peut être refusé". Les Etats-Unis ont donc également décidé de "changer d'approche" et de se positionner du côté des manifestants. Le chef d'Etat a établi la liste des avertissements aux dirigeants qui répriment la voix de leur peuple. Barack Obama a ainsi vivement critiqué la violence du régime de Kadhafi en Libye. Quant à la Syrie, "Bachar al-Assad doit soit diriger la transition, soit se retirer", a-t-il déclaré. Le président américain a également rappelé à son homologue yéménite de "respecter ses engagements concernant la transition". Le président Ali Abdallah Saleh, qui refusait jusqu'alors de partir, pourrait finalement quitter le pouvoir d'ici un mois. Barack Obama a enfin demandé à ses alliés au pouvoir à Bahreïn d'établir un "vrai dialogue" avec l'opposition.

Aide à la transition démocratique
La Tunisie et l'Egypte, où "les peuples se sont dressés en exigeant leurs droits fondamentaux", pourront compter sur l'appui financier des Etats-Unis. Une aide de 2 milliards de dollars devrait être ainsi attribuée à l'Egypte. Washington apportera son appui aux autorités de transition afin de "récupérer les avoirs dérobés par les anciens dirigeants". Barack Obama a également demandé l'aide de la communauté internationale et notamment du FMI, de la Banque mondiale et de ses partenaires du G8 afin de développer les investissements dans la région et alléger les dettes de ces pays.

Israël et Palestine, toujours d'actualité
Alors que la mort de Ben Laden a prouvé selon Barack Obama que l'extrémisme "perdait sa lutte", un autre dossier tout aussi majeur inquiète encore la région : le conflit israélo-palestinien. Si le Hamas et le Fatah ont laissé de côté leurs différends pour faire front ensemble, Israël bloque toujours le processus de négociation en continuant de coloniser la Cisjordanie et en refusant tout dialogue avec le mouvement islamiste. Plaidant pour la création d'un Etat palestinien en gardant comme référence "les frontières de 1967", Barack Obama a tenté une nouvelle fois de jouer les médiateurs. "Le retrait complet et graduel des forces militaires israéliennes devrait être coordonné dans l'idée d'une responsabilité de la sécurité palestinienne dans un Etat souverain et non-militarisé" a-t-il déclaré, tout en précisant dans la foulée que l'engagement de Washington pour la sécurité de l'Etat hébreu demeure "inébranlable". A trop vouloir contenter tout le monde, Barack Obama n'a finalement convaincu aucun des deux camps. Le Premier ministre Benjamin Netanyahu, qui rencontre aujourd'hui le dirigeant américain, a écarté tout "retrait aux lignes" de 1967. Le Hamas, qui contrôle la bande de Gaza, a, lui, exigé "des actes concrets" plutôt que "des slogans".
Damien Bouhours (www.lepetitjournal.com) vendredi 20 mai 2011


En savoir plus

Article du Figaro, Barack Obama veut tirer les leçons du printemps arabe
Article du JDD, Obama tend la main au monde arabe
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