L'abondance d'hypothétiques ressources de gaz et de pétrole dans la zone économique exclusive (ZEE) libanaise alimente les spéculations.
Photo : Carte de la prospection sismique extracôtière du Liban Source : Lebanese Petroleum Administration
Les chiffres
D'une superficie de 22 730 km², la ZEE du Liban retient l'attention des experts, des politiques et des compagnies pétrolières depuis une quinzaine d'années.
En 2004, une première étude sismique n'a pas révélé la présence de gisements de pétrole et de gaz au Levant. Cependant, six ans plus tard, le Bureau d'Etudes géologiques américain dévoile en 2010 que le Levant recèlerait en ses eaux 1,7 milliard de barils de pétrole et 3,4 billions (mille milliards) de mètres cubes de gaz.
Le Liban bénéficierait pour sa part d'une réserve d'environ 96 trillions (milliards de milliards) de mètres cubes de gaz naturel et de 860 millions de barils de pétrole brut, selon les recherches sismiques.
Assez pour que le Liban puisse se rêver en puissance énergétique et commencer à définir un projet, quelque peu balbutiant. La question de l'exploration et de l'exploitation des fonds marins libanais est depuis à l'ordre du jour.
Où en est le processus ?
Suite à la loi autorisant le forage et l'exploitation des hydrocarbures aux larges des côtes, votée par le Parlement en août 2010, la Lebanese Petroleum Administration (LPA), placée sous la tutelle du ministère de l'Energie, a été crée. Cette instance a divisé la zone exploitable en dix blocs dont les numéros 1, 4, 8, 9 et 10 devront être explorés en priorité.
En 2013, le gouvernement libanais a lancé un appel d'offres afin de présélectionner les compagnies pétrolières intéressées. A l'heure actuelle, les compagnies encore en lice sont basées en Inde, en Russie, en Malaisie, en Iran ou encore au Qatar. Le processus s'est accéléré cette année. La feuille de route de la LPA table sur une amorce de la phase d'exploration dès novembre 2017.
Litige avec Israël
Si les ambitions énergétiques du voisin chypriote ne font l'objet d'aucune tension avec l'Etat libanais, celles de d'Israël posent davantage problème. Le Liban persiste à revendiquer sa souveraineté sur 850 km², correspondant à la surface que Beyrouth et Tel-Aviv se disputent en Méditerranée.
La zone litigieuse abriterait jusqu'à 340 milliards de mètres cubes de gaz, selon une étude de Beicip-Franlab, filiale de l'Institut français du pétrole Energies nouvelles (Ifpen).
Israël exploite ses réserves depuis mars 2013 et s'est engagé à exporter ses matières premières dans les prochaines années.
Mirage économique ?
L'exploitation de richesses énergétiques augurerait une relance de l'économie libanaise. Or, les chiffres avancés par les experts sur les ressources offshores ne sont que des estimations.
Si le Liban s'invitait au sein du cercle des pays pétroliers, la gestion des futurs revenus de l'exploitation des hydrocarbures reste trouble. Si le gouvernement libanais cherche une échappatoire au déclin économique, le pari sur les hydrocarbures paraît des plus périlleuses.
Marine DELATOUCHE (www.lepetitjournal.com/Beyrouth) mardi 15 août 2017
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