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Alliance Française French Film Festival : retour sur la deuxième semaine

Alliance Française French Film Festival : retour sur la deuxième semaineAlliance Française French Film Festival : retour sur la deuxième semaine
Alliance Française French Film Festival : retour sur la deuxième semaine
Écrit par Isabelle de Casamajor
Publié le 24 mars 2022, mis à jour le 24 mars 2022

Pas facile de choisir parmi le grand nombre de films proposés. Cette semaine, nous nous y sommes mis à deux.  Voici quelques revues supplémentaires pour vous aider à faire un choix.

 

Critiques d'Isabelle:

Le dernier voyage de Paul W.R.

Le dernier voyage de Paul W.R. de Romain Quirot

Dans un futur proche, une mystérieuse lune rouge est exploitée à outrance pour son énergie. Jusqu’au jour où elle se « révolte » et change alors brusquement sa trajectoire et fonce droit sur la Terre.

Paul W.R. est le seul astronaute capable de la détruire. Il refuse d’accomplir cette mission et disparaît. Traqué sans relâche, Paul croise la route d’Elma, une adolescente indépendante au tempérament rebelle. Elle va l'accompagner dans sa fuite.

Cela commence très fort, retour dans les années 80 avec Cambodia de Kim Wilde. Entre Mad max et la Lune dans le caniveau, il est difficile de qualifier ce film. Le sujet est bien un film de science-fiction mais le résultat le classe plutôt comme un conte et laisse un petit goût de trop ou de pas assez.

Un bref prologue, dessins d’enfant, annonce d’ailleurs la couleur, puis une Peugeot 504 du futur contribue à un coté rétro. Il s’agit bien de la 504 mais elle n’a plus besoin de roues et fonctionne à l’Alumina, énergie de la planète rouge. La poursuite va commencer, un duel entre les frères orphelins de mère, devenus ennemis.

Un cinéma en ruines, drôle de coïncidence et de parabole, il ranime la richesse passée ; le monde d’avant sous les yeux éblouis d’Elma. Nous naviguons dans un futur où les souvenirs du passé peuvent sauver la planète et c’est Paul qui en a les clés.

Romain Quirot réussit à nous faire éprouver une certaine tendresse pour ses personnages, son film est poétique et très esthétique, la bande musicale est pleine de nostalgie, un peu comme les survivants de ce monde en péril.

 

Adieu Mr Haffman

Adieu Monsieur Haffman de Fred Cavayé

Le film est l’adaptation d’une pièce à succès éponyme de Jean-Philippe Daguerre qui a remporté 4 Molières : un huit clos dans une bijouterie parisienne. Monsieur Haffman (Daniel Auteuil), pour échapper aux rafles nazies, fait un pacte avec son employé François Mercier (Gilles Lellouche). Il lui « vend » pour rien, sa boutique pour partir en zone libre avec sa famille et il la récupèrera une fois la guerre terminée. Sa famille arrive à partir mais pas lui, il va devoir se cacher dans la cave de sa propre boutique.

François Mercier est un homme ordinaire que la vie n’a, jusqu’alors, pas vraiment gâté. Mais celle-ci va prendre un nouveau tournant. François va prendre l’ascendant sur son ancien patron et sombrer dans la jalousie. Il ira même jusqu’à pactiser avec l’occupant devenant le salaud ordinaire.

Ce film n’évoque pas uniquement la question de l’antisémitisme, la violence conjugale va aussi prendre une grande importance… ce qui va faire basculer l’histoire.

Au départ François Mercier est plutôt sympathique, employé modèle, mari aimant et prévenant, il va devenir détestable, malsain, manipulateur, arrogant, jaloux et violent.

Il forme avec Daniel Auteuil et Sara Giraudeau (Blanche, l’épouse de François Mercier) un puissant trio. Blanche a une force émotionnelle qui tient le film. Effacée au début du film, elle finit par être une femme forte, maitresse de ses décisions, je n’en dirais pas plus pour ne pas dévoiler la fin du film. Daniel Auteuil est sensationnel, sans faire de vague.

Le Commandant Jünger (Nikolai Kinski) est aussi intéressant, on ne s’attardera que sur ses traits de caractère personnel : esthète, francophone, froid mais fin psychologue et s’entourant curieusement de femmes médiocres.

Ce film nous offre une autre facette de la seconde guerre mondiale, celle du quotidien où chacun a sa réalité, sans être manichéen, il n’y a ni vainqueurs ni vaincus. Fred Cavayé sait nous tenir en haleine et la fin en surprendra plus d’un.

 

Ouistreham

Ouistreham d’Emmanuel Carrère

Emmanuel Carrère s’est inspiré du récit de Florence Aubenas avec son livre « Le quai de Ouistreham » pour raconter la vie des travailleurs précaires, principalement des femmes. Marianne Winckler (Juliette Binoche) débarque près de Caen après avoir, à ce qu'elle dit, quitté Châteauroux où elle vivait une vie tranquille avec son mari garagiste jusqu’au jour où son mariage a basculé à la suite de l’infidélité de son mari.

Une histoire bien ficelée sur un nouveau départ… repartir de rien. Elle rejoint une équipe d’agents d’entretien et découvre la solidarité et l’entraide qui unissent ces travailleurs de l’ombre.

La vie de ces femmes est rythmée par l’arrivée des ferries et le temps incroyablement court pour nettoyer toutes les cabines avant l’arrivée des nouveaux passagers. Marianne noue de vrais liens d'amitié, jusqu'au jour où une de ses amies découvre, très choquée, que sa compagne de galère est en fait une écrivaine infiltrée. Elle a le sentiment d'avoir été trahie.

La mise en scène est classique et discrète avec beaucoup d’émotions. Le réalisateur parvient à trouver un équilibre entre les rituels du nettoyage des bateaux et les instants de complicité féminine, bien aidé par l’implication de Juliette Binoche. Les actrices non professionnelles qui lui donnent la réplique, dont certaines ont côtoyé Florence Aubenas lors de cette "expérience", sont remarquables.

L'ambigüité de la démarche fait tout le piment du film, au même titre que la dénonciation des conditions de travail indignes du XXIe siècle. Ces questions relatives à l’éthique de la démarche sont d’ailleurs posées à Marianne Winckler par la conseillère de Pôle Emploi qui a découvert son identité mais ne fera rien. La «trahison» est difficile à digérer pour certaines de ses collègues. Ce film est un puissant témoignage.

 

Critiques de Frédérique:

En attendant Bojangles

En attendant Bojangles de Régis Roinsard

"En Attendant Bojangles" est une adaptation du roman multi récompensé d'Olivier Bourdeaut. Cette comédie dramatique oscille entre des moments joyeux et enivrants et d’autres beaucoup plus sombres. Régis Roinsard, le réalisateur offre aux deux acteurs principaux des rôles très intenses. Virginie Efira (Camille…) est exceptionnelle de justesse et de folie. Romain Duris (Georges & Co) est impressionnant, tant son jeu d’accompagnant doux-dingue est poignant. La musique y est omniprésente et apporte sa touche de légèreté mais aussi de gravité.

C’est le récit d’une famille pas comme les autres, soudée dans le fantasque mais aussi dans les épreuves difficiles. Refusant la vie banale et sans saveur du commun des mortels, Georges et Camille s’inventent mille vies et entrainent Gary, leur fils, dans leurs fantaisies. Ce qui est un jeu pour Georges est une nature pour Camille. Quand cette dernière va trop loin, Georges et Gary vont tout tenter pour éviter l'inéluctable.

Un moment très fort en émotions et une performance d’acteurs incroyable.

 

Le tresor du petit Nicolas

Le trésor du petit Nicolas de Julien Rappeneau

On retrouve pour la troisième fois le Petit Nicolas et ses copains dans une nouvelle aventure. Son père se voit offrir une promotion qu’il ne peut refuser : Destination le sud de la France. Inconcevable pour Nicolas !

Comment imaginer la vie sans ses meilleurs amis ? Sans l’appétit insatiable d’Alceste, Agnan le premier de la classe et les bêtises de Clotaire, sans ce fameux terrain vague, théâtre de tous leurs jeux ? Aidé par ses inséparables copains, Nicolas a un plan infaillible… trouver le trésor qui lui permettra de rester.

Les acteurs ont changé depuis le deuxième volet. Le groupe des enfants reste drôle et attachant mais le jeu des adultes n’est pas toujours crédible.

Cette comédie familiale pleine de fraîcheur fait toujours rire les plus jeunes.

 

La brigade

La brigade de Louis-Julien Petit

Depuis toute petite, Cathy (Audrey Lamy) rêve d’avoir son propre restaurant. En attendant, elle travaille en cuisine pour la papesse de la téléréalité culinaire, Lyna Deletto.

Un jour, alors que Lyna lui fait une énième remarque, Cathy jette son tablier et va devoir rechercher du travail. Elle se retrouve contrainte d'accepter un poste de cantinière dans un foyer pour jeunes migrants dirigé par Lorenzo (François Cluzet). Après une période de désillusions, la Chef va rebondir et réussir entrainer avec elle des adolescents pleins de bonne volonté.

Une comédie pleine de bons sentiments qui aborde le sujet sensible des migrants mineurs non accompagnés.

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