Toutes les bonnes choses ont une fin, vivement la prochaine édition !!!
Des films d’une grande qualité, pour beaucoup intenses et graves. Est-ce l’air du temps ou alors ma sélection ?
Certains films seront en salle, après la fin du festival, soit en soirées spéciales, soit en projection extérieure ou en programmation ordinaire. Renseignez-vous auprès des cinémas Luna et Palace.
A plein temps d’Éric Gravel
Que l’on est bien à Perth !!! Ce film est bien là pour nous le rappeler.
Julie (Laure Calamy) court, elle court toujours, se démène seule pour élever ses deux enfants loin de Paris dans un village alors qu’elle travaille dans un palace parisien. Et puis il y a la grève, une de ces grandes grèves qui compromet considérablement le service des transports en commun, les rendant par moment inexistant.
Au même moment, elle obtient enfin un entretien pour un poste correspondant à ses aspirations. C’est toute l’organisation, le fragile équilibre de Julie qui vacille. Elle va alors se lancer dans une course effrénée, au bord du gouffre.
Laure Calamy est époustouflante en mère célibataire qui doit concilier travail et enfants et bien plus que cela. Cette femme, sujet central du film, n’existe plus, elle est vampirisée par ses obligations et tout le reste est secondaire même si ce sont tous les facteurs déterminant de la situation : les enfants, la nounou, l’ex-mari.
La grève des transports, récurrente en France, est le catalyseur. Ce film en fait une vision chaotique pourtant proche de la réalité à certains moments.
Terriblement efficace, on sort de là épuisé, ce film va à cent à l’heure, les minutes de répit sont rares. Loin de la vision idyllique de Paris, « City of love », si vous voulez montrer à vos amis australiens ce que peut être la vie en région parisienne, c’est le film idéal. Mais ce n’est pas un film pour se détendre et oublier ses soucis.
En corps de Cédric Klapish
Élise (Marion Barbeau), 26 ans est une grande danseuse classique, tout lui réussit, elle est en passe pour une belle carrière. Jusqu’au moment où tout dérape, lors d’une représentation. Elle surprend son petit ami avec une autre danseuse. Ébranlée, elle se blesse pendant le spectacle et apprend qu’elle ne pourra peut-être plus danser et va devoir de toutes façons arrêter le temps que la blessure se répare.
Élise va devoir apprendre à se réparer…
Entre Paris et la Bretagne, supportée par des amis proches et au gré des rencontres, Élise va se rapprocher d’une compagnie de danse contemporaine. Cette nouvelle façon de danser va lui permettre de trouver une manière inédite d’utiliser son corps, lui donner de l’espoir et aussi lui redonner le goût de vivre.
C’est un film est très esthétique avec de belles scènes de danse. Nous évoluons dans un milieu assez bobo où tout est beau, les gens qui entourent Élise sont gentils, attentionnés et bienveillants. Il est aussi bien équilibré, heureusement l’esprit facétieux de Cedric Klapish donne à ses personnages des facettes amusantes, le kiné (François Civil) est ridicule, le couple Sabrina (Souheila Yacoub) et Loïc (Pio Marmaï) ont une relation explosive, elle est extrême et lui, très drôle, tourne tout en dérision, ce qui énerve Sabrina au plus haut point, leurs enguelades sont de grands moments, le père (Denis Podalydès) est pathétique. Tous ces seconds rôles sont excellents et donnent au film une énergie et joie communicative. Quant à Élise (Marion Barbeau), lumineuse, toute en fragilité et simplicité, elle est sublime, totalement convaincante en temps de danseuse et aussi en tant qu’actrice.
Un film « feel good », plein de bon sentiment qui se regarde avec plaisir.
Maison de retraite de Thomas Gilou
Plus de soixante ans après « les vieux de la vieille », les maisons de retraite sont à nouveau sous le feu de la rampe et pas pour faire la une des journaux.
Dans chaque vieux, il y a un jeune qui se demande ce qui s’est passé.
Groucho Marx
Des travaux d’intérêt général, mènent Milann (Kev Adams), à reculons, dans une maison de retraite alors qu’il a une aversion profonde pour les personnes âgées. Il vit tout d’abord un enfer mais va, petit à petit, se faire adopter par les pensionnaires, notamment le terrible gang des sept. Milann découvre alors que le directeur profite de la vulnérabilité des retraités seuls au monde et il ne va pas en rester là.
Sujet délicat, bien longtemps ignoré mais qui va tous nous concerner un jour ou l’autre. Rien de transcendant, pas de surprise coté scenario qui rappelle dans un autre registre le film avec Omar Sy et Daniel Auteuil Intouchables.
Malgré tout on se laisse emporter par le quotidien de ces résidents, par leur fragilité, leur espièglerie à la tatie Danielle et par des dialogues pleins d’humour. Le film est porté par ces sept vieux, grands acteurs seniors, comme on dit aujourd’hui, qui jouent les vieux à merveilles. Même Kev Adams avec son coté adolescent attardé finit par nous émouvoir.
Ce n’est pas le film du siècle mais on passe un moment agréable.
Madeleine Collins d’Antoine Barraud
Virginie Efira perd encore la boule, mais elle le fait tellement bien.
Dans ce film elle incarne une femme qui mène une double vie, Margot en Suisse, mère d’une petite Ninon et compagne d’Abdel (Quim Gutiérrez) et Judith à Paris mère de deux garçons et épouse de Melvil (Bruno Salomone). Comment cela est-il possible ?
Un planning savamment étudié au fils des déplacements professionnels, jusqu’au moment où les rouages commencent à se gripper et c’est alors la fuite en avant. Elle s’enlise dans ses mensonges, la chute est vertigineuse.
Le film ne nous dévoile que petit à petit comment cette double vie est possible, le pourquoi du comment qui se pose à nous dès le départ.
Habile de suspense, le scenario manque un peu de subtilité sur la fin, la maitrise du début tourne à l’hystérie pour un dénouement plutôt précipité, ce qui est un peu dommage. Virginie Efira est à nouveau superbe dans ce personnage complexe, elle porte le film.
Le titre reste un peu obscur.
Un autre de monde de Stephane Brizé
Philippe Lemesle (Vincent Lindon), directeur d’une usine est contraint, par le groupe auquel il appartient, de licencier à nouveau une partie de son personnel. Parallèlement à cela sa vie personnelle se délite, en pleine procédure de divorce son fils fait un burnout et est interné.
Jusqu’alors employé modèle et brillant d’une société américaine, contraint par les exigences du marché et la compétitivité à outrance, il se rebelle, timidement au départ, il va refuser de se soumettre.
Social et politique, ce film est remarquable, pétri de vérités, il met en évidence la cruauté du monde capitaliste et d’un système deshumanisant. Vincent Lindon est formidable, sobre et émouvant au côté d’une Sandrine Kiberlain qui n’a pas d’égale pour montrer une fragilité sans faiblesse. Marie Drucker qui joue Claire Bonnet-Guérin, DG France du groupe et chef de Philippe Lemesle est plus que crédible, glaçante et redoutable dans un rôle terrifiant, un superbe premier rôle.
Grosse charge psychologique pour un film tranchant qui nous montre une réalité souvent oubliée. Il ne vous mettra pas du baume au cœur si vous êtes dans une situation professionnelle précaire.