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Alliance Française French Film Festival: retour sur la troisième semaine

La panthere des neigesLa panthere des neiges
La panthere des neiges
Écrit par Isabelle de Casamajor
Publié le 31 mars 2022, mis à jour le 1 avril 2022

Plus que 8 jours pour en profiter et encore de nombreux films à découvrir.

 

Les jeunes amants

Les jeunes amants de Carine Tardieu

Shauna (Fanny Ardent) est une femme accomplie, libre et indépendante mais sa vie amoureuse n’est qu’un vieux souvenir. Elle va être cependant troublée par Pierre (Melvil Poupaud) lors d’une visite impromptue où il accompagne le fils de sa meilleure amie décédée. Shauna avait déjà croisé Pierre, alors le médecin de cette amie. 

Elle a 71 ans, veuve, mère et grand-mère. Il a 45 ans, est marié et père de famille. 

Le trouble est réciproque, Pierre ne semble aucunement gêné par la différence d’âge et il ne va pas hésiter à compromettre sa famille pour vivre son amour. 

Le film s’attarde un peu sur les préliminaires et les hésitations des amoureux mais une fois passer à l’acte la tournure des évènements va se bousculer. 

Nous survolons les problématiques liés à la remise en question de soi, le regard des autres et même l’adultère pour découvrir que cette romance naissante a fait oublier à Shauna sa maladie. Celle-ci va vite reprendre le dessus et Shauna ne peut supporter l’idée d’être ainsi diminuée face à son amant, elle ne veut pas en devenir dépendante ni le voir souffrir.

Un fond de romance pour évoquer la souffrance, la maladie, la fin de vie et le deuil, sans s’enliser dans les détails sordides, le sujet traité fait avec beaucoup de finesse, de sensibilité, et de tendresse.

Fanny Ardant est exceptionnelle, Melville Poupaud, parfois maladroit n’en est que plus convaincant et le duo fonctionne à merveilles. Cécile de France est sublime dans un second rôle discret.

Carine Tardieu termine avec beaucoup de justesse ce film dont Solveig Anspach avait écrit le scenario avant de mourir. L’évocation de la fin de vie était-elle autobiographique ?

Ce film ne vous laissera pas indiffèrent.

 

La pantheres des neiges

The Queen Velvet de Marie Amiguet et Vincent Munier

Au cœur des hauts plateaux tibétains, le photographe Vincent Munier entraîne l’écrivain Sylvain Tesson dans sa quête de la panthère des neiges. Il l’initie à l’art délicat de l’affût, à la lecture des traces et à la patience nécessaire pour entrevoir les bêtes.

En parcourant les sommets habités par des présences invisibles, les deux hommes tissent un dialogue sur notre place parmi les êtres vivants et célèbrent la beauté du monde.

Un face à face avec la nature sauvage : les paysages sont sublimes et l’observation du félin blanc se mérite.

Sylvain Tesson est, je trouve, assez irritant, il parasite par la parole et un déluge d’aphorismes ce très beau livre d’images censé vanter l’importance de la contemplation et du silence.

Si on passe outre Sylvain Tesson, ce film est magnifique Vincent Meunier est un photographe d’exception, on lit l’amour des animaux dans ses yeux et à travers son objectif.

 

Avec Amour et acharnement

Avec amour et acharnement de Claire Denis

Le film démarre avec des scènes de vacances, tout va bien dans le meilleur des mondes pour Sara (Juliette Binoche) et Jean (Vincent Lindon) qui vivent ensemble depuis 10 ans… Le retour sur Paris, via un tunnel du métro, laisse présager des jours plus sombres.

Leur vie reprend son cours jusqu’au moment où Sara aperçoit dans la rue François (Grégoire Colin) avec qui elle a partagé sa vie avant Jean. Elle en est bouleversée, elle l’a tant aimé. A-t-elle raté quelque chose ?

Cela ne va pas s’arrêter là, comme par hasard après des années sans contact, François propose à Jean de travailler avec lui. Il s’enclenche alors un engrenage infernal.

Comme dans un film à suspense ou l’horreur n’est pas loin, tous les ingrédients sont rassemblés, un passé obscur, un séjour en prison dont on ne connait pas explicitement la cause, deux amis, l’un qui perd sa compagne et l’autre qui se met en couple avec l’ex, des zones d’ombres et beaucoup de non-dits.  La caméra traque les gestes, les regards, les corps, au plus près de l’intimité des personnages, elle privilégie une approche plus viscérale que psychologique,

Si Claire Denis préserve un côté obscur de la vie de Jean, elle s’étend un peu longuement sur le fait qu’il soit le père d’un adolescent métis et fugueur élevé par sa grand-mère. Ce n’apporte pas grand-chose à l’intrigue.

Juliette Binoche et Vincent Lindon, très investis et convaincants, défendent avec amour et acharnement des personnages ambivalents. Les seconds rôles sont aussi très bien tenus, Bulle Ogier est touchante dans le rôle de la mère de Jean.

On sort un peu sonné de ce film, tellement il est intense.

Et, c’est le premier film du festival où les gens portent des masques, comme dans la vie d’aujourd’hui et pour certains d’hier.

 

En attendant Bojangles

En attendant Bojangles de Régis Roinsard

Un conte de la folie pas tout à fait ordinaire, Camille (Virginie Efira) et Georges (Romain Duris) ne sont pas comme tout le monde. Après un coup de foudre, un enfant Gary (Solàn Machado-Graner) un an plus tard, ils vivent dans un monde fantasque, privilégient l’euphorie et la fête. Ils dansent, se vouvoient, ne se soucient de rien et dansent encore.

Un bonheur convenu diront certains, mais on se laisse facilement émouvoir, surtout quand leur univers bascule avec Camille qui sombre dans la folie. Georges et Gary vont tout faire pour combattre ses démons et éviter le pire, l'indéfectible amitié de Charles (Grégory Gadebois), les soutiendra jusqu’au bout.

Ce film est aussi une tragédie, contrairement à la vie insouciante du début, la maladie est réelle et les conséquences aussi. Regis Roinsard ne nous épargne pas les tortures infligées aux patients victimes de maladies psychiatriques, les « soins » aux bains glacés, les jets d’eau et les électrochocs, avant que la science ne découvre enfin des traitements médicamenteux. Cette deuxième partie est un peu bancale, moins fluide.

Ce film est étonnant, flirtant entre le burlesque outré et le drame le plus noir. Cet équilibre fragile tient le choc grâce à son énergie et au talent de ses acteurs. Virgina Efira a la grâce et son euphorie communicative n'a d'égal que la terreur ressentie quand la plus vile des folies s'empare de son esprit.

En attendant Bojangles

 

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