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AF French Film Festival : nos critiques pour la troisième semaine

French Film Festival PerthFrench Film Festival Perth
Écrit par Quitterie Puel
Publié le 3 avril 2021, mis à jour le 5 avril 2021

Troisième et dernière semaine consacrée à l'Alliance Française French Film Festival. Au programme de cette semaine : the Big hit, Gargarine, Adieu les cons. 

Les critiques d'Isabelle : 

The Big Hit:

 

Big Hit

 

Vous aimez le théâtre ? ou pas. Vous connaissez En attendant Godot ? ou pas…Un petit groupe de prisonniers désabusés, plutôt moqueurs et récalcitrants, se lancent dans l’aventure, coachés ou plutôt poussés et portés à bout de bras par Kad Merad, acteur en perte de vitesse qui au départ accepte le boulot peu passionnant de metteur en scène des fables de la Fontaine pour boucler ses fins de mois.

Un peu naïf, il est très vite touché par ces prisonniers et se met à croire en eux au point de remuer ciel et terre pour convaincre la directrice du centre de détention et la juge de le suivre dans cette folle entreprise. Pas simple cette affaire, parfois rocambolesque et d’un rythme trépidant, on ne s’ennuie pas et se on met à y croire aussi.

Le choix de la pièce « En attendant Godot » n’est pas anodin et son absurdité colle bien à la situation et à la réalité de ces taulards. Une belle idée que d’apporter un peu de culture dans l’univers carcéral. Ce film est inspiré d’une histoire qui s’est déroulée en Suède.

 

Gagarine:

 

Gagarine

 

Ce n’est pas un film sur la conquête de l’espace. Beaucoup plus terre à terre, un ado Yuri avec la tête dans les étoiles se met en tête de sauver sa cité. La cité en question n’a rien pour elle, une barre d’immeubles construite dans les années soixante, fortement décrépie mais qui abrite une communauté qui n’a connue qu’elle et la quitte à contre cœur.

Cette cité a existé, située à Ivry-sur-Seine, érigée à la gloire d’un des héros de la conquête spatiale soviétique au temps d’une mairie communiste, elle a été détruite en 2019.

Plus la cité se vide de ses habitants, plus Yuri sombre dans un monde parallèle où il s’invente et se construit un univers spatial, du bricolage high-tech.

Une fable complètement invraisemblable mais poétique à souhait. Nous sommes loin des films relatant les banlieues gangrenées par la violence et la pauvreté, et c’est un peu là où le bât blesse, le film inventif et visuel. Il manque d’un peu de piment pour en faire un très bon film.

 

Critique d'Olyve : 

 

The Big Hit (Un Triomphe)

The Big Hit raconte l’histoire (vraie!) d’une troupe de théâtre créée par un intervenant comédien dans un centre carcéral. Lors du premier cours qu’il donne aux prisonniers, il découvre leur réalité à travers leurs échanges et une pièce de théâtre lui vient à l’esprit… Il va leur faire jouer : « En attendant Godot » de Samuel Beckett. Il se lance alors dans ce projet fou entraînant avec lui les prisonniers, qui seront ses acteurs, la directrice du centre carcéral, ses proches et provocant un réel engouement du public.

Au début, le film semble prendre du temps à se mettre en place, notamment pour installer son contexte. Et puis, doucement, la frontière entre le cinéma et le théâtre s’efface. Le réalisateur Emmanuel Courcol et ses superbes acteurs ( Kad Merad, David Ayala, Lamine Cissokho, Sofian Khammes, Pierre Lottin, Wabinlé Nabié et Alexandre Medvedev notamment) semblent nous placer face à une scène de théâtre alors que nous somme face à un écran de cinéma, et les acteurs qui semblent être des comédiens face à nous, dégagent de plus en plus d’émotions, et semblent vrais, grâce à leur vécu, à leur langage, à leurs gestes, etc.

La pièce entre en résonance avec la vie et la réalité des prisonniers, et le film lui, entre en résonance avec celle des spectateurs, en posant des questions profondes et philosophiques. Quel est le sens de la vie ?  Quelle est la réalité de chacun ? En effet, les notions de temps ou bien de liberté sont accentuées par le fait que ces hommes ne sont pas libres, et luttent contre l’ennui chaque jour dans leur cellule.

Le film mélange théâtre et cinéma avec brio et salue leur collaboration. C’est aussi un beau clin d’œil à Jan Jonson, un Suédois qui a fait jouer «En attendant Godo » à des prisonniers en 1980. C’est enfin un sublime hommage au théâtre de l’Absurde et à Samuel Beckett qui, après avoir appris ce qui était arrivé lors de la représentation des prisonniers encadrés par Jan Jonson a déclaré : « C’est la plus belle chose qu’il ait pu arriver à ma pièce ».

 

Critique de Quitterie

 

Adieu les cons : 

 

Adieu les cons

 

« Adieu les cons », difficile de trouver plus juste comme titre. Albert Dupontel dézingue avec brio le monde moderne, ultra connecté, ultra modernisé, composé de fichiers, de mots de passes, de produits de beauté cancérigènes et d’open space étroits. Dans cet univers aseptisé, les petits commerces et les cafés ont été remplacés par des tours, les lumières sont aveuglantes et la police omniprésente.

Le spectateur suit l’itinéraire de Suze Trappet, une coiffeuse gravement malade qui souhaite retrouver son fils qu’on lui a arraché vingt-huit ans plus tôt. Terriblement touchante, Suze va s’entourer de deux autres « inadaptés »: Jean Baptiste Cuchas, une sorte de geek qui a magistralement loupé son suicide et Mr. Blin, un aveugle à l’ouïe redoutable.

Dupontel nous transporte du rire aux larmes, du pessimisme à la foi avec une finesse rare et construit une bulle d’humanisme dans un monde qui part en cacahuète.

 

L'Alliance Française French Film Festival s'étend jusqu'au 7 avril, n'hésitez pas à consulter la programmation via le lien suivant

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