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Guerre à Gaza : Pékin reçoit le Hamas et le Fatah

Des discussions entre le Hamas et le Fatah ont eu lieu à Pékin à l'initiative de la Chine. L'objectif annoncé est la recherche d'un terrain d’entente quant à une possible réconciliation entre les deux factions palestiniennes. Cette rencontre démontre l'implication croissante de la diplomatie chinoise au Moyen-Orient.

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Représentant du ministère des affaires étrangères chinois confirmant la tenue d'une rencontre entre le Fatah et le Hamas à Pékin
Écrit par Juliette Vandestraete
Publié le 7 mai 2024, mis à jour le 16 mai 2024

Pourquoi une rencontre entre factions palestiniennes ?

Après leur rencontre en Russie fin février, le Fatah et le Hamas se sont donc de nouveau rencontrés en Chine pour mener des discussions quant à la situation politique au Moyen-Orient, actuellement marquée par la guerre Israël-Hamas. Malgré le peu de résultats obtenus lors de la précédente rencontre en Russie, le gouvernement chinois a insisté sur l'engagement d'un processus de discussions régulières. Actuellement le Hamas est montré du doigt suite à l'attaque sanglante du 7 octobre (1140 victimes du côté israélien en majorité civils), alors que le Fatah incarne le pouvoir officiel en Cisjordanie. Depuis 7 mois, la guerre fait rage à Gaza avec son lot de victimes civiles (34 568 selon l'UNICEF) liées aux bombardements d'Israel.

La question de la représentativité palestinienne

Avec une fragmentation croissante des territoires, l’établissement d’un système politique durable est complexe dans la zone qui jouxte Israël. 

Le Fatah est le parti politique nationaliste palestinien, fondé en 1959 par un groupe de réfugiés palestiniens dont Yasser Arafat. Actuellement dirigé par Mahmoud Abbas, ce mouvement a commencé sa lutte après la Nakba de 1948, en prônant la libération de l’ensemble du territoire de la Palestine historique. Dans les années 90, le Fatah renonce à la résistance armée et appelle à la construction d’un État palestinien sur les frontières de 1967, coexistant avec un État israélien.

De l’autre côté, le Hamas est un mouvement de résistance islamique fondé à Gaza en 1987 pendant la première intifada. Considéré comme la branche palestinienne des Frères musulmans, le Hamas se présente comme un "mouvement islamique palestinien de libération nationale et de résistance", utilisant l'islam comme cadre de référence. En 2005 et 2006, le Hamas écrase le Fatah lors des élections municipales et législatives et prend le contrôle de la bande de Gaza. Le Hamas devient ainsi la première force politique au sein de l’Autorité palestinienne.  Cette date marque le début de conflits – parfois armés - entre les deux grandes factions du mouvement national palestinien. Cependant, elle est surtout marquée par le début du blocus israélien sur la bande de Gaza. Depuis lors, le Fatah dirige donc la Cisjordanie occupée tandis que le Hamas dirige Gaza.

Recherche d'un cessez-le-feu par la Chine 

Le but annoncé par la Chine est l'obtention d'un cessez-le-feu et le retour au calme dans la région. Cependant, tant que le Hamas et le Fatah n’auront pas d’abord réglé leurs différends, il est difficile de voir comment les deux partis pourront cohabiter. De plus, le 26 février 2024, le gouvernement Shtayyeh de l’Autorité palestinienne a remis sa démission au président Mahmoud Abbas alors que la guerre continue de faire rage dans la bande de Gaza. Une démission déjà au centre des discussions puisque Antony Blinken, le secrétaire d’État américain avait d’ailleurs déjà parlé avec le président Mahmoud Abbas, de « l’importance de la réforme de l’Autorité palestinienne, de sa politique et de sa gouvernance.»

Plus tard, en mars, une nouvelle a de nouveau suscitée l’indignation du Hamas : la nomination d’un proche du président, Mohammed Mustafa, en tant que premier ministre de l'autorité palestinienne. Le Hamas a dès lors accusé Mahmoud Abbas « d’être déconnecté de la réalité » et a déclaré que former un nouveau gouvernement sans consensus national ne fera qu’aggraver les divisions inter-palestiniennes. Au cours de ces derniers mois, beaucoup de Palestiniens ont critiqué le président pour son impuissance face aux attaques menées par l’armée de Tsahal dans la bande de Gaza. De leur côté, le Fatah accuse le Hamas d’avoir « causé le retour de l’occupation israélienne de Gaza avec le 7 octobre ».

La Chine, médiateur du Moyen-Orient ?

Nous avons abordé le rôle de médiateur que la Chine cherche à jouer dans le conflit entre Israël et le Hamas dans un précédent article. En janvier 2024, le ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi, a exposé aux journalistes la position de la Chine concernant la guerre à Gaza en présentant quatre propositions : un cessez-le-feu, la fourniture d'aide humanitaire, le renforcement du pouvoir palestinien et la mise en œuvre d'une solution à deux États.

Ce soutient permet à la Chine de maintenir des relations étroites et de renforcer ses liens avec les pays arabes. L'année dernière, Pékin avait joué un rôle de superviseur dans le rapprochement diplomatique entre l'Iran et l'Arabie saoudite, après plus de 7 ans de rupture. Dans ces deux pays, la Chine a des intérêts économiques significatifs, notamment dans les secteurs énergétiques. Dans le contexte de la guerre Israël-Hamas, les intérêts chinois sont moins menacés mais il reste que toute instabilité pourraient impacter les prix de l'énergie. L'objectif donc de Pékin, selon son gouvernement, est "de jouer un rôle constructif dans la promotion des pourparlers". En cherchant à devenir la première puissance mondiale d'ici 2049, la Chine a tout intérêt à coopérer avec les pays du Moyen-Orient, de plus en plus réticents à l'influence américaine.

Notons cependant que la Chine n'a pas pour autant rompu ses relations commerciales avec Israël, qui reste un de ses principales importateurs de semi-conducteurs.

Les efforts chinois salués dans le monde 

Les autorités chinoises ont souligné que les deux partis ont exprimé leur gratitude envers Pékin pour son engagement en faveur de l’unité palestinienne. De son côté, le Hamas a salué le soutien de la Chine « à la cause palestinienne et son rejet du génocide perpétré contre notre peuple. »

Les États-Unis, quant à eux, ont salué les efforts de la Chine visant à promouvoir la stabilité et à la sécurité dans la région. Aux Etats-Unis, justement, des manifestations pro-palestiniennes se sont multipliées dans de nombreuses universités. La position des Etats Unis devient donc délicate, coincés entre le soutien historique à Israël et le mécontentement grandissant d'une partie de son opinion.

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