Depuis le 7 octobre 2023, la guerre entre le Hamas palestinien et Israël fait rage à Gaza. Si la plupart des pays occidentaux se sont beaucoup positionnés vis-à-vis de ce conflit, la Chine n’est pas en reste, cherchant à prendre un rôle de médiateur. Explications
La Chine dans le conflit israélo-palestinien
En février 2024, la Chine a affirmé devant la Cour Internationale de Justice (CIJ) que le recours des Palestiniens à la lutte armée pour obtenir leur indépendance face à la domination coloniale étrangère était considéré comme "légitime" et "fondé". Depuis quelques mois, la Chine fait entendre sa voix au sujet du conflit entre Israël et la Palestine. Or, en tant que superpuissance et membre du Conseil de Sécurité des Nations Unies, sa parole a du poids. Razan Shawamreh, chercheuse au doctorat en relations internationales à l'Université de la Méditerranée orientale, commente : "Le sentiment de marginalisation et de vulnérabilité des Palestiniens, qui découle des politiques américaines soutenant les crimes d'Israel, les a incité à trouver des alternatives potentielles de soutien et de solidarité, et ils les ont trouvées en Chine"
Les appels à la paix de la Chine
En novembre 2023, le président Xi Jinping appellait à mettre fin à la "punition collective contre le peuple de Gaza". Pour cela, la Chine prône depuis le début du conflit un cessez-le-feu global et demande la mise en place d'une conférence aux Nations Unies dans le but d'élaborer une feuille de route pour une solution à deux états. Selon Zoon Ahmed Khan, chercheuse au Centre for China and Globalisation à Pékin, la capacité de la Chine à contribuer de manière constructive à la résolution du conflit est renforcée par le fait qu'elle soutient depuis longtemps la cause palestinienne tout en maintenant des relations pragmatiques et un engagement étendu avec Israël. "La Chine joue un rôle important, mais elle peut certainement faire beaucoup, beaucoup, beaucoup plus", a-t-elle déclaré. "Les relations commerciales entre la Chine et Israël se poursuivent par exemple. Rien n'a été interrompu, aucun appel n'a été lancé pour convoquer l'ambassadeur d'Israël. Il n'y a même pas eu de mention ou de menace de couper les liens [alors que les offensives israéliennes se poursuivent]." Malgré ses relations constantes avec Israël, la Chine exprime son soutien au droit des Palestiniens à s'engager dans la "lutte armée", sans que ce droit soit assimilé au terrorisme. "Dans la poursuite du droit à l'autodétermination, [le peuple palestinien a le droit de] recourir à la force pour résister à l'oppression étrangère et pour achever la création de l'État palestinien", a déclaré Ma Xinmin, conseiller juridique du ministère chinois des Affaires Étrangères.
Opposition entre la Chine et les États-Unis ?
Bien que les Palestiniens soient "fermement convaincus" que la Chine représente un meilleur médiateur que Washington, M. Shawamreh, docteur en relations internationales à la Eastern Mediterranean University, a affirmé que Pékin "n'a pas la capacité réelle [de] contribuer de manière intensive" à leur cause, étant donné la "domination totale du conflit" par les États-Unis. "Washington s'efforcera d'accuser la Chine et de promouvoir l'idée qu'elle joue un rôle caché dans la mobilisation des gens dans les rues et la déstabilisation de la société américaine", a-t-il déclaré, ajoutant que le pays américain exploite les "sentiments de déception" d'Israël à l'égard de la position de Pékin. Zoon Ahmed Khan a souligné aussi que la Chine, en soutenant la cause palestinienne tout en maintenant des relations pragmatiques et un engagement étendu avec Israël, renforce sa compétence à jouer un rôle positif dans la résolution du conflit. Les États-Unis ont de leur côté à nouveau bloqué une résolution sur le cessez-le-feu mi-février, marquant leur troisième veto à un projet de résolution depuis le 7 octobre. M. Zhang, représentant de la Chine auprès des Nations unies, a déclaré que le vote des États-Unis, en tant que seul opposant, ne constituait "rien de plus qu'un soutien continu au massacre" à Gaza.