Les coûts des déménagements et du fret ont accusé une forte hausse ces derniers mois, en raison de l'insécurité nouvelle dans la zone de la Mer Rouge, amenant les prestataires à privilégier des trajet plus longs. Analyse.
Attaques de drones en Mer Rouge
Depuis le début des opérations militaires israéliennes à Gaza, la région autour du canal de Suez, dans le sud de la Mer Rouge, a été le théâtre de plus de 50 attaques de drones et de missiles perpétrées par les Houthis. La milice yéménite, soutenue par l’Iran affirment ne cibler que les navires à destination d’Israël par solidarité avec les Palestiniens de Gaza, mais cela n’a pas été confirmé. En réponse, les États-Unis ont annoncé la création d’une alliance de protection maritime, en collaboration avec 10 pays, afin d’intercepter les missiles et de mener de frappes contre plusieurs zones contrôlées par les rebelles au Yémen. Entre-temps, le nombre hebdomadaire de navires porte-conteneurs traversant le canal de Suez – la route la plus courte entre l’Asie et l’Europe - a chuté de 67%.
10 jours de plus pour les trajets vers l'Europe
Ces attaques ont entraîné une explosion des coûts de transport car il devient difficile pour les compagnies de laisser leurs navires traverser le canal de Suez. Plusieurs grandes compagnies telles que CMA CGM, Hapag-Lloyd, Maersk ou encore OOCL (Orient Overseas Container Line LTD) basée à Hong Kong, ont donc fait le choix d’éviter le canal de Suez et de contourner l’Afrique par le cap de Bonne-Espérance. Un détour de plus de 6500 kilomètres qui prolonge les délais de 10 à 20 jours et qui augmente considérablement les coûts.
CMA CGM a annoncé une augmentation du prix de transport d’un conteneur de 40 pieds, passant de 3000 à 6000 dollars entre l’Asie et l’Europe. La route la plus touchée étant celle reliant Shanghai à Rotterdam. Les entreprises qui décident de continuer sur cette route se retrouvent, elles, confrontées à une autre problématique : l’augmentation des primes d’assurances pour leurs navires.
Les entreprises de Hong Kong en difficulté
Selon plusieurs compagnies chinoises, les perturbations sur cette route maritime a mis en évidence la vulnérabilité de l’économie chinoise face aux problèmes d’approvisionnement et aux chocs de la demande extérieure. Plusieurs entreprises internationales ont d’ailleurs exprimé leur intention de se tourner davantage vers des usines situées dans des pays tels que la Turquie ou le Viêt Nam afin d’atténuer l’impact des perturbations.
Le 3 décembre, un bateau de la compagnie chinoise OOCL, établie à Hong Kong, a vu l’un de ses cargos attaqués par les rebelles houthis, entraînant immédiatement l’interdiction pour tous leurs navires d’effectuer des livraisons en provenance et en destination d’Israël jusqu’à nouvel ordre. Durant les mois qui ont précédés les attaques du 7 octobre, au moins 6 milliards de dollars ont été investis uniquement par Hong Kong dans les activités du Canal de Suez. Le canal étant un des points commerciaux les plus importants où transite une grande partie des marchandises asiatiques en destination de l’Occident, ces entreprises se retrouvent donc maintenant dans une situation très délicate.