Elle s’appelle Sasha. Lui, c’est Nero, un golden écossais... Un portrait croisé d’un maître et de son chien, saisis lors d’une promenade à Central Park. Allure, style, attitude : ces duos parfois se ressemblent plus qu’on ne le croit. Une chronique courte, sensible et observée, au rythme des pas et des pattes.


Elle s’appelle Sasha. Lui, c’est Nero, un golden écossais.
Il est six heures quarante-trois. Pile. Ils quittent l’immeuble sans un mot. Pas de petit-déjeuner. Juste un grand verre d’eau tiède, avalé d’un trait. Une veste matelassée, des leggings enfilés sans y penser. Cheveux tirés, pas décidés. Sasha referme la porte d’une main. Nero attend déjà. Il sait.
Chaque matin, leur boucle dans Central Park dure quarante-deux minutes, montre en main. Pas d’arrêt. Pas d’écart. Sasha aime quand tout rentre dans des cases. Les chaussettes, les journées, les émotions. Pour son chien, elle n’a pas cherché plus loin : Nero, parce qu’il est noir. Factuel, rationnel. Pourquoi compliquer ce qui est évident ?
Sasha est kinésithérapeute dans une clinique privée de l’Upper West Side. Spécialisée dans les épaules figées, les colonnes douloureuses. Son métier lui a appris une chose : le mouvement, c’est la base. Alors, elle commence par là.
Elle ne pense pas, elle marche. Droite. En ligne. Respire. Fait le vide.
Nero ne tire pas. Ne s’arrête pas sans raison. Ne jappe jamais. Il est sobre, poli, presque cérémonieux. Une élégance mate.
Ils ont la même allure : allongée, fluide, maîtrisée. La même palette, aussi : noir, beige, gris. Rien ne dépasse. Rien ne brille. On pourrait les dessiner d’un seul trait, tant ils filent d’un élan partagé.
À sept heures vingt-cinq, ils seront de retour. Nero retrouvera son tapis. Sasha prendra une douche, un café très noir. Puis elle partira. La journée pourra commencer. Une routine, oui. Mais choisie. Une ligne de conduite.
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