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Politique environnementale : un défi pour Biden après 4 ans de Trump

Politique environnement BidenPolitique environnement Biden
Écrit par Harmonie Vandame
Publié le 19 janvier 2021, mis à jour le 19 janvier 2021

L’American way of life, qui renvoie à une consommation domestique d’abondance et bon marché durant des décennies aux États-Unis, a certes permis un développement économique du pays, mais aussi une plus grande dépendance énergétique. Cependant, à l’heure où les enjeux environnementaux sont d’importance majeure, cette façon de consommer n’est plus viable. Alors que les États-Unis sont le deuxième plus grand émetteur mondial de gaz à effet de serre, qu’en est-il de la politique environnementale américaine ? Que Biden va-t-il mettre en place pour contrer quatre années de gestion environnementale catastrophique par l’administration Trump ?

D’après US Energy information administration, en 2019 la consommation de l’énergie primaire des États-Unis représentait 37 % de pétrole, 8 % d’énergie nucléaire, 11 % de charbon, 11 % d’énergie renouvelable et 32 % de gaz naturels. Ainsi, 80 % de la production totale de l’énergie primaire aux États-Unis était réalisée par des combustibles fossiles en 2019.


Un frein politique au verdissement de la politique des États-Unis

L’une des caractéristiques du système gouvernemental américain est sa distribution. Le pouvoir est partagé entre l’exécutif, le législatif lui-même divisé entre la Chambre des Représentants et le Sénat, le judiciaire et le gouvernement fédéral partageant les décisions sur la politique environnementale entre 50 États et environs 80 000 gouvernements locaux. À cela s’ajoute des agences comme l’EPA (Agence de la protection de l’environnement) les différents départements (l’intérieur, l’agriculture, l’énergie…) en charge de l’établissement de politiques diverses en fonction de leur secteur d’expertise et d’autres agences indépendantes. Ainsi, la vaste diversité des institutions et des acteurs politiques conduit à des politiques environnementales disparates. Ne disposant pas d’une agence ou d’un ministère de l’environnement unique cela complique la coordination des prises de décisions et l’élaboration d’une seule politique de l’environnement. De plus, les services administratifs américains sont très politisés et influencés par bon nombre de lobbies. Ils vont donc suivre le parti dominant expliquant les changements d’orientation et de stratégies environnementales pouvant être radicaux selon le président au pouvoir.


Priorité ou non, selon les présidences

L’établissement d’une politique pro-environnement a été régulièrement mise à l’épreuve face à la priorité économique. Ce fut le cas en 2001 lorsque Bush refusa de ratifier l’accord de Kyoto engageant les États-Unis à réduire leurs GES de 7 % sous-prétexte qu’il représenterait un fardeau pour l’industrie et que les conséquences seraient trop lourdes pour l’économie américaine. Mettant en avant l’économie, Bush nomme des conservateurs et d’anciens dirigeants d’entreprises à des postes de politique environnementale de l’EPA et aux départements de l’Intérieur contrebalançant alors avec la précédente administration de Clinton. Ce schémas se renouvellera d’ailleurs quelques années plus tard avec l’arrivée de Trump.

Dès son arrivée au pouvoir, Obama s’engage à mettre en place des politiques considérant davantage les questions environnementales. Sur la scène internationale lors de la COP15 de Copenhague, les États-Unis s’engagent à réduire les émissions de 17 % en 2020 par rapport à 2005 puis en 2015, ils signent l’accord de Paris au cours duquel les pays s’accordent à limiter la hausse des températures de 2 °C voire 1.5 °C. Au niveau national, il promeut l’usage des énergies renouvelables, dont la consommation et la réduction des GES dans certains secteurs économiques. Bien qu'Obama fut freiné dans ses ambitions environnementales dues à une opposition républicaine (majoritaire durant le second mandat), il parvient à influer sur une dynamique de politique environnementale dans certains États fédérés.

Cependant, dès lors que Trump devient président débute les politiques de dérèglement et d’affaiblissement des mesures entreprises pour le changement climatique, l’énergie propre, la protection de l’environnement et la diplomatie. Le Clean Power Plan, pièce maîtresse du mandat obamien visant à réduire de 30 % les émissions de CO2 des centrales d’ici 2030 par rapport à 2005 est annulé, les États-Unis se retirent des Accords de Paris, les normes d’émissions des véhicules s’allègent et le National Environmental Policy Act — loi exigeant que tout projet fédéral soit soumis à une évaluation environnementale — est affaibli. Tout comme Bush, Trump nomme à des postes clé de l’administration des acteurs en faveur de la promotion des carburants fossiles. Durant tout son mandat présidentiel Trump donne priorité à l’industrie du charbon et aux énergies fossiles. Toutefois, les dérégulations en faveur du charbon ne vont pas inverser la tendance prise par les marchés se dirigeant vers d’autres sources d’énergie telles que le gaz naturel, et les énergies renouvelables plus concurrentes.

 

Les défis auxquels sera confrontée l’administration Biden 

Durant sa campagne Biden s’est engagé à faire de son mandat une lutte contre le changement climatique et a prévu de rétablir les politiques environnementales démantelées par Trump. Son objectif est d’atteindre une neutralité carbone d’ici 2050 déversant 2 milliards de dollars dans ce projet ambitieux. Biden a prévu un retour des États-Unis dans les Accords de Paris. Il pourra se servir du pouvoir exécutif pour annuler les décrets présidentiels signés par Trump allant à l’encontre du respect environnemental. De même, les réglementations qui n’auront pas été finalisées avant le changement d’investiture ne seront pas établies, mais Biden devra créer une nouvelle réglementation pour modifier celles de Trump ce qui prendra du temps dû à la complexité de la tâche. Cependant, Biden pourrait être confronté à une situation similaire rencontrée par l’administration Trump dont de nombreuses décisions ont été contestées devant les tribunaux. Toutefois, les ambitions de Biden semblent plus prometteuses avec une majorité de démocrates au Sénat et avec une administration plus encline à des politiques environnementales comme le reflète la nomination de John Kerry comme envoyé spécial du président sur le climat considérant la crise climatique comme « la menace urgente de la sécurité nationale » d’après ses dires sur tweeter.