Le « Mois de la Femme » revient dans nos colonnes pour cette seconde édition 2020. Il débute sur des engagements et des convictions, ceux d’Elsa Lagache, activiste multirécidiviste. Née en Normandie, la jeune femme a grandi à Amiens, où une de ses professeures n’était autre que l’actuelle première dame. Elle a ensuite rejoint Strasbourg, où elle a étudié à l’école de Commerce EM Strasbourg. Aujourd’hui new-yorkaise, après des années parisiennes, cette consultante sénior pour un éditeur de logiciel a plusieurs combats dont la protection de l’environnement et le respect des animaux. Mais pas que !
Je ne suis pas délimitée à une seule cause
Joviale et avenante, mais aussi affirmée, Elsa Lagache est une femme de son temps qui mène plusieurs combats parallèlement à une carrière professionnelle intense. Pour comprendre ses engagements, encore faut-il connaître son enfance. « Ma mère vient d’un milieu modeste, aussi, elle a toujours des réflexes comme le compost, ne pas gâcher la nourriture, ne pas jeter mais recoudre... » Enfant, Elsa Lagache répète ces petits gestes, quitte à être la cible de moqueries, lesquels sont devenus l’un de ces combats : la protection de l’environnement. Pourquoi jeter quand on peut réparer ? Pourquoi utiliser du jetable quand on peut utiliser du réutilisable? Pour Elsa, exit le consumérisme à outrance et vive le « do it yourself ». Elle y croit dur comme fer, c’est une accumulation de petits gestes simples qui participent au changement. Avec d’autres françaises de New York, elle lance un groupe, sinon un véritable mouvement « Super Heroes Project » en 2019 aux côtés de Marie Assaker et Melody Leger. Le premier combat : l’utilisation tant massive qu’inutile des sachets plastiques aux USA. Elsa Lagache se lance dans une véritable bataille : faire entendre aux new-yorkais les méfaits de l’usage des sachets plastique à usage unique. Avec les autres super heroes, elles se postent devant des enseignes américaines telles que Target, grand temple de la consommation à l’américaine, afin de convaincre les clients de refuser les sachets plastique au profit de tote bags que le gang des super heroes récupèrent auprès de particuliers ou d’entreprises et distribuent lors de leurs actions.
Si la jeune femme se félicite que l’utilisation de sacs en plastique soit interdite dans l’État de New York, à compter de ce 1er mars 2020, elle l’affirme quand même « c’est une étape mais le combat continue. Il n’y a plus de sacs en plastique, mais il y des sachets en papier. Là encore, c’est de la pollution inutile, nous continuons notre combat en distribuant nos sacs réutilisables ».
Elsa est arrivée aux États-Unis en 2014, de son propre aveu, à reculons. Dans le cadre de ses études à EM Strasbourg, elle avait déjà connu une année d’échange au Mexique « en pleine grippe aviaire ». Une année de découverte et de bonheur. Une fois son diplôme en poche, Elsa prend la direction de Paris où elle est recrutée chez un éditeur de logiciel. Très vite, elle demande à être mutée dans un pays anglo-saxon « mon niveau d’anglais me dérangeait, je ne comprenais pas toujours les subtilités de la langue ». Elle croyait être envoyée à Londres mais c’est à New York qu’elle atterrit. « J’étais assez dépitée au départ, mais je suis vite tombée en admiration ». Elle s’intègre rapidement dans une ville multiculturelle et ouverte à l’autre. Très vite, elle se lance dans des projets locaux et surtout du bénévolat pour accompagner les plus défavorisés. À Paris, déjà, elle aidait les enfants en difficulté scolaire à la Goutte d’Or, dans le 18e arrondissement. Elsa, toujours très engagée et débordante de confiance, en elle, mais aussi en l’âme humaine. « Tout le monde me disait, mais enfin, c’est dangereux la Goutte d’Or, franchement, j’y allais à vélo, avec mon ordi, il ne m’est jamais rien arrivé ». Ici, elle apprend à nager à des enfants dans le Bronx, elle sert la soupe populaire, elle participe à des distributions de nourriture à des personnes transgenres, elle participe à des ateliers de danse avec des enfants atteint de trisomie, elle participent à des courses à pied avec des non-voyants. La vie d’Elsa Lagache est une valse de dévouement. Elle enchaîne les combats tout en se mettant au service des autres.
À bicyclette...
À vélo, son grand dada ! Elle est comme ça Elsa, elle choisit toujours la solution la plus durable, la plus douce pour la planète. Qu’il pleuve, qu’il vente qu’il neige, elle ne lâche jamais son fidèle destrier quitte à braver les SUV qui brûlent le bitume new-yorkais. Dans le cadre de son poste de consultante sénior, Elsa est amenée à énormément voyager « ce qui me pose un vrai problème concernant mon empreinte carbone ». Elle n’hésite d’ailleurs pas à rendre les clés de son appartement new-yorkais quand elle apprend que durant 15 mois, elle va devoir faire un tour du monde pour former une multitude de clients aux quatre coins du monde. « J’ai préféré rendre mon bail pour ne pas avoir à faire des allers-retours entre différents pays et New York. »
Mais, heureuse à son retour de retrouver sa vie new-yorkaise, ses activités, ses combats et le réseau de femmes francophones de New York, She for S.H.E auquel elle appartient et, où elle anime le groupe « Ecolo She ». Avec ses fidèles comparses, elles organisent des ateliers do it yourself, au programme, apprendre à fabriquer des cosmétiques, ou des nettoyants, respectueux de la planète. Et ça marche, les Super Heroes rencontrent leur petit succès.
New York, un paradis pour les végans
Autre cause, autre combat ! Elsa Lagache est devenue végan tant par respect pour la cause animale que par goût, ou plutôt dégoût pour la viande. « Nous vivons dans une société où manger de la viande est une norme. J’aurais aimé que l’on ne me force pas à manger de la viande quand j’étais enfant ». Adulte, elle fait son choix : le véganisme mais aussi le militantisme. Avec les Anonymous, elle se poste à la sortie des supermarchés de New York pour montrer, Vidéos à l’appui, la cruauté infligée aux animaux dans les abattoirs, mais aussi dans les élevages. « J’ai une petite tendance à être activiste » concède-t-elle.
Jeune femme, mais activiste de longue date, Elsa aime à rappeler qu’être végan n’est pas vivre une vie monotone sinon monacale, au contraire. C’est aussi l’occasion de redécouvrir des saveurs, des légumes oubliés, des légumineuses, c’est se faire du bien tout en faisant du bien à la planète. C’est aussi et surtout, respecter la cause animale, loin de la fin de vie atroce promise aux animaux d’élevage et de leur souffrance, dans les « fermes » d’élevage.
Elle est comma ça, Elsa, partie prenante pour les grandes causes, avec une volonté farouche de se battre et de faire du bien. Toujours avec la sourire, sauf pour les voitures qui frôlent les pistes cyclables, et toujours avec engagement.
Merci, chère Elsa, de faire partie des 31 femmes du Mois de la Femme 2020 du Petit Journal New York.