La « Women’s March » 2020 de New York n’a pas soulevé les foules

En janvier 2017, la première Women’s March avait rassemblé des centaines de milliers de femmes dans la capitale américaine et dans de nombreuses villes du pays, dont New York, pour protester contre Donald Trump. Ce week-end s’est tenue la dernière marche avant la prochaine élection présidentielle, et force est de constater qu’à New York, elle a guère rassemblé.
Une vague de bonnets roses
Le 21 janvier 2017, « un jour seulement après la cérémonie d’investiture de Donald Trump, des centaines de milliers de femmes sont descendues dans la capitale fédérale américaine, armées de pancartes et coiffées de bonnets roses, pour exprimer leur colère et leur désarroi » soulignait le Washington Post.
Le 21 janvier 2017, les rues de New York étaient aussi prises d’assaut par des manifestantes coiffées d’un bonnet rose mais aussi par des hommes et des enfants de tous âges. En 2018, et quelques semaines après la création du mouvement #metoo, le mouvement n’avait pas faibli, bien au contraire, et quelque 200 000 new-yorkais avaient défilé dans la ville qui ne dort jamais pour apporter leur soutien aux minorités mais aussi manifester contre la politique de Donald Trump.
Des propos antisémites
Quelques semaines avant l’édition 2019 de la Women’s March, des propos antisémites tenus au sein même de l’organisation étaient venus ternir la fête, et force est de constater, affaiblir durablement le mouvement.
Ce fut en effet l’incompréhension la plus totale lorsque Tamika Mallory, l’une des leaders de l’organisation, avait, à plusieurs reprises, fait l’éloge de Louis Farrakhan, le dirigeant du groupe politique et religieux suprématiste noir Nation of Islam. Alors que faire ? Présenter des excuses bien évidemment ! C’est ce qu’avait fait Linda Sarsour, l’une des principales figures du mouvement, via un message dans lequel elle s’excusait, au nom de l’organisation, d’avoir causé du tort à ses membres de confession juive. Dans ce message d’excuses, on pouvait y lire « Pour nous, chaque membre du mouvement compte, y compris nos incroyables membres juifs et LGBTQ. Nous sommes profondément désolés des torts que nous avons causés, mais nous savons que vous êtes là, nous vous aimons et nous nous battons avec vous ».

Une pancarte abandonnée dès 13h30 - Crédit photo : Rachel Brunet
Le déclin du mouvement
Mais le mal était manifestement fait. Résultat : les responsables de la Women’s March qui avait déposé une demande officielle pour la manifestation prévue à Washington le samedi 18 janvier dernier estimaient à 10 000 le nombre de femmes qui devraient se joindre au mouvement. Un sacré déclin !
Et en lieu et place de l’ambitieuse « plateforme politique » articulée autour de dix points défendue par le mouvement en 2019, la Women’s March a décidé de se concentrer en 2020 sur la question du changement climatique, de la défense des droits des migrants et des droits reproductifs, les trois thèmes les plus importants aux yeux de la majorité des participantes.
À New York, seulement 2000 personnes ont participé à la Women’s March 2020, loin des 200 000 d’il y a deux ans. Certes, la neige s’est aussi invitée à l’événement mais ce n’est pas l’unique facteur qui explique cet essoufflement à quelques mois de la prochaine élection présidentielle américaine. Toute la série de dysfonctionnements, de mauvais choix stratégiques et de mauvaise gestion financière, ajoutés à la polémique des propos antisémites de l’année dernière semblent avoir fini par entacher durablement la réputation du mouvement.
À New York, une véritable mauvaise organisation de l’événement est venué se greffer aux intempéries. Ainsi, un petit groupe de manifestants rencontré à Time Square a confié au Petit Journal que « l’organisation n’était pas claire et qu’ils s’étaient directement retrouvés à Time Square, bien que ce lieu ne fût pas mentionné sur le chemin que la manifestation devait emprunter » puisque la marche devait partir de Central Park West, à la hauteur de la 72e rue pour rejoindre Bryant park par la 6e Avenue.
Et pourtant, c’est à Time Square que les participants ont notamment pu écouter Evelyn Yang, la femme du candidat à la primaire démocrate Andrew Yang qui a récemment raconté dans les médias avoir été agressée sexuellement par son médecin lors de sa grossesse.
À 11 heures, samedi 18 janvier, peu de personnes étaient présentes au départ de la marche, au coin de la 72e rue et de Central Park West. À 13h30, la circulation était réouverte à Columbus Circle, signe que la Women’s Marche 2020 n’a guère soulevée les foules. Il y a deux ans, les manifestants avaient défilé jusqu’en fin d’après-midi.