Quand arrive l’heure de scolariser les enfants, les parents, expatriés et binationaux s’interrogent. Est-ce que l’on peut contribuer à l’apprentissage du français à la maison en tant que parent francophone ? Est-ce qu’il faut inscrire ses enfants dans une école bilingue ? Quid de la place de la biculturalité dès lors que l’on parle de bilinguisme ?
Pour répondre à ces questions essentielles aux familles expatriées ou binationales, nous sommes partis à la rencontre d’Isabelle Bonneau, fondatrice de Tessa International School, l’école bilingue et internationale du New Jersey.
©️Tessa International School
Parler français à la maison n’est pas suffisant
« Nous le constatons parmi les enfants qui postulent à Tessa International School, ceux qui ne parlent français qu'à la maison atteignent au mieux un très bon niveau à l’oral, mais le plus souvent, leur français est imparfait et ils ont un accent. Certains refusent même de parler la langue, même s’ils la comprennent. Par contre, leur niveau écrit est en général faible » explique Isabelle Bonneau. Avec toute la bonne volonté de parents francophones, parler le français à la maison n’est généralement pas suffisant pour transmettre à son ou ses enfants, un niveau soutenu de la langue de Molière. Au mieux, un enfant sera capable de comprendre et de parler, il saura s’exprimer mais sans manier avec dextérité la complexité de la langue. Notammant à l’écrit.
Inscrire son enfant dans une école bilingue relève d’un choix personnel qui dépend des projets de chaque famille. Les familles expatriées, de passage pour quelques années aux États-Unis, savent que tôt ou tard, elles retourneront vivre dans l’Hexagone. Hors de question pour ces familles de sortir leurs enfants d’un système éducatif où le français, et le programme de l’Éducation nationale se taillent une part belle. Pour les familles installées définitivement au pays de l’Oncle Sam, la donne est différente. Et nombreuses sont les questions. Est-ce que l’enfant ira faire des études supérieures en France — où les frais de scolarité sont moindres —, est-ce que l’apprentissage du français est essentiel dans l’histoire familiale, est-ce que l’enfant est exposé à plus de deux langues, le français est-il le seul vecteur de connexion avec les grands-parents ? Est-ce que ne pas inscrire son enfant dans une école bilingue ne revient pas à le priver d’une part de notre propre culture et autre cheminement de pensée, en tant que parents français ? « Est-ce que les parents veulent que leur enfant soit francophone ? » questionne Isabelle Bonneau « sans une école bilingue, les parents risquent d’avoir beaucoup de mal ».
Au-delà de l’apprentissage de la langue, il est aussi question de la transmission d’une culture et d’un schéma de pensée. On n’éduque pas un élève dans le système américain comme on l’éduque dans le système français. « L’éducation française, qui est une éducation de qualité, permet, grâce à l’écriture en cursif, de développer la motricité fine, de donner le sens du détail. En France, nous apprenons par coeur des poésies, des récitations, ce qui permet d’affiner le sens du détail, de la précision et de la rigueur. De plus, le français est une langue sophistiquée, avec une grammaire et une conjugaison complexes. C’est un challenge constructif. Ici, aux États-Unis, le système éducatif ouvre émotionnellement les enfants » explique la fondatrice de Tessa International School. Le mariage des deux programmes, permet finalement d’acquérir l’excellence et les forces de chacun des systèmes éducatifs. L’enseignement en français, au-delà de l’apprentissage de la langue et de la culture française, apporte précision et rigueur, l’enseignement américain apporte ouverture d’esprit et façonne des élèves aptes à débattre, qui osent exprimer leurs idées et les défendre.
« La langue de l’environnement prend toujours le dessus » selon Isabelle Bonneau. Un enfant de parents français aux États-Unis, même s’il est capable de s’exprimer avec aisance dans les deux langues, privilégie automatiquement l’anglais, langue du pays dans lequel il grandit.
« Pour les enfants qui arrivent en cours de scolarité, intégrer une école bilingue est l’assurance d’une transition plus douce. Nous constatons toutefois que plus ils arrivent jeunes, plus ils apprennent vite et plus ils deviennent bilingues facilement. Il est important de commencer tôt, car plus l'enfant est exposé au bilinguisme tôt, plus son cerveau a la flexibilité de parfaitement parler les deux langues » relate Isabelle Bonneau. Et plus il aura de facilités à apprendre une troisième langue.
Suivre une éducation en français, c’est apprendre la culture française, au coeur des racines familiales. C’est devenir biculturel. C’est apprendre l’histoire, la géographie, l’éducation civique, au-delà d’un simple apprentissage de la langue. C’est acquérir définitivement un schéma de pensée. Sans oublier l’histoire de ses racines.
« Ils restent ainsi plus proches de leurs racines et bénéficient à l'âge adulte d’opportunités d'études et de carrières internationales plus nombreuses. Je vis ces avantages au jour le jour. Mon fils a été scolarisé au Lycée Français jusqu’au bac. Il étudie maintenant à l’ESSEC, à Paris, avec des opportunités de passer les prochaines années universitaires à Singapour et Berkeley, le tout à un coût bien moindre que dans une université américaine. Je sais aussi que si nous nous installons en France, il restera proche de nous, au moins culturellement, » explique Isabelle Bonneau.
©️Tessa International School
L’ouverture internationale
Les écoles bilingues s’adaptent au système américain. « Nous enseignons tout, plus tôt que ce soit la lecture, l’écriture qui commence ici en kindergarten alors qu’en France, cet enseignement commence au CP » relate Isabelle Bonneau. Et de rajouter « nous pouvons ajouter, à la dimension bilingue, la dimension internationale, que nous vivons au jour le jour à Tessa International School. Dans une école comme la nôtre, avec beaucoup de familles bilingues ou de familles anglophones, l’anglais est aussi très présent et les enfants sont plus authentiquement et largement exposés aux deux cultures. ». À Tessa International School, 54 % des élèves ont un des deux parents francophone, 21 % sont des enfants de familles françaises expatriées et 25 % des élèves sont américains. Passer d’une langue à l’autre, d’une culture à l’autre, s’enrichir de l’autre sont autant de forces acquises par les élèves inscrits dans une école bilingue internationale. Avec des familles de 32 nationalités différentes, Tessa International School prépare des citoyens de demain à un monde d’altérité et de respect.
Le baccalauréat international est aussi central à l’éducation internationale. Ce dernier a pour but de développer chez les jeunes la curiosité intellectuelle, les connaissances et la sensibilité nécessaires pour contribuer à bâtir un monde meilleur et plus paisible, dans un esprit d'entente mutuelle et d’échange interculturel. Au-delà de la phase d’apprentissage en tant qu'élève, ce programme apporte des valeurs telles qu’apprendre activement tout au long de la vie, être empreints de compassion, et comprendre que les autres, en étant différents, puissent aussi être dans le vrai. Un véritable programme qui façonne de futurs adultes respectueux et bien dans leur peau.
Si à Tessa International School, le baccalauréat international est central, le programme émotionnel de Yale, l’est tout autant. Marc Brackett, un brillant chercheur en psychologie de Yale University a mis au point des instruments qui permettent de régler les émotions tant individuelles que d’un groupe. S’en dégage un outil, le Ruler, qui permet d’éduquer les enfants dès le plus jeune âge à comprendre et agir avec leurs émotions. Ainsi, à Tessa International School, l’éducation émotionnelle fait partie intégrante du programme dans l’idée de faire des enfants de meilleurs citoyens, plus conscients d’eux-mêmes, respectueux, et aussi plus efficaces.
Parfois, le seul frein à l’éducation bilingue est le montant des frais de scolarité. « Il faut être réaliste, il y a une question de budget, » explique Isabelle Bonneau, « mais les gens imaginent souvent qu’ils ne sont pas éligibles pour une bourse alors qu’ils le sont peut-être. Il ne faut pas hésiter à postuler pour une bourse car dans la plupart des écoles, les bourses de l’école, et non de l’État français, sont accessibles à des niveaux de revenus plus bas que ce que les familles le supposent » conclut la fondatrice de Tessa International School.
Article par Rachel Brunet, rédactrice en chef du Petit Journal New York
Pour en savoir plus sur Tessa International School
Pour contacter Tessa International School :
admissions@tessais.org ou (201) 755-5585