Fils de parents appartenant à l’élite économique et culturelle de Virginie, George Washington est le deuxième homme célèbre d’origines européennes à dire «non » au trône américain.
« Si la réflexion d'Heidegger à propos d'Aristote : «Il est né, il a œuvré, il est mort» caractérise au mieux le parcours de George Washington, c'est qu'il n'eut de cesse de vouloir demeurer loin de la lumière brûlante de la gloire. Pourtant, riche d'immenses succès, il fut l'un des pères fondateurs de la première puissance mondiale actuelle au point qu'on voulut le faire roi.» Ces mots sont de Jean-Marie Rallet, auteur de « George Washington, l’homme qui ne voulait pas être roi » édité chez Ellipses.
Si le Prince Henri de Prusse a refusé de devenir le premier roi des Etats-Unis, il y a un peu plus de deux siècles, George Washington, un des piliers de l’histoire de ce pays du globe, non plus, n’y voyait aucun gain, comme nous pouvons le lire dans cette analyse historique. En effet, l’homme d'État américain aux ambitions infinies lorgnait plutôt le statut de chef d’État-major de l’Armée continentale, vœu réalisé lors la Guerre d’indépendance entre 1775 et 1783 et de premier président des États-Unis, un rêve devenu réalité de 1789 à 1797.
Rétrospective : les dessous des cartes
Né en 1732 dans le comté de Westmoreland en Virginie, George Washington a failli devenir le premier roi des USA. Pourtant, le descendant de ceux qui fuirent le joug monarchiste britannique ne voulait pas reproduire un régime si controversé chez l’Oncle Sam. En 1753, il fut envoyé par le gouverneur de Virginie, Robert Dinwiddie, dans la vallée de l’Ohio, qui était alors la scène d’antagonismes coloniaux infinis entre les Britanniques et les Français. Chargé d'apporter une missive au Fort Le Bœuf, il exigea le retrait des Français et des Canadiens de la région de l'actuelle Pittsburgh. Confronté à un refus, Washington attaqua et tua un groupe de 30 éclaireurs menés par Joseph Coulon de Villiers à la bataille de Jumonville Glen.
En 1754, il laissa exécuter cet officier. Les Canadiens protestèrent d'avoir été pris en guet-apens, garantissant être venus sous la garde de l’étendard blanc et du règlement d’émissaires, pour délivrer un commandement de retrait des terres du roi de France Louis XV. Washington se disculpa par la suite en disant l'avoir pris pour un espion plutôt que pour un émissaire.
Les coulisses d’une belligérance
Suite à l’écart de G. Washington, Claude de Contrecœur rétorqua en envoyant un détachement de 500 hommes chargé de captiver Washington dont il confia le commandement à Louis Coulon de Villiers, le frère de Jumonville. Celui-ci fit prisonnier de Washington au Fort Necessity, mais le libéra après avoir obtenu des confessions qu’il récusera plus tard, prétextant avoir signé un papier en français, qu'il n’en avait pas bien assimilé le contenu.
La mort de Joseph de Jumonville suscita un tollé en France et le Britannique Horace Walpole évoqua même « cette décharge tirée par un jeune Virginien dans les sous-bois américains [qui] mit le Monde en feu ». Établi en terrain inondable et trop faiblement défendu, Fort Necessity se révéla inutile. Le 3 juillet de la même année, Washington dut se rendre à la bataille de Great Meadows et négocia son retour en Virginie en quittant les Canadiens maîtres de la vallée. Ces opérations formèrent les premiers carambolages, voire les tenants et aboutissants de la guerre de Sept Ans (1754-1763). Elles furent rendues publiques à Londres et Williamsburgt et contribuèrent fatalement à faire connaître George Washington, le premier homme fort de l’histoire américaine. En 1799, ses yeux se sont fermés à tout jamais.