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Chez Vous, Sans Moi, Leah Pisar : Trump en embuscade ou débusqué ?

Leah PisarLeah Pisar
Leah Pisar
Écrit par JC Agid
Publié le 10 juin 2020, mis à jour le 7 novembre 2020

En moins de deux semaines, la crise sanitaire s’est multipliée : crise sociale, crise sociétale et crise politique. La superposition de l’explosion annoncée du chômage, le soulèvement antiraciste suite de la mort de George Floyd, les scènes d’émeutes, les couvre-feux imposés dans plus de 40 villes américaines et la réaction menaçante du locataire de la Maison Blanche donnent le ton d’une campagne présidentielle à la hauteur des trois mois qu’une grande majorité d’Américains vient de vivre : exceptionnelle.

Difficile encore de savoir si Donald Trump a réussi à profiter d’une situation politique violente, reflet de cette Amérique divisée qu’il ne cherche nullement à réconcilier ou s’il est allé trop loin, if he crossed the line diraient les Américains.

Sondages négatifs, disparition de soutiens républicains de premier plan et désaccord au sein même de son Administration, Donald Trump aurait-il réduit à une peau de chagrin ses chances d’être réélu à la Maison Blanche le 3 Novembre ? La prochaine élection présidentielle est celle d’un choix entre une Amérique désunie, repliée sur elle-même et une Amérique collective, multilatérale, entre une relance économique autocentrée et la construction d’une société plus juste.

C’est un combat entre « deux visions de l’Amérique », dont « l’âme de ce pays et l’équilibre mondial » sont les enjeux, explique l’écrivain franco-américaine et ancienne conseillère du Président Clinton Leah Pisar. Actuelle Présidente du Projet Aladin—une ONG qui œuvre pour le rapprochement interculturel et le rejet du négationnisme, du racisme et de l’antisémitisme—Leah Pisar a naturellement choisi le camp de l’ouverture, de l’humanisme et du partage.

 

Leah Pisar

Illustration ©️Marion Naufal

 

Je serais bien venu vous voir chez vous, Leah Pisar, mais confinement oblige et une semaine de couvre-feu à New York—pour la première fois depuis 1943—rendent cela impossible pour le moment. Des manifestations pacifiques à travers les États-Unis et dans le monde entier viennent de lancer un message clair : le souhait d’une police non raciste et d’une justice non raciale. Sommes-nous en train de vivre un moment historique comme celui du discours de Martin Luther King Jr. I Have a Dream en 1963 ?

Nous avons vécu la semaine dernière une situation que je n’avais jamais connue auparavant aux États-Unis. Des alertes quotidiennes sur nos téléphones portables nous indiquant le début du couvre-feu à New York, Philadelphie, Washington D.C., Dallas, Chicago, Minneapolis bien sûr, dans toutes les grandes villes américaines. Au dessus de Manhattan, le bourdonnement incessant des hélicoptères et dans les rues, celui des sirènes et des cris. Les images des casseurs se sont mêlées à celles des cortèges pacifistes et déterminés pour que George Floyd ne soit pas mort en vain. Oui, cette première semaine de Juin 2020 marque déjà l’histoire des États-Unis et de la lutte pour une société non raciste.

 

Nous avons assisté il y a quelques jours encore, à New York et dans beaucoup de villes américaines, à des scènes de pillage d’une rare violence. Donald Trump a alors menacé de faire intervenir l’armée et s’est présenté comme le représentant de l’ordre et du droit, Law and Order. Comment interpréter sa réaction ?  

Au lieu de calmer les choses, d’essayer de rassembler les Américains, de les réconcilier, ce qui devrait être le désir normal d’un Chef de l’État, Trump veut mettre le feu à la poudrière et fomenter la discorde et ce, avec pour objectif principal de consolider son pouvoir. A un groupe qui manifestait dans le calme derrière la Maison Blanche, Trump a réagi avec des gaz lacrymogènes et des grenades aveuglantes pour se frayer un chemin vers l’église St John sur H Street. Devant les caméras, il brandit une Bible, sans même l’ouvrir, exploite la religion et tente ainsi de communiquer avec sa base électorale conservatrice. Il menace aussi et joue sur l’insécurité, vieille méthode souvent employée par les démagogues et les fascistes.

 

Mais les casseurs, les pilleurs ? Ils sont bien réels.

Bien sûr. Des pilleurs organisés se sont joints à la foule des manifestants, et les forces de l’ordre n’ont put les intercepter à temps. Sans laisser le soin aux polices locales de faire leur travail, Trump s’est dit prêt à jouer les shérifs et à invoquer l’Insurrection Act de 1807 qui autorise très exceptionnellement le déploiement de l’armée dans le pays. Le Ministre de la Défense et le Chef d’Etat-Major ont indiqué qu’ils n’étaient pas prêts à soutenir cette démarche, en effet contraire aux principes mêmes d’une loi de 1878 qui encadre de manière très stricte l’usage de l’armée sur le territoire national. Aujourd’hui, des conservateurs historiques—l’ancien Président Georges Bush, l’ex-candidat à la Maison Blanche Mitt Romney et Colin Powell—ont indiqué qu’ils ne soutiendraient pas Trump en Novembre.

 

Trump se serait donc davantage isolé qu’il n’aurait rassemblé autour de sa candidature à un second terme. A-t-il voulu agir de façon désespérée ou opportuniste ?

Les deux. Il y a fort à parier que ce soit un calcul politique des plus cyniques qui doit être analysé à travers le prisme de l’élection du 3 Novembre prochain. Trump est opportuniste. S’il n’a probablement pas lu Machiavel, il met en œuvre la devise de Charles Quint, ‘diviser pour mieux régner’. Il veut encourager le chaos. Pour le moment, sa stratégie agressive ne paye pas. Les sondages les plus récents le placent en mauvaise posture, 41% d’opinions favorables pour lui contre 55% pour Biden d’après CNN. Trump paye une gestion terrible de la crise sanitaire, un chômage rampant et une économie en chute libre. Mais c’est surtout sa réaction à la mort de George Floyd, et au soulèvement national qui a suivi, qui choque la nation.

 

Les scènes de pillage n’illustrent-elles pas aussi l’impact humain de la situation économique et du chômage record aux États-Unis dans le contexte du Covid ? N’existe-t-il pas un « tipping point », ce moment de bascule où la solution au problème engendre des défis plus graves que celui qu’elle voulait initialement régler ?

Tout le sujet est là. Il faut trouver le juste équilibre : faire tout ce qui est possible pour enrayer la pandémie tout en essayant d’éviter un cataclysme économique. Aux États-Unis, l’exécutif a attendu trop longtemps pour réagir. Les conséquences humaines sont d’autant plus sérieuses. On a un dirigeant à Washington qui redoute qu’un désastre économique ne lui coûte sa réélection et qui semble mettre les considérations sanitaires et médicales au second plan. Il est probable même que les ressources nécessaires n’ont pas été déployées dès le départ pour le dépistage, justement parce que Trump craint que les chiffres ne révèlent que la maladie soit bien plus répandue que ce qu’il laisse entendre. 

 

Pour beaucoup, le confinement est la possibilité non seulement d’aider à enrayer la pandémie mais c’est aussi une obligation que d’autres n’ont peut-être pas le luxe d’observer.

C’est évidemment un luxe. C’est pour cela que ceux d’entre nous qui sommes rester chez nous sans avoir perdu nos emplois ni risqué nos vies ne pouvons vraiment pas nous plaindre. Pour d’autres, la priorité peut être différente, et l’impératif économique est, pour la plupart des individus, vital. Regardez l’explosion du taux de chômage. Il est donc essentiel que les autorités aident et guident les acteurs économiques afin que le travail puisse redémarrer sans que le taux d’infection ne redécolle. Le Président Emmanuel Macron s’y consacre avec intelligence, même s’il n’a pas encore toutes les réponses. Son homologue américain, lui, tangue entre la cruauté et l’incompétence les plus abjectes.

 

Vous êtes spécialiste de la relation franco-américaine. Qu’est-ce qui différencie l’attitude des Américains de celles des Français ?

C’est vers Alexis de Tocqueville qu’il faut se tourner ! Dans L’Ancien Régime et la Révolution, il décrivait une France centralisée avec un exécutif fort. Cette crise confirme que, plus de 160 ans après la sortie de ce livre, c’est toujours le cas. L’impression que j’ai eue de la France en parlant avec mes amis ces derniers temps et en suivant les actualités est celle d’un peuple solidaire qui s’adaptait au confinement et comprenait que c’était pour le bien du pays. La plupart des Français ont suivi les règles, bon enfant, avec résignation et humour. Le déclin de la contagion montre que cette attitude a été efficace. Mais il faut ajouter qu’en France le confinement était obligatoire, ce qui n’était pas le cas ici–où beaucoup de personnes ont choisi de ne pas jouer le jeu. 

Dans De la Démocratie en Amérique, Tocqueville raconte son périple à travers un pays totalement unique. Grand contraste avec la France, du 19e Siècle… et de la Vème République ! Nous avons ici un système fédéral, décentralisé, où les 50 États doivent prendre leurs responsabilités et tenter tant bien que mal de se coordonner avec l’Exécutif. C’est une bonne chose, car de nombreux gouverneurs, Démocrates ou Républicains, montrent un vrai leadership et ne se laissent pas intimider par Washington. C’est une forme de contrepouvoir propre au système américain. Même si les autorités locales doivent faire très attention de ne pas froisser un président qui aime punir ceux qui ne le soutiennent pas.

 

Vous êtes démocrate et soutenez ouvertement la candidature de Joe Biden. Votre manque d’enthousiasme de l’administration Trump est assez logique.

Il y a une « Trumpisation » des informations, dont beaucoup sont erronées ; il y a un manque de transparence, un manque flagrant de ressources pour la première puissance mondiale. Surtout, la société américaine est très clivée. Et Trump exploite cette division. Certains de ses supporters manifestent sans masques ; lorsque Donald Trump, lui-même, se rend dans une usine de masques sans en porter un, ce n'est pas juste pour faire le cowboy, mais bien pour montrer que lui et son Vice-Président sont au-dessus des lois—‘qui m'aime me suive’—c’est un signal de rébellion. Le Président américain veut rouvrir l’économie et se soucie beaucoup moins des vies humaines.

Outre Atlantique, Emmanuel Macron porte le masque, essaye d’être raisonnable, s’adresse aux Français, communique, va voir les médecins et leur parle. Trump est dans le déni du problème et ne travaille de manière ni réfléchie ni constructive pour sortir de la crise.

 

Barack Obama, qui soutient la candidature de son ancien Vice-Président, a clairement critiqué Donald Trump en qualifiant de « chaos absolu et désastreux » sa gestion de la crise. Une déclaration inhabituelle pour un ancien Président américain, qui plus est le prédécesseur de l’actuel locataire de la Maison Blanche ?

Obama a qualifié la gestion de Donald Trump de « chaos absolu » dans un contexte semi privé. Il savait toutefois ce qu’il faisait et pouvait s’attendre à ce que ses propos fuitent. Nous traversons une période singulière durant laquelle Trump attaque sans cesse Obama en inventant un « Obamagate » qui n’existe pas. Il a même eu le culot d’accuser Obama d’avoir créé des tests défectueux pour un virus qui n’existe que depuis… fin 2019 (alors qu’Obama a quitté la Maison Blanche en janvier 2017). Ce serait drôle si ce n’était pas aussi grave. Il est donc normal qu’Obama se défende. Trump essaye de se défausser sur Obama dont l’administration n’aurait pas planifié une stratégie de réaction à une pandémie. C’est faux. Le leader de la majorité républicaine au Sénat, Mitch McConnell, a finalement dû s’excuser et reconnaître qu’Obama avait effectivement développé une stratégie.

 

Faisons un peu de politique fiction. Comment une administration Biden aurait géré la crise actuelle ?

Biden aurait réuni et écouté des experts, même si leurs recommandations n’étaient pas simples. Il n’aurait pas mis un Mike Pence à la tête de la task force sur le coronivarus, lui qui refusait de distribuer des seringues et des préservatifs dans l’Indiana où il était gouverneur lors d’une augmentation sensible des cas de HIV/SIDA. Biden aurait mis en place un système transparent d’information ; il aurait communiqué avec d’autres dirigeants, et notamment avec les Chinois—qui sont quand même les mieux placés pour observer cette maladie. Il aurait travaillé avec les 50 États américains. Il aurait coordonné les ressources–et, pardi, il y aurait eu assez de masques et de ventilateurs. Il aurait dirigé avec plus de compassion et d’intelligence. Des projections scientifiques ont montré que si un Président plus responsable et proactif que Trump était actuellement au pouvoir, il y aurait déjà eu beaucoup, beaucoup moins de décès.

 

Vous mentionnez l’absence de communication avec les autorités chinoises. Qu’en est-il de la coopération internationale ?

Elle n’existe quasiment plus. C’est très troublant. Sous Trump, l’Amérique a totalement rejeté sa position sur la scène internationale, sa voix, son leadership. Depuis plus d’un siècle, quand elle a abandonné l’isolationnisme pour se lancer dans la Première Guerre Mondiale, et que la Révolution Russe, concomitante, a donné naissance à un monde manichéen, l’Amérique a toujours représenté quelque chose dans le monde, ce que Ronald Reagan appelait ‘the shining city on a hill’.

 

A City Upon on a Hill, une lumière d’espoir. Cette expression a aussi été utilisée par Obama et Kennedy... Elle fait écho au discours de 1630 d’un puritain Américain, John Winthrop, pour qui sa communauté devait représenter « une ville sur la colline et les regards du peuple seront dirigés vers nous ».

C’est l’exceptionnalisme américain, la liberté. Quand mon père—Samuel Pisar—était emprisonné à Auschwitz pendant la guerre, il ne rêvait que des États-Unis. Ce pays représentait pour lui les valeurs de la démocratie et de la liberté, des valeurs d’ailleurs inventées en France. Ces valeurs ne sont plus. Ou plutôt, elles ne sont plus en évidence, car j’ai du mal à imaginer qu’elles se soient brusquement volatilisées. Ce pays ne dispose plus à sa tête d’un leader du monde libre. C’est une abdication. Les États-Unis ont toujours eu vocation à montrer l’exemple. Ils ont disparu et ouvrent une brèche dans laquelle la Chine s’engouffre. Cela me fait peur, plus encore que la crise du Covid19 elle-même, je crains pour l’avenir de la démocratie et de la coopération internationale.

 

La fin possible, donc, de l’influence américaine en tant que première puissance mondiale ?

Si les pouvoirs non-démocratiques établissent un nouvel équilibre au niveau planétaire, si les États-Unis restent sur un tracé isolationniste et unilatéraliste, que restera-t-il de la coopération internationale ? Mais ne soyons pas fatalistes. Nous avons encore la capacité de rebondir. Tout se jouera lors du scrutin de novembre.


Donc Joe Biden commencerait par relancer cette coopération ?

Bien sûr, et il appellerait à un renouveau de la coopération à tous les niveaux : à l’intérieur des États, entre les États, entre les gouverneurs et l’exécutif et au niveau international. Les États-Unis doivent échanger avec la France, la Chine, l’Allemagne. Nous devons travailler ensemble. D’autant plus que nous sommes tous menacés par le même fléau.

 

LEAH PISAR

Leah Pisar et son fils

 

Joe Biden a promis de choisir une femme comme candidate à la Vice-Présidence, pourquoi ?

Biden a pris cette décision avant le début de la crise, mais cette nomination sera d’autant plus importante que les femmes sont visées directement et indirectement par la pandémie. Je le vois moi-même, en tant que mère d’un jeune enfant. Mon existence est totalement bouleversée par cette situation, et mes amies qui ont elles aussi des enfants assument bien plus de responsabilités que leurs compagnons. Ce n’est pas une critique, c’est juste un fait. Et je ne vous parle pas des femmes qui sont vraiment touchées par cette crise. Celles qui élèvent des enfants toutes seules, qui accumulent les boulots, qui sont paralysées par le fait que les écoles sont fermées. Et puis, il est temps de donner une voix plus importante aux femmes en politique. Une femme apportera une expérience et un regard différents de ceux d’un homme. Cette complémentarité ne peut être que constructive.

 

New York, où nous vivons, est un État acquis aux démocrates. Ce n’est évidemment pas le cas partout, et particulièrement dans les fameux « swing states » que Donald Trump avait réussi à emporter il y a quatre ans. Quels doivent être les éléments déterminants pour que Trump ne soit pas réélu dans le contexte actuel ?

Mettons de côté les différences idéologiques, le style de Trump de gouverner et sa façon de nuire au peuple américain. Il faudra voir objectivement en Novembre où se situe le chômage, comment se comporte l’économie de manière générale, quel est l’état de la pandémie, faire un bilan du nombre de victimes, et finalement analyser l’adaptation des Américains à ce nouvel environnement sociétal. Si ces résultats sont négatifs, je pense que nous pourrons dire avec certitude—et déplorer—que Trump a particulièrement mal géré la crise.  

Mais cela ne veut pas dire qu’il ne sera pas réélu. Déjà, en temps normal, le président sortant a plus de chances de se faire réélire que son challenger. C’est ce qu’on appelle « the incumbent advantage. »

 

Est-ce que ce sera une campagne contre Donald Trump ou une campagne pour convaincre les indécis que le programme démocrate est mieux que celui des républicains ?

Il faut faire campagne contre Donald Trump car c’est un danger. Il ne s’agit pas juste d’une compétition entre deux visions de l’Amérique. On se bat ici contre une menace et une tentation vraiment totalitaire. L’âme de ce pays et l’équilibre mondial sont en jeu.

 

Existe-t-il un risque de déraillement constitutionnel et politique, spécialement si la réélection de Donald Trump n’est pas assurée ?

Il y a un très gros risque de déraillement et on en voit déjà les signes. Jared Kushner a évoqué récemment—remarque volontaire ou non—la possibilité de déplacer la date de l'élection, ce qui est très compliqué à faire et franchement inouï. Même en pleine guerre cela ne s'est jamais produit. Donald Trump s'en prend également au système postal américain. Est-ce parce qu’il rêve de nuire à un de ses ennemis favoris, Jeff Bezos, en limitant la portée d'Amazon ? Peut-être, mais il y a probablement aussi une motivation électorale. Quand on ne peut pas voter en personne aux États-Unis, on le fait par correspondance. Si Trump arrivait à paralyser le système postal, cela empêcherait des millions d’Américains de voter. Trump sait qu‘une participation accrue a tendance, historiquement, à favoriser les Démocrates, car cela indique que les minorités sont mobilisées. Trump dira – et dit déjà - que les votes postaux ne sont pas fiables, alors que lui-même a voté par correspondance lors de la dernière élection en Floride.

 

Et s’il n’arrive pas à assurer sa réélection ?

Si Trump n’arrive pas à avoir un impact sur le résultat en amont, il essaiera en aval, donc il pourrait contester les résultats de l’élection. Il pourrait engager des procédures et ira, si nécessaire, jusqu’à la Cour Suprême— où la majorité des juges sont à tendance conservatrice. Il dispose peut-être même de droits secrets qu’il pourrait invoquer en cas de crise très grave et que nous ne connaissons même pas. Sans parler de sa capacité à générer une urgence nationale, une conflagration nucléaire – même un cinéaste imaginatif ne saurait concevoir tous les scénarios.

Malgré tout, ne succombons pas au pessimisme. Cela n’est pas constructif. Le peuple américain dispose d’une voix, et elle se fait entendre de plus en plus fort. Les causes de cette prise de conscience—le décès de George Floyd—sont tragiques, mais enfin on sent une énergie et une mobilisation qui pourront peut-être porter le pays en avant. Car, comme l’a dit Martin Luther King Jr., dans une phrase souvent reprise par Barack Obama, “Let us realize the arc of the moral universe is long, but it bends toward justice” : « L’arc de l’univers moral est long, mais il penche vers la justice. »

 

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