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États-Unis : Pourquoi le Covid-19 connait un rebond ?

Covid rebond États-UnisCovid rebond États-Unis
Écrit par Rachel Brunet
Publié le 25 juin 2020, mis à jour le 29 juin 2020

Aux États-Unis, le nombre de nouveaux cas de Covid-19 a atteint cette semaine des hauteurs comparables au pire de la pandémie, en avril, obligeant certains États à réintroduire des mesures de confinement ou de quarantaine. Avec plus de 38 000 nouveaux cas détectés mercredi 24 juin, le pays a connu un record de contaminations inédit depuis le mois de mars. La géographie, la politique et le relâchement des comportements expliquent le rebond.

 

Rebond covid

 

Un rebond géographique

Contrairement à l'Europe, les États-Unis, dans l’ensemble, ne sont jamais complètement redescendus du pic atteint à la mi-avril, sauf en ce qui concerne l’État de New York, qui fait parti des trois rares États à avoir réussi à contenir la pandémie. La première vague n'en finit ainsi pas. En avril, le nombre quotidien de nouveaux cas confirmés a dépassé 30.000, puis le chiffre s'est stabilisé autour de 20.000 par jour en mai, avant de remonter au-dessus de 30.000 depuis plusieurs jours, mais en ce concentrant dans certains États, principalement ceux du sud du pays.

En comparaison, l'Union européenne, après avoir connu un pic proche de celui des États-Unis, enregistre aujourd'hui quelque 4.000 nouveaux cas par jour. L’État de New York, épicentre de la pandémie durant des semaines enregistre environ 500 nouveaux cas par jour.

Le chiffre américain global cache en réalité deux tendances. La première est que, dans les villes frappées en premier, dès mars (et de façon non détectée dès février), principalement dans le Nord-Est et à New York, le coronavirus est sous contrôle et la courbe des infections ressemble à celle observée en Europe : aujourd’hui très descendante.

La seconde tendance est qu’une autre partie du pays a pris le relais en juin : le Sud et l'Ouest du pays, dans des États tels que l'Arizona, la Floride, le Texas, mais aussi la Californie, qui avait pourtant imposé un confinement tôt dans la pandémie, mais manifestement mal déconfinée. Ils sont d’ailleurs neuf États à faire partie de la liste noire du Tri-State ( New York, Connecticut et New Jersey ) et dont les voyageurs, en provenance de ces États - qui enregistrent 10 % de patients contaminés lors des dépistages, contre 1% à New York - doivent observer une quarantaine à leur arrivée dans le Tri-State.

 

Rebond convie USA

 

Des gestes barrières non-respectés

Le port du masque en public et la distanciation sociale font partie des consignes officielles mais sans être obligatoires dans la plupart des juridictions qui connaissent actuellement une hausse des contagions. Ces consignes y sont peu respectées, et le visage découvert est la norme dans la rue. À l'inverse, dans des villes comme Washington ou New York, une large majorité de personnes portent des masques et se tiennent à distance des autres, même dans les rues et dans les parcs.

Ce qu’il faut surtout noter est que le fossé géographique se double d'un fossé politique, puisque les États du Sud sont généralement gouvernés par des Républicains qui ont suivi les recommandations de Donald Trump : un déconfinement ( beaucoup trop ) rapide pour relancer l’économie et, par ailleurs, très mal géré.

Le locataire de la Maison Blanche, qui a d’abord ignoré la pandémie, ne s’est jamais porté garant des gestes barrières. C’est d’ailleurs lui-même qui invite ses sympathisants à se rassembler dans des espaces clos, généralement sans masque et sans distance de sécurité. En tant que président du pays, il n’a jamais montré l’exemple en portant un masque lors de ses différents déplacements effectués depuis le mois de mars. Il est donc légitime de se demander pourquoi sa base électorale appliquerait des gestes barrières que lui-même balaye d’un revers de main.

 

Rebond covid USA

Meeting de Donald Trump à Tulsa, Ok, le week-end dernier

 

Quid du dépistage de la maladie ?

Plus grand est le nombre de tests réalisés, plus de cas sont détectés dont beaucoup de bénins qui, en avril, n'auraient pas été enregistrés car il y avait à l'époque une pénurie de tests. D’ailleurs, Donald Trump a même annoncé lors de son meeting de Tulsa, penser à réduire le nombre de tests afin de réduire le nombre de cas. Une aberration en totale opposition avec les recommandations des épidémiologistes.

Mais la hausse du nombre de cas est par endroits plus rapide que celle du nombre de tests, ce qui accrédite l'idée d'un redémarrage régional de l'épidémie. En Floride, il y a même eu récemment une réduction des tests et une hausse des cas.

Autre preuve: l'augmentation du nombre d'hospitalisations dans plusieurs États dont l’Arizona, le Texas, et plus modérément la Californie.

L'autre indicateur inquiétant est le nombre de morts par jour dus au Covid-19. La bonne nouvelle était qu'il baissait depuis deux mois, mais il semble se stabiliser sur un plateau. Le rebond observé, à partir de mi-juin, correspondrait à un redémarrage des contagions à partir de fin mai, étant donné le retard de quelques semaines entre la contamination et la décision de se faire tester après l'apparition des symptômes.

Enfin, dernière donnée observée, les nouveaux porteurs de la maladie sont plus jeunes qu’au début de la pandémie. Les moins de 65 ans représentent 82% des cas positifs au 31 mai, contre 63% au 1er mars. Ce qui s’expliquerait par une volonté des plus jeunes de retourner travailler.

Par ailleurs, les épidémiologistes observent actuellement l'effet sur la pandémie des grandes manifestations antiracistes démarrées après la mort de George Floyd le 25 mai, où les manifestants étaient majoritairement jeunes.