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Carine Malausséna : L’Éminence Grise, le FIAF et son Petit Gala

Carine Malausséna FIAFCarine Malausséna FIAF
Écrit par Femmes Leaders - avec le soutien de Ortoli Rosenstadt LLP
Publié le 12 novembre 2020, mis à jour le 13 novembre 2020

Pour la première fois depuis 1992, le FIAF (French Institute-Alliance Française) ne remettra pas de Trophée des Arts ni de Pilier d’Or cette année. Le virus du Covid19 a eu raison de cette soirée annuelle—nœuds papillons et robes longues—où se rassemblent ces Français et francophiles, indéfectibles soutiens de la diffusion de la culture française à New York. À la place, une soirée d’un autre genre, « Le Petit Gala, Outside of the Box, » organisé le 16 novembre à l’image de ce que beaucoup vivent aujourd’hui : une rencontre entre virtuel et réel. Un luxe, surtout, devenu rare à New York : un spectacle de ballet et de chant, certes devant le parterre vide du Florence Gould Hall mais accessible gracieusement à tous sur internet.

 

S’inscrire ici pour assister gratuitement au spectacle du Petit Gala en ligne
le 16 Novembre de 19h à 20h EST et pour miser sur un des lots mis aux enchères 

 

Deux femmes ont conçu cette soirée extra-ordinaire. Marie-Monique Steckel, bien sûr, à la tête du FIAF depuis plus de 15 ans, et son éminence grise, Carine Malausséna, la femme d’action et d’optimisme.

 

FIAF New York

Jérémie Patrier, Jane Fonda et Carine Malausséna ©️FIAF

 

Carine est « une personnalité solaire, » explique Marie-Monique, fidèle à son bureau et protégée de ses visiteurs par une grande vitre en plexiglass. « Quand je la vois le matin, elle illumine ma journée. Elle est toujours positive, jamais rebutée ni ébranlée par un événement soudain ou quelque chose d’impromptu qui pourrait être définitivement difficile à juguler. Elle a toujours envie de franchir les obstacles. C’est un compagnon de bataille formidable. »

La Présidente du FIAF rencontre Carine lors de la première édition de W.IN organisée en 2016 par Catherine Barba avec Carine pour la seconder. « Je ne suis pas entrepreneur, » explique Carine. « J’ai l’esprit entrepreneur. » Aux autres, le soin de se mettre en avant et de construire. À elle, de donner corps et âme à ces édifices.

Depuis Paris, où elle est retournée vivre, Catherine Barba décrit son ancienne collaboratrice comme « une reine de l’organisation. »  Elle « pense super bien et travaille super vite, » dit-elle, « avec autant le souci du résultat que celui des clients. C’est simple, je n’attends qu’une chose : qu’on retravaille un jour ensemble ! »

 

FIAF New York

Catherine Barba et Carine Malausséna 

 

Dès que l’occasion se présente, Carine rejoint l’équipe du FIAF. Elle organise en Juin 2017 le gala Art de Vivre au Bilboquet, puis Bastille Day et s’investit dans son premier Trophée des Arts qui honore cette année-là le Président de DIOR Sidney Toledano et le designer Peter Marino. Carine se souvient des mots de Marie-Monique en lui proposant de la rejoindre, « J’ai un sacré caractère. Il faut que tu le saches. »

Les deux femmes ne se quittent plus depuis.

Carine trouve au FIAF l’opportunité d’être ce qu’elle souhaite : dans l’action. « J’aime ‘faire’ avec les gens, » dit-elle. Engagée au FIAF, elle ne quitte pas pour autant son amie Barba, l’assiste dans la réalisation de chacune des éditions du W.IN forum et l’accompagne même à Paris pour mettre en musique le programme d’Havas, « Les Femmes en Or. »

Sa position au FIAF lui donne accès au réseau que Marie-Monique construit sans relâche depuis des décennies à New York. Elle découvre une méthode aussi, celle des rencontres tous azimuts. « Je savais que j’avais cette capacité de parler à tout le monde, mais travailler auprès de Marie-Monique, c’est apprendre avec Maître Jedi. »

Née à Metz, Carine étudie le commerce à Rouen et en profite pour rencontrer Florent, son futur mari. Après des expériences successives aux Canaries chez Danone, puis à Paris en charge des ventes en Europe pour The Economist, son parcours professionnel s’arrête net. En 2010, et à peine âgée de 36 ans, Carine, mère de deux enfants, est diagnostiquée avec un cancer du sein. Cinq années de traitement, de chimio et radiothérapie. Son mari, ses deux enfants et elle s’installent à Londres.

En pleine rémission, elle remercie The Economist pour leur patience et fidélité. « Ils ont été fantastiques, ils m’ont attendue et même promue en mon absence. » Mais Carine a besoin de distance et s’invente alors en Angleterre un travail en lien avec sa maladie. Elle ne supporte pas les perruques pour masquer sa perte de cheveux, elle créé alors une entreprise de turbans. Elle prend conscience de l’ennui des malades dans les hôpitaux, elle se porte alors volontaire dans une association qui installe des salles de projection dans les hôpitaux britanniques.

Un matin de 2015, son mari lui propose de traverser l’océan pour New York. Cette ville ne leur est pas inconnue. À l’été 2001, Florent s’y installe pour travailler chez Mazars. Carine lui rend visite une première fois peu de temps après les attentats du 11 Septembre. Les cendres du World Trade Center fument toujours. Le projet du couple de s’installer aux États-Unis tourne court et attendra encore 14 ans avant de se réaliser.

Lorsque New York est « mis en pause » pour cause de pandémie, Carine s’attache à reconstruire avec ses collègues un FIAF adapté à une situation aussi singulière qu’inattendue. Les cours de français passent en ligne et le programme culturel aussi. L’auteur Marc Lévy inaugure pour le FIAF ce genre nouveau début Avril.

La salle de théâtre et de cinéma du FIAF ferme, comme toutes les autres dans la ville. Exceptionnellement, la scène du Florence Gould Hall reçoit le 16 Novembre trois artistes pour le « Petit Gala » : le chorégraphe Jonah Bokaer, un habitué au FIAF de Crossing the Line et de World Nomads Tunisia ; le danseur hip-hop de Brooklyn Cal Hunt qui s’était illustré dans la production récente à l’Opéra de Paris des Indes Galantes de Rameau ; et le contre-ténor Anthony Roth Constanzo qui propose un tour de France en chanson, dont un hommage à Juliette Gréco, récemment disparue.

« L’idée était de continuer à brandir le fanion de la culture française à New York, » explique Marie-Monique Steckel. « On ne peut pas, dans un moment aussi difficile que le Covid, baisser les bras et se dire que l’on va attendre que cela passe. Nous avons la chance d’avoir un théâtre. Notre première idée était de l’utiliser pour montrer que c’est un atout incroyable et l’occasion de réunir quelques artistes dans le vent. »

Le reste de la soirée se compose d’un dîner organisé à la fois à table dans le Skyroom du FIAF pour un petit comité de 10 personnes et digitalement pour une centaine d’autres—il n’y a d’ailleurs plus de place disponible. « Nous avions besoin d’une importante composante virtuelle au cas où on ne puisse pas organiser le dîner en présentiel afin de maintenir le gala quoiqu’il arrive, » explique Carine.

Le dîner servi sera le même pour tous, que ce soit au FIAF ou pour celles et ceux qui se connecteront de chez eux. Un dîner qui met à l’honneur cinq femmes et un homme entrepreneurs français et une américaine : Ariane Daguin (foie gras D’Artagnan), Xavier Flouret (vin blanc), Elisabeth Holder (l’Ispahan de Ladurée), l’Américaine Audrey Margarite (serviettes Fete Home pour l’art de la table), Alexandra Morris (traiteur Tastings) et Maïlys Vranken (Champagne Vranken Demoiselle Brut).

Le Skyroom sera connecté aux invités en ligne pour des conversations singulières et adaptées à ce monde temporaire. Aux commandes de la soirée, Marie-Monique ira de son bureau saluer tous ses invités en ligne tandis que sa complice Carine animera de près et via internet ce club fidèle d’amis du FIAF devenus depuis ses amis new-yorkais.

 

Article par JC Agid