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Quand New-York s’appelait Angoulême

La cité la plus populaire du monde, New York, a été nommée il y a cinq siècles “Angoulesme”. Baptisée ainsi par le navigateur Giovanni da Verrazzano qui a découvert cette nouvelle terre en 1524, cet hommage au Roi François 1er est un fait historique méconnu. Lepetitjournal lève la voile sur les origines de la première appellation de New-York, qui revêt encore d’un certain mystère…

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Écrit par Teddy Perez
Publié le 8 janvier 2024, mis à jour le 4 novembre 2024

La ville charentaise d’Angoulême est à New York ce que Lutèce est à Paris : La première appellation d’une cité qui est sans doute la plus populaire du monde. Il n’est presque pas nécessaire d’y mettre les pieds pour connaître ses monuments ou le nom de ses quartiers et rues mythiques.

Il y a cinq petits siècles, la frénésie ne s’est pas encore emparée de la “ville qui ne dort jamais”. Les buildings laissent place aux forêts d’érables et les touristes à la faune sauvage. Et surtout, il y a 500 ans, la ville bordée par l’Océan Atlantique ne s'appelle pas New York… mais Angoulesme, en hommage au Roi de France, rien que cela !

 

Jean de Verrazane, l'explorateur de François 1er
À gauche, l'explorateur Giovanni da Verrazzano et à droite, le Roi François 1er.

Le temps des expéditions vers les Amériques 

L’époque de François 1er, la Renaissance, est marquée par la découverte des îles des Caraîbes par Christophe Colomb en 1492. Le continent de l’Amérique est insoupçonné mais l’expédition du navigateur français a attiré toutes les convoitises des souverains européens, curieux de trouver un nouveau chemin commercial plus court pour rejoindre l’Inde en évitant de contourner l’Afrique.

En 1523, François 1er fait ainsi appel aux services d’un navigateur italien avec pour mission de trouver une nouvelle route entre les îles découvertes par Christophe Colomb et les Indes. Giovanni da Verrazzano - dit Jean de Verrazane, en français - se lance dans la traversée de l’Atlantique à bord d’un navire baptisé la Dauphine. Le voyage se déroule à merveille et une fois arrivée au large de la Caroline du Sud, Verrazzano décide de remonter la côte à la recherche d’une ouverture encore plus à l’ouest de l’Atlantique. En “cabotant” vers le nord, le navire accède à une grande baie où un large fleuve vient se jeter. Le navigateur florentin l’appellera la Baie Saint-Marguerite, en l’honneur à la sœur de François 1er. En poursuivant son expédition, Verrazzano décide également de donner un nom au nouveau territoire découvert le 17 avril 1524 : Angoulême.

Un nom qui n’est pas choisi au hasard puisque le Roi François 1er (1515-1547) en personne est lié à cette ville. De son nom complet François Ier d'Angoulême, le Roi est comte de la ville et premier roi du « rameau » des Valois-Angoulême.

 

D’Angoulême à New-York, en passant par la Nouvelle Amsterdam

Le premier chapitre de l’histoire de New-York n’a donc pas été écrit par les Anglais qui s’approprient la colonisation en 1664 et rebaptise la ville avec le nom qu’elle porte encore aujourd’hui. Néanmoins, Angoulesme (nom d’origine d’Angoulême, ndlr) perdure pendant 100 ans avant que l’appellation tombe aux oubliettes pour deux principales raisons. 

Retour en arrière. Heureux de sa découverte en 1524, l’explorateur italien souhaite prévenir le Roi de France par un courrier. Mais le temps que la lettre parvienne à François 1er, celui-ci est en guerre contre Charles Quint, son principal rival et saint-empereur romain. François 1er ne recevra pas le message de Verrazzano carn lors d’une bataille, il est fait prisonnier de Charles Quint. Le Roi est libéré mais l’histoire ne dit pas s’il lit par la suite le rapport envoyé par le navigateur.

Seconde raison : Giovanni da ​​Verrazzano, à la recherche d'un passage rapide vers l'Asie, n'a finalement jamais eu pour ambition de coloniser ce territoire. Il ne plante ni de drapeau à fleur de lys, ni ne décrète qu'il revient au royaume de France, ni même essaie de l'acheter aux Lénapes - peuple amérindien - qui l'habitent. Alors en 1634, lorsque les colons hollandais s'y établissent, ils en profitent pour changer le nom d'Angoulesme en Nieuw-Amsterdam (Nouvelle Amsterdam).
 

“Terre d’Angoulesme”, une histoire mystérieuse

Plus de 400 ans après cette expédition, un historien français habitant de New-York révèle au monde qu’à l’origine New York s’appelait Angoulême. Dans son ouvrage - de plus de 250 pages et intitulé “Quand New York s’appelait Angoulême” - Jacques Habert s’appuie notamment sur les premières cartes du Nouveau Monde, traces historiques où l’écrito “Angoulême” y est inscrit.

Carte du nouveau monde
Le nom d'"Angoulesme" inscrit sur une carte du Nouveau Monde.

À Angoulême, peu de traces existent de cette partie d’histoire liée à la ville américaine. Au cours de la décennie 2010, la réalisatrice Marie-France Brière se lance à la recherche de ce passé méconnu. Aidée par Florent Gaillard, historien et directeur des archives de la ville charentaise, elle découvre qu’Angoulême abrite peu d’éléments de l’époque de François Ier, et encore moins des épopées de Verrazzano.

C’est dans les années 1950 que le lien entre New York et Angoulême et ce pan de l’histoire se retrouvent dans le paysage des villes. En 1952, le maire d'Angoulême, Roger Baudrin, reçoit une lettre du maire de New York, James O'Brien, lui révélant qu'« Angoulême a été le premier nom que la ville a porté ». Il est invité à l'inauguration, le 29 novembre 1952, de la statue de Verrazzano, située au Battery Park, dont le socle mentionne cette histoire commune. À Angoulême, en 1956, une des grandes places de la ville change de nom. Le Conseil municipal décide de l'appeler désormais Place New York, en souvenir du voyage de Verrazzano au service de François 1er. Aujourd’hui encore, cette place vivante de la cité fortifiée - où siège le théâtre et terminée par la statue Carnot et une vue imprenable sur la Charente - a conservé ce nom.

Teddy Perez
Publié le 13 août 2024, mis à jour le 4 novembre 2024
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