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Le New York de Melvil Poupaud

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Écrit par Nicolas Cauchy
Publié le 19 mars 2023, mis à jour le 19 mars 2023

Melvil Poupaud, qui a eu cinquante ans en début d’année, a commencé sa carrière à la fin des années 80. Il a tourné plusieurs fois sous la direction de François Ozon et Arnaud Desplechin dont il est l’un des acteurs fétiches ; mais aussi pour divers réalisateurs étrangers comme Angelina Jolie, Xavier Dolan, Woody Allen, Sean Bean, Lana et Lilly Wachowski.

De passage à New York pour une rétrospective en 10 films proposée par fi:af, Le Petit Journal a demandé à l’acteur de parler de sa relation à NYC, de la célébrité et des différences culturelles qui peuvent exister entre la France et les États-Unis 

New York

Ma toute première fois, je devais avoir 21 ans. Avec mon frère, nous avons fait la tournée des clubs mythiques, comme le CBGB ou le Club 51 dans l’East Village. On est tous les deux très branchés musique. Il y avait à tous les coins de rue des lieux mythiques que l’on connaissait à travers le cinéma ou la BD et qui nous faisaient complètement fantasmer. 

Trente ans plus tard, la ville est toujours grandiose et les décors se prêtent à l’acting, même si je trouve NYC très changée : beaucoup d’adresses ont fermé. La pauvreté est très visible. On est dans le même jeu, mais c’est comme si on avait changé de tableau. Le décor s’est altéré, les inégalités sont plus saillantes. On ressent la pression d’une ville dangereuse, de l’accident qui fait basculer dans le cauchemar. Mais c’est peut-être parce que j’ai vieilli. J’ai moins de capacité à encaisser.  

Être célèbre en France VS New York 

En France, lorsque l’on ne me reconnaît pas, je ne dis pas que je suis acteur. Ça complique toujours un peu les relations. On te demande tout de suite dans quels films tu as joué, avec quels réalisateurs. J’ai l’impression d’avoir à me justifier, parce que je ne suis pas très connu du grand public. J’ai beaucoup tourné dans des « films d’auteur ». Je préfère aborder les gens sur un plan plus neutre, sans faire entrer des notions comme la célébrité. 

Aux États-Unis, le métier que j’exerce est plus diversifié et moins institutionnalisé. On peut jouer pour une série télé, dans un Brodway Show, faire du théâtre ou même de la pub. Et de fait, être une star énorme sur Brodway, mais totalement inconnue des cinéphiles. Ou bien un acteur de sitcom ultra célèbre qui ne tournera jamais aucun film. Le fait de n’être pas connu du public est moins suspect qu’en France. 

Après, lorsque je suis ici, cela ne me dérange pas de profiter des clichés sur « l’acteur français à New York ». C’est facile de jouer la comédie. Je me souviens d’une soirée passée au Marie’s Crisis, un bar où se retrouvent tous les acteurs de Brodway et du pianiste qui s’arrête de jouer pour me demander « Hey ! Where are you from ? » Et comme je lui réponds, tout le monde se met à chanter sur un air improvisé un « Frenchman ! Frenchman !» à tue-tête. 

Cinéma américain VS cinéma français

Aux États-Unis, lorsque l’acteur a été casté, on l’installe dans sa loge et on le laisse faire sa vie, dans une position plus responsable, mais aussi plus éloignée du cœur de la création. L’acteur vient sur le plateau, tourne sa scène et repart. 

En France, ou en Angleterre, l’acteur est beaucoup plus proche de l’équipe, du metteur en scène. On assiste à de nombreuses répétitions. Je me souviens d’un tournage en Angleterre où l’on me demandait si j’étais satisfait, si je voulais refaire une prise. « Are you OK? Do you want another one? » Je ne savais pas trop quoi répondre « Et vous ? Vous êtes content de moi? »

Autre différence : la formation des acteurs américains est beaucoup plus tournée vers le corps et l’action alors que nous sommes davantage dans l’introspection et la parole. 

Dans un film français, le personnage va déboucher une bouteille sans rien dire, servir les verres et commencer à parler. Dans le cinéma américain, l’action est aussi importante que la parole. Le corps est entrainé à être mobile. Il n’y a pas de temps mort. 

Alors ? Paris ou New York

Venise me fait beaucoup plus envie…

Retrouvez Melvil Poupaud à fi:af jusqu’au 25 avril

L'acteur Melvil Poupaud

 

 

nicolas cauchy
Publié le 19 mars 2023, mis à jour le 19 mars 2023