De ses années de solitude au Canada à la naissance d’un roman initiatique, Dodzi Amemado raconte comment ses voyages intérieurs et extérieurs ont façonné son processus de création littéraire.


« Écrire, c’est dialoguer avec soi-même tout en tendant une main vers les autres. » – Dodzi Amemado
Lorsqu’on rencontre Dodzi Amemado, on découvre un homme à l’enthousiasme discret et sincère, animé par une profonde passion pour les mots. Analyste au gouvernement fédéral de jour, écrivain et poète de toujours, il s’exprime avec une rare authenticité sur son processus de création.
Curieux de comprendre comment naît une œuvre comme Les vagues de l’inconnu, nous avons voulu discuter avec lui de son parcours, de ses inspirations et de sa manière unique de mêler rigueur d’écriture et sensibilité littéraire. Ce qui en ressort, c’est un dialogue passionnant entre l’intime et l’universel, entre le vécu et l’imaginaire.
Un livre né de la migration
Arrivé au Canada pour ses études, Dodzi Amemado reconnaît que son parcours migratoire a influencé sa plume. « Si je n’avais pas quitté le Togo, je n’aurais pas écrit ce livre. Mon expérience de l’exil m’a offert un contexte unique pour explorer des thèmes universels ». Sa migration, marquée par l’hiver canadien et la solitude, a nourri l’imaginaire de son roman initiatique, où un héros fait face aux défis d’un pays fictif.
Une discipline quotidienne pour l’écriture
Chaque soir, Amemado prend le temps d’écrire dans son journal intime. « Sans ce rituel, je me sens perdu, comme si je n’avais plus la maîtrise de moi-même ». Cet exercice lui permet de suivre l’évolution de sa vie et d’exprimer sa gratitude pour les petites choses du quotidien. Il note également que sa poésie, souvent née de moments improvisés, reste une réponse spontanée aux événements de sa vie, comme l’attente d’un ami ou un trajet en transport en commun.
La musique des mots : une écriture marquée par la sonorité
Dodzi Amemado accorde une attention particulière à la musicalité de ses textes, qu’il écrit majoritairement en français, mais aussi, dans une moindre mesure, ewssen anglais ou en éwé, sa langue maternelle. « La poésie est comme une mélodie qui se dessine dans ma tête et s’impose d’elle-même. Parfois, mes poèmes sont mis en musique, comme ce fut le cas avec un ami musicien qui a transformé l’un de mes textes en chanson ». Cette sensibilité reflète son ambition d’universalité et sa volonté d’atteindre le cœur des lecteurs, quelle que soit leur langue.
L’encouragement des autres pour franchir le pas
Dodzi Amemado confie que ses écrits seraient restés dans ses tiroirs sans l’insistance de ses proches. Des amis, des enseignants et même des inconnus l’ont encouragé à publier après avoir lu ses œuvres. « C’est un professeur de lettres au Togo qui m’a dit : “Tu ne peux pas garder ça pour toi, il faut que ce texte vive” ». Cette dynamique s’étend à sa poésie, souvent partagée lors de soirées ou d’événements, où les retours chaleureux l’ont poussé à envisager de rassembler ses poèmes en un recueil.
L’impact des premières influences
Le goût de l’écriture d’Amemado remonte à ses jeunes années au Togo, où il écrivait des récits familiaux et des poèmes pour des occasions spéciales. « À l’anniversaire de mariage de mes parents, j’écrivais pour immortaliser l’événement. L’écriture a toujours été pour moi un moyen de m’évader et de capturer l’instant ». Ces premières expériences ont façonné son rapport à l’écriture comme un outil de mémoire et d’émotion.
Un métier structurant, une écriture libératrice
Analyste, Dodzi Amemado conjugue rigueur scientifique et passion pour l’écriture. « L’être humain n’est pas que sensible ou scientifique, il est les deux. Ma quête est d’unifier ces savoirs dans ma vie et mes écrits ». Cette dualité s’exprime dans son travail quotidien d’analyste cartésien et dans ses créations littéraires qui, elles, puisent dans la sensibilité et l’introspection.
Une diversité de styles au service de l’authenticité
Roman, journal, poésie : Amemado ne se cantonne pas à un seul genre. Pour lui, chaque style permet d’explorer une facette différente de son être. Par exemple, il préfère écrire ses poèmes sans les réviser, laissant ainsi intacte leur spontanéité. Ses projets futurs incluent la publication d’un recueil de poèmes, en plus d’une éventuelle suite de son roman Les vagues de l’inconnu.
Un engagement pour l’éducation et la culture
L’ouvrage de Dodzi Amemado, traduit en anglais, dépasse les frontières. Ses livres sont présents dans les bibliothèques d’universités au Canada, aux États-Unis et à la Bibliothèque du Congrès américain. En intégrant ses écrits dans des contextes éducatifs, il participe à une meilleure compréhension des questions identitaires et culturelles.
Un avenir littéraire en quête de temps
Alors qu’il envisage une suite à son roman, Dodzi Amemado s’interroge sur l’évolution de son art. Comment concilier spontanéité et perfection ? Jusqu’où peut aller l’écriture comme moyen de dialoguer avec soi-même et le monde ? Autant de questions qui pourraient bien trouver réponse dans ses œuvres futures.
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