Le Commissaire général à la langue française, M. Benoît Dubreuil, présentait le jeudi 31 octobre une série d'études complémentaires à l'édition 2024 du "Rapport sur l'évolution de la situation linguistique au Québec", publié par l'Office québécois de la langue française en mai dernier.. Ces rapports révèlent l’évolution historique et les défis actuels du français dans la province. Depuis 1971, le Québec a vécu des changements profonds dans l'usage de la langue de Molière, influencés par des dynamiques démographiques et politiques. Entre la Charte de la langue française et l’augmentation du bilinguisme, l’histoire linguistique du Québec témoigne d’un parcours contrasté. Cette analyse rétrospective met en lumière les étapes marquantes de cette évolution et les défis actuels.
Les années 1970 marquent le début d'une affirmation linguistique
Les années 1970 marquent un tournant décisif pour le français au Québec. L'adoption de la Charte de la langue française en 1977 a consolidé le statut de la langue de Molière, lui garantissant une place privilégiée dans la vie publique. Cette période a été un symbole de fierté et de protection identitaire.
Les années 1980-1990 : l'essor du français et l'émergence de nouveaux défis
Durant les décennies suivantes, la mise en œuvre de la Charte a porté ses fruits. L’usage du français a augmenté dans les institutions et le milieu de travail, renforçant la cohésion sociale. Cependant, des signes de bilinguisme croissant et de pressions internationales ont commencé à apparaître, mettant en question l’hégémonie du français.
2000-2024 : une croissance du bilinguisme et un recul relatif du français
Lors du point de presse, M. Dubreuil a souligné que, depuis le début des années 2000, la situation s'est complexifiée. Le bilinguisme a gagné du terrain, atteignant 46,4 % en 2021, et l’usage de l’anglais s’est intensifié, notamment chez les jeunes et sur le marché du travail. Les études dévoilées montrent que même dans des milieux historiquement francophones, l'emploi du français connaît un déclin préoccupant.
Les facteurs démographiques : un moteur de transformation
L'évolution linguistique du Québec est indissociable des changements démographiques. L’arrivée massive d’immigrants et la diversité des langues maternelles ont redéfini l’usage du français et de l'anglais. Les allophones, selon leur origine, contribuent à cette dynamique complexe, favorisant parfois l’anglais.
L'influence de l'éducation et des choix personnels
L’éducation joue un rôle central dans l’évolution de l’usage linguistique. Les jeunes qui ont suivi des parcours scolaires en français utilisent plus souvent cette langue au travail, tandis que ceux ayant opté pour des études postsecondaires en anglais tendent à privilégier cette langue. Cette disparité, mise en lumière par les études présentées aujourd'hui, reflète une bifurcation dans la société québécoise.
Une politique linguistique sous pression
La mise en œuvre de la Charte et d'autres mesures législatives a permis des gains significatifs, mais les défis d'aujourd'hui appellent à une adaptation. L’arrivée de nouvelles générations et les interactions mondiales exigent des politiques linguistiques réactives et innovantes. « Les enjeux actuels exigent une réponse coordonnée et proactive », a affirmé M. Dubreuil lors du point de presse.
Un avenir à construire : quelles orientations pour le français ?
Alors que ces études seront bientôt déposées à l’Assemblée nationale pour guider les décisions des députés, quelles leçons peut-on tirer de ces 50 ans de transformations linguistiques ? Quels ajustements sont nécessaires pour que le français maintienne son rôle de langue de cohésion au Québec ? Les choix futurs devront être guidés par cette histoire riche, pour répondre aux aspirations et aux réalités changeantes de la société québécoise.