A l’occasion des élections des Conseillers des Français de l’étranger le 30 mai prochain (du 21 au 26 mai par Internet), nous sommes allés à la rencontre des six candidats tête de liste pour la circonscription consulaire de Milan*. Catherine Anger se présente sous la liste Ecologie et solidarité.
Pouvez-vous vous présenter en quelques phrases ?
Originaire de la région parisienne, j’ai 55 ans. Je vis en Italie depuis 23 ans. J’ai deux enfants qui ont toujours vécu en Italie. En France, j’étais traductrice (anglais, espagnol et allemand). Mon conjoint, qui était au chômage, a obtenu un emploi en Italie. J’ai donc quitté mon poste pour le rejoindre. J’ai appris l’italien et j’ai travaillé comme traductrice indépendante pendant quelques années. J’ai rejoint la France Insoumise parce que j’adhère à son programme qui vise à établir une société plus juste et plus démocratique, respectueuse du vivant. Lorsque les membres de l’Association des Français de l’étranger (ADFE-Lombardie), section de Français du Monde pour l’Italie du Nord, m’ont demandé de venir les aider, puis de devenir présidente et de participer aux conseils organisés au Consulat, j’ai accepté et j’essaye de remplir ma tâche avec sérieux et disponibilité.
Comment avez-vous constitué votre liste ?
La liste est née dans une volonté de faire exister dans ces élections consulaires, en Italie, ce courant historique qui incarne une gauche de rupture, plus que jamais nécessaire face à la dérive libérale. Initiée par la France insoumise en 2020, la volonté d’union partagée a permis de la renforcer avec Génération.s pour 2021. Nos candidats, Français et binationaux, partagent les idées de démocratie, d’humanisme, de justice sociale et de transformation profonde et écologique de la société. Il n’y a pas de capitalisme vert. Nous ne voulons présenter ni des notables ni des politiciens de carrière, c’est pourquoi nous avons choisi une représentation tournante et collective, à savoir que les élus laisseront la place, à mi-mandat, aux suivants de la liste pour plus de démocratie et de participation citoyenne.
Quel est selon vous le plus grand défi auquel font face les Français du Nord de l’Italie ?
Un an de Covid a montré l'ineptie des politiques d’austérité qui, à force de démonter les services publics (les réseaux consulaires, les capacités des systèmes de santé à affronter des crises pourtant inévitables) et la valeur du bien commun, ont fini par nous contraindre à vivre au gré des restrictions sur nos libertés (de déplacement, de vie sociale) sans être capable d'assurer notre sécurité (sanitaire aujourd'hui, économique dans les mois à venir). Et, déjà, après avoir été contraint de desserrer l’austérité, certains au gouvernement veulent instrumentaliser la dette Covid pour justifier de nouvelles coupes dans la protection sociale et les budgets publics.
Cette politique est déjà tangible pour les Français d’Italie, en particulier pour les retraités qui depuis le 2 avril ont vu réduire les délais pour produire leur certificat de vie, nécessaire pour percevoir leur retraite. A notre niveau, nous nous opposerons à cette mesure, de même qu’à toutes tentatives de coupes budgétaires au niveau du réseau consulaire, que cela concerne les bourses, les aides aux associations et aux PME, ou à la précarisation croissante des personnels.
Que représente pour vous la mission principale de conseiller des Français de l'étranger ?
La mission principale d’un conseiller est de défendre les droits des Français de l’étranger et des binationaux au Consulat, dans les conseils consulaires, auprès des Sénateurs, du Député et à l’Assemblée des Français de l’étranger (AFE) tout particulièrement lors de situations exceptionnelles ou de blocages. Ce doit aussi être un acteur quotidien du lien social et de l’insertion pour les Français à l’étranger, ainsi qu’un porteur de la transformation écologique et sociale au niveau du réseau consulaire.
Quels sont les grands axes de votre programme ?
Informer les Français de l’étranger et les binationaux sur leurs droits, communiquer régulièrement et effectuer des permanences pour entendre leurs attentes et leurs préoccupations. Présents dans plusieurs provinces, nous serons plus proches de nos concitoyens.
Aider dans leurs démarches administratives ceux qui ont perdu leur fluidité dans la langue française.
Mobiliser les parlementaires et les conseillers à l’AFE pour lutter contre la réduction des postes dans l’administration et l’éducation, contre la baisse des retraites et de la protection sociale (éducation, retraite, santé), contre les contrats précaires.
Agir en faveur des petits revenus gravement pénalisés par les réformes fiscales provisoirement suspendues à des fins électoralistes.
Dénoncer la réduction des délais pour présenter le certificat de vie, ce qui fait peser de forts risques de blocage sur les versements des retraites.
Soutenir les projets liés à l’écologie dans les établissements et entreprises françaises et favoriser la protection des biens communs tout en dénonçant les pratiques anti-écologiques.
Exiger l’augmentation du budget des bourses scolaires pour permettre aux familles de toute condition de fréquenter les établissements français et européen si elles le souhaitent.
Exiger l’augmentation du budget de la protection et de l’action sociale.
Si vous êtes élue, quel mouvement politique soutiendrez-vous aux élections sénatoriales ?
Le mouvement de gauche qui partage le plus nos valeurs et nos idées. La décision sera prise collectivement le moment venu. Notre démarche d'unité à gauche est appelée à se poursuivre au-delà des élections consulaires, et la gauche de rupture avec le système libéral devra poursuivre ce travail d'unité pour les autres échéances aussi.
*Les interviews sont publiées dans l’ordre de candidature, défini par le tirage au sort effectué au consulat général de France à Milan le 25 mars 2021.