Dürer , le maître de la Renaissance allemande au Palazzo Reale

Après l’immense succès de Caravaggio, le Palazzo Reale accueille l’exposition « Dürer et la Renaissance entre l’Allemagne et l’Italie ». Avec 130 chefs-d’œuvre, de Dürer à Leonardo.

Il aura fallu 3 ans de travail pour préparer l’exposition « Dürer et la Renaissance entre l’Allemagne et l’Italie », à visiter au Palazzo Reale jusqu’au 24 juin. A voir : pas uniquement les chefs-d’œuvre de l’artiste symbole de la Renaissance allemande, mais aussi ceux de ses contemporains comme Léonard de Vinci, Titien, Giovanni Bellini, Giorgione et Lucas Cranach. Les influences réciproques ont fait de son œuvre une révolution artistique. En effet, plus que d’histoire de l’art, on pourrait parler de géographie de l’art. Sa rencontre avec l’Italie fut déterminante, notamment lors de ses deux voyages en Vénétie. C’est ici qu’il produit nombre d’œuvres majeures parmi lesquelles “Festa del Rosario” ou bien encore le célèbre “Ritratto di giovane veneziana”, tableau symbole de l’exposition, démontrant ainsi les rapports prolifiques entre l’art italien et celui du Nord, en particulier entre l’Allemagne et le Nord de l’Italie.

Dürer et l'approche scientifique de la peinture

Une partie de l’exposition s’intéresse à l’homme de sciences, théoricien de l’art. Initié aux mathématiques par Jacopo de Barbari, Dürer nourrit sa peinture par l’étude des perspectives, des proportions du corps humain et de la géométrie. Sa popularité prend forme par sa très grande capacité à représenter la nature à la gouache et l’aquarelle. Au même titre que Léonard de Vinci, la contribution de peintres allemands s’est révélée fondamentale dans le parcours de l’artiste vers la création de paysages autonomes. Son approche de la faune et la flore marque une véritable rupture avec les schémas médiévaux grâce à son souci du détail. Léonard de Vinci et Durër libéreront les animaux et les plantes des canons du Moyen-Age.

De la découverte de l’individu

Le parcours de l’exposition mène à la découverte de l’individu à travers le portrait. Tout d’abord réservée aux nobles et aux riches mécènes, la demande de portrait ne tarde pas à se populariser et à se diversifier au XVème siècle.
Dürer est notamment l’un des pionniers dans l’art de l’autoportrait grâce à la découverte de nouvelles techniques comme le miroir de verre. Ce genre pictural s’impose à la Renaissance par l’attrait de la pensée humaniste, qui modifie le rapport à l’homme et la conception du monde. Il ne s’agit pas simplement de reproduire une copie conforme du modèle mais plutôt de transmettre un message aux contemporains et à la postérité. Outre la stricte représentation des personnes, l’artiste tend à faire paraître le statut social mais aussi les aspirations des personnages.

Dürer en rupture avec le classicisme

Dürer, peintre humaniste, éprouve un sentiment de supériorité de l’art sur sa représentation, de l’art sur le religieux. Il s’agit là d’un point de rupture avec le classicisme, où l’art est intimement lié au religieux au point de s’y fondre. L’artiste de Nüremberg semble libéré, ne répondant plus à aucune consigne. Dans ses gravures de « L’Apocalypse », inspirées du Nouveau Testament, le drame n’est plus religieux mais humain. Il s’attache à décrire un ensemble de détails pour transposer l’Apocalypse dans une réalité idéale.

Avec une œuvre qui conjugue à la perfection l’influence des maîtres italiens de la Renaissance à l’art des pays nordiques, Albrecht Dürer est le parfait représentant de la Renaissance Germanique.