La French Tech de Mexico est une des émanations du réseau français les plus récentes, mais pas des moins dynamiques. Créée en 2016 puis labellisée en 2019, elle réunit désormais plus de 200 membres. Une émulation révélatrice du dynamisme de l’écosystème tech mexicain.
Armand Drouin est gestionnaire de communauté à la French Tech Mexico depuis mars 2022. Une communauté qui ne cesse de grandir et a fêté son 6e anniversaire à la Résidence de France en novembre. Armand nous éclaire sur les raisons d’un tel essor de la French Tech au Mexique.
Pouvez-vous présenter en quelques mots la French Tech de Mexico ?
La French Tech de Mexico est née en 2016, avant d’obtenir sa labellisation en 2019. Elle réunit 200 entrepreneurs français et mexicains au Mexique dans les secteurs technologiques du e-commerce, de la fintech, de la santé et de la transformation digitale.
Notre French Tech regroupe le pays tout entier, et non pas seulement la ville de Ciudad de Mexico, parce que la technologie est un secteur encore jeune dans le pays. Ce développement a permis à la French Tech de m’embaucher à temps plein pour coordonner les différents projets.
Quel est l’accompagnement que vous offrez aux membres de la French Tech ?
Nous avons deux programmes à destination des entrepreneurs. Le premier, We start, s’applique aux start-up déjà présentes au Mexique. Nous les aidons à se développer davantage dans le pays grâce à notre réseau et celui de la CCI. Le programme Next Mexique s’applique, quant à lui, aux entreprises qui font partie du Next 40 ou du Next 120 et qui ne sont pas encore présentes au Mexique.
Nos événements réguliers permettent aux entreprises de faire du networking. C’est d’ailleurs ce qui intéresse en premier les entrepreneurs mexicains qui viennent à la French Tech. Nous offrons également aux membres des formations via des webinars et des cours de marketing et de management.
Vous avez fêté l’anniversaire de la French Tech Mexico le 9 novembre : quel bilan tirez-vous de l’évolution de cette dernière année ?
Nous avons vu le succès grandissant de nos apéros frenchtech mensuels au cours de l’année. En avril, nous étions 25 personnes, et maintenant nous accueillons plus de 200 personnes chaque mois à ces événements !
Comment se présente le secteur de la tech au Mexique ?
Le Mexique est un pays très attractif pour le secteur de la tech. Son plus grand concurrent, le Brésil, a obtenu 25 licornes rapidement, avant d’être freiné dans son développement. Le Mexique, lui, connaît une grande croissance. En trois ans, il est passé de zéro à 10 licornes. Il faut dire que le pays a une position stratégique, avec un marché de plus de 150 millions de consommateurs et sa proximité avec des marchés clés comme les États-Unis et la Colombie.
Le Mexique reste d’ailleurs le pays avec la plus grande croissance du e-commerce dans le monde depuis deux ans. On y consomme beaucoup de digital, et pas seulement sur les marketplaces étasuniennes. Mercado Libre, la plateforme argentine, est beaucoup plus puissante qu’Amazon au Mexique.
Quelles sont les start-up que vous accompagnez en ce moment ?
Le Mexique est un pays avec une grosse présence française. À la French Tech, nous accompagnons un tiers de grands groupes, un tiers de start-up, et un tiers d’indépendants.
Parmi les entreprises les plus prometteuses, je remarque entre autres LaPieza, Actipulse, ou encore Palenca. LaPieza est un service de recrutement où les entreprises s’adaptent aux candidats en fonction de leur profil renseigné sur le site ; Actipulse développe un système de capteurs neurotransmetteurs permettant de traiter des maladies mentales telles que la dépression ; Palenca permet aux salariés d’accéder à tous leurs bulletins de salaires en ligne de manière sécurisée. Ces trois start-up ont été co-fondées par des Français.
Quelle est la plus grande difficulté aujourd’hui pour lancer une start-up au Mexique dans la tech pour des Français ?
Les barrières sont d’ordres économique et culturel essentiellement. La principale difficulté lorsqu’on lance son activité au Mexique est liée à l’import-export, car les taxes douanières sont très élevées. Ensuite, il y a peu de fonds d’investissement dédiés aux start-up pour le moment. Elles doivent souvent passer des incubateurs aux États-Unis. Si l’administratif et le recrutement est plus simple qu’en France, nous avons en revanche davantage de difficulté à recruter des talents qualifiés.